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Grand Débat – Les Français de Francfort s’expriment

Grand Débat – Les Français de Francfort s’exprimentGrand Débat – Les Français de Francfort s’expriment
(Anne Henry-Werner et Florian Chiron, Conseillers consulaires, VK lepetitjournal.com/francfort)
Écrit par Valérie Keyser
Publié le 11 mars 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

Les Français installés à Francfort ont été nombreux à participer au Grand Débat national initié par le président français, Emmanuel Macron. Les thèmes abordés - transition écologique, fiscalité, organisation de l’État et des collectivités publiques, débat démocratique et citoyenneté ont fait jaillir de nombreuses idées et propositions d’amélioration. Lepetitjournal.com/francfort s’est rendu à trois réunions organisées à Francfort ces dernières semaines autour du Grand Débat, le 13 février, le 6 mars et le 7 mars 2019.

Ils vivent en Allemagne depuis plus ou moins longtemps mais il n’est pas question pour eux de délaisser leur pays. La crise des gilets jaunes qui dure déjà depuis plus de 4 mois en France est au cœur des préoccupations de nombreux Français partis s’expatrier. Ils sont inquiets, surtout pour la famille restée au pays, certains d’entre eux avouent même avoir quitté la France il y a près de 40 ans pour des raisons économiques. D’autres sont en colère, ils n’imaginaient pas que le mouvement prendrait une telle ampleur et manifestent leur ras-le-bol. Depuis l’étranger, ils souhaitent être entendus et espèrent que leur contribution  au Grand Débat pourra avoir un écho favorable sur les changements qui seront entrepris et les mesures mises en place par le gouvernement.

La première réunion autour du Grand Débat a eu lieu le 13 février à Francfort. Organisée par Frédéric Petit, député MoDem de la 7e circonscription des Français établis hors de France (16 pays dont l’Allemagne)

conjointement avec Jean-Marie Langlet, Conseiller consulaire, elle a rassemblé près de 100 personnes à Haus am Dom. Plus de 100 personnes avaient fait le déplacement ce soir-là., les discussions furent riches et passionnées.

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Frédéric Petit, député de la 7e circo

Les Français présents étaient répartis en trois groupes à la manière « World Café » à l’intérieur desquels ils ont répondu aux questions des modérateurs de groupe et échangé quelques idées. Invités dans un premier temps à faire part de leurs émotions (inquiétude, impuissance, colère, tristesse, compassion, frustration, sentiment d’abandon, de gâchis, …), les participants ont fait émerger quelques propositions. En voici quelques-unes : « Il faudrait repenser le système électoral et instaurer un système de tirage au sort pour favoriser la représentativité des élus », « Décentraliser, réduire les hiérarchies », « Supprimer les préfectures et rendre le pouvoir aux régions », « Favoriser l’esprit entrepreneurial, réduire les charges », « Revaloriser l’apprentissage et les filières professionnelles et

s’inspirer du système dual allemand » , « Favoriser l’apprentissage des langues », « Revaloriser le métier d’enseignant et augmenter les salaires », « Taxer les entreprises automobiles », « Réintroduire les consignes »

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Jean-Marie Langlet, Conseiller consulaire

Dans les différents groupes, l’éducation entre autre s’est révélée être la clé.


Le 6 mars, Simon Aben du Comité En Marche de Francfort a rassemblé une trentaine de personnes autour des thèmes « Fiscalité et organisation de l’Etat et des collectivités publiques ». Dans une ambiance plutôt détendue et conviviale, les convives se sont réunis dans une grande salle disposée en U du restaurant Dyonisos du quartier Rödelheim à Francfort, où se retrouvent chaque 1er mercredi du mois les membres du comité En Marche. Un premier jet de propositions a été lancé avant une petite pause dîner. Une fois les estomacs remplis, la soirée a laissé place à un brainstorming et des échanges très animés.

Si certains prônent la digitalisation et souhaitent disposer d’un guichet en ligne pour gérer leurs papiers administratifs,  pour Françoise la mairie doit reprendre sa place, il faut penser aux personnes qui n’ont pas internet tandis qu’Aurélie propose de développer les bus antenne, à l’image des tournées consulaires. Nicolas lui est pour la suppression des formalités comme en Allemagne, « Avec un simple numéro, on sait tout de moi ». Presque tous s’accordent à l’unisson de l’importance de faire évoluer les services de la CAF, mais aussi développer des services de proximité.

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Simon Aben, à gauche

Frédéric, lui, suggère l’installation de bornes informatiques dans les cafés et la possibilité pour les commerçants de distribuer du cash. Nicolas propose de simplifier l’organisation de l’Education Nationale qui dispose actuellement de pléthore de postes pour faire fonctionner un service alors que pour Alexandra la simplification des dossiers médicaux avec la possibilité de faire participer le patient à la recherche semble être une priorité. En ce qui concerne les dépenses publiques à réduire, presque tout le monde s’accorde sur la réduction des salaires des hauts fonctionnaires. Et Françoise de renchérir « il faudrait supprimer les postes qui font doublon ». Daniel quant à lui insiste sur l’urgence de redéfinir ce qu’est un fonctionnaire et de remettre à plat la notion de service public. De son côté Frank suggère de réduire l’impôt sur les sociétés avec obligation de réinvestir. Enfin la proposition de Thomas semble ne pas faire l’unanimité « On pourrait décider d’allouer 5 ou 10 % de nos impôts sur le revenu à un poste de notre choix (éducation, défense, santé…) ».


Le 7 mars, c’était au tour de l’ADFE (Association des Français du Monde) de mobiliser les troupes. Anne Henry-Werner, présidente de l’ADFE section Hesse et Conseillère consulaire ainsi que Florian Chiron, Conseiller consulaire et Vice-Président du Conseil des Etrangers de Francfort ont animé le débat autour de la

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Nathalie Courcoux et Elisabeth Barg, Adfe

démocratie et la citoyenneté et la transition écologique. Environ 50 personnes ont pris place dans la salle de conférence de la Saalbau de Gallus. L’odeur enivrante des tartes qui avaient été préparées pour la collation et le verre de l’amitié n’ont pas empêché l’assemblée de faire fuser des tas d’idées. Alain est catégorique dès le départ, « le vote

blanc doit être accepté. Dans le cas d’un résultat aux élections qui n’atteint pas la majorité à 50 %, il faudrait trouver des propositions ou une autre forme d’élection. Il faudrait aussi rendre le vote obligatoire ». Et Elisabeth de renchérir « oui pour le vote blanc mais pourquoi pas à la proportionnelle, système plus adapté pour les législatives » tandis que Jean-Baptiste suggère de donner un rôle plus important à la société civile (associations…) et propose l’instauration de plus de  fédéralisme à l’image de la Suisse. Anne souligne qu’on pourrait précéder à un tirage au sort des citoyens pour plus de représentativité. Elisabeth ajoute qu’il serait nécessaire de procéder à un contrôle des élus à mi-mandat comme aux Etats-Unis mais aussi réajuster les indemnités au niveau de tous les élus locaux. Pour Jean-Baptiste, il est important de reprendre des décisions décentralisées proches des régions. La suppression de l’ENA semble mettre tout le monde d’accord et Elisabeth de préciser « selon des études récentes de l’OCDE l’ascenseur social est en panne depuis 40 ans en France ! ».

En ce qui concerne la transition écologique Danielle alerte « Nous ne devrions plus créer de déchets, acheter 2e main, le consommateur peut influencer tout le reste », et Elisabeth de rétorquer « l’éducation à l’écologie doit se faire dès le

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plus jeune âge », ce à quoi Marie-Laure ajoute « mon fils souhaiterait que des cours d’écologie soient introduits dans les écoles mais il faudrait aussi demander aux industriels de travailler sur l’obsolescence ». La réintroduction des systèmes de consignes est aussi à l’ordre du jour. Myrielle quant à elle conseille de débrancher tous les appareils électriques comme les machines à laver lorsqu’on ne les utilise pas et de retirer les éclairages de Noël sans attendre après la période des fêtes ou bien comme souligne Danielle, ne pas en utiliser du tout. Elle regrette aussi qu’un Français qui a développé un pesticide bio ait dû partir aux Etats-Unis car il n’a pas obtenu de soutien en Europe. Martine suggère de baisser le prix des transports en commun tandis que Jean-Baptiste est pour l’entière gratuité de ceux-ci. Alain lui, voudrait qu’une taxe de pollution soit instaurée sur les produits venant de Chine ou d’Inde où les entreprises ont été délocalisées pour produire bon marché. La liste est encore longue… Jean-Baptiste apportera le mot de la fin en précisant « Je dois avouer être venu avec des pieds de plomb à cette réunion, j’en sors terriblement rafraîchi ! ».

L’ensemble des propositions des Français ayant participé au Grand Débat tantôt innovantes, surprenantes ou encore radicales seront sur le site https://granddebat.fr.

 

Valérie Keyser
Publié le 11 mars 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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