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LE GENIE DE LA LANGUE - Délire Dada

Écrit par Lepetitjournal Hambourg
Publié le 28 août 2012, mis à jour le 20 novembre 2012

" A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu", vous vous rappelez le poète Arthur Rimbaud ? Et connaissez-vous Dada, le mouvement  lancé à Zürich en pleine première guerre mondiale par les poètes Hugo Ball, Tristan Tzara et les peintres M. Janco, Jean Arp et son épouse Sophie Taeuber-Arp1, dans une taverne rebaptisée "Cabaret Voltaire " ? Quel rapport ?

Eh bien, Rimbaud inaugure avec Baudelaire, les correspondances - héritières de l'esprit de finesse, proches  au fond de l'analogique. Car les voyelles ne sont pas neutres.
Tentons de les doubler en les accolant à la même consonne pour en avoir le coeur net - cela semble compliqué mais vous allez voir, c'est simple - exercice dans la filiation de ces Dadas qui, en pleine période de boucherie qui allait dévaster  l'Europe (1916), hissaient un absurde plein de sens au rang de la littérature et des arts

Ha ha! Hé hé ! Ho ho ! Hi hi ! Hu hu ! du rire à la surprise ou l'embarras
Commençons par la fin avec le U, "paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux" (Rimbaud), car il ne s'accole guère, sinon pour illustrer le "cucu" des gens "vuvu" en "tutu". C'est du domaine d'Ubu - roi dément créé au théâtre par Alfred Jarry.
En revanche, caracole, en tête des associations, le A "noir corset velu des mouches éclatantes" qui, redoublé, donne dans le langage bébéifiant : on peut ainsi se montrer "baba" devant le "caca" du "dada" en buvant son "jaja", en chantant "lala" et en appelant "mama", la "nana", "papa" ou "tata".
Avec le E, on remonte d'une génération, car "bébé" appelle "mémé" dont je n'oserais dire qu'elle montre ses "nénés", et "pépé" pour la "tétée", sur un rythme "yéyé".
Le I est plus rigolo : le "bibi" coiffe le "fifi" qui serre le "kiki" d'un "mimi titi" qui veut faire "pipi" avec son z...
Quant au O "suprême Clairon plein des strideurs étranges" (toujours Rimbaud), il est carrément plus sombre : c'est le monde des "cocos", des "jojos", des "gogos", des "totos", des "zozos" qui tournent comme des "yoyos" en criant qu'ils ont "bobo" et voudraient faire "dodo" en buvant leur "lolo" ou s'asseoir sur leur "popo".

Réforme,  vous dis-je !
Bon, c'était le délire du jour à l'heure où les communiqués officiels de l'Elysée cumulent les fautes d'orthographe et d'accord. Vous ne saviez pas ? Voilà la repro diffusée sur plusieurs sites.2
Remarquez, en 2006 pour un Festival européen latin grec que je dirigeais,  j'avais reçu une lettre de soutien d'un très illustre  ancien ministre de la Culture du gouvernement Mitterrand  devenu député, truffé d'encore plus de fautes. 
Et que proposent tous les commentateurs ? Une réforme de l'instruction et de l'éducation ? Non, je vous le donne en mille : une réforme ... de l'orthographe bien sûr !

Elizabeth Antébi (www.lepetitjournal.com/cologne) Mardi 6 décembre 2011, republié en août 2012

1 cf. exposition à Düsseldorf "Die andere Seite des Mondes".
2 par ex. http://www.lepost.fr/article/2011/11/22/2643963_cinq-fautes-d-orthographe-dans-le-communique-de-presse-de-l-elysee-a-daniele-mitterrand.html

lepetitjournal.com hambourg
Publié le 28 août 2012, mis à jour le 20 novembre 2012

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