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Les Barbeaux, « Notre musique permet de réfléchir et faire la fête ! »

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©Les Barbeaux/Site officiel
Écrit par Jean Coudray
Publié le 2 décembre 2019, mis à jour le 18 février 2021

C'est un groupe du sud de la France, aux accents idoines, fort de 15 ans de tournée et mû par des influences multiples. Calou, membre de cette joyeuse bande et chanteur des Barbeaux nous en dit plus.

Le nombre et la diversité géographique des dates de leur tournée « Déracinés » sautent aux yeux au premier regard. Les Barbeaux est un groupe de scène, qui ne peut s'en détacher et s'épanouit dans le contexte du live. Les 5 compères originaires du Languedoc-Roussillon entament la dernière partie de leur tournée annuelle relative à leur 6ème album en passant par l'Allemagne et notamment Francfort, Kassel, Berlin, Reutlingen et Augsbourg. Pour nous éclairer sur cette Folk rock festive qui dépasse les frontières et rencontre du succès là où les préjugés culturels l'auraient condamné, Calou nous a accordé une entrevue.


Lepetitjournal.com/francfort : quelle est la philosophie qui unit Les Barbeaux et vous fait toujours monter sur scène ?

Calou : nous nous voyons comme une bande de potes, des frères, dont l'un ferait 400 bornes en pleine nuit pour aller chercher l'autre. Nous nous étions toujours dit que si l'un arrêtait, tout le groupe s'arrêterait car la cohésion et l'amitié qui nous lient sont encore plus fortes que la musique. L'an dernier, deux membres nous ont quittés pour des raisons personnelles lorsque nous avions fini de réaliser « Déracinés » et cela a été un coup dur pour nous, car il faut retrouver une bande capable de sillonner toute l'année les routes et de vivre ensemble dans le camion. Pour former un groupe qui dure et qui marche, il faut être avec des gens qui vous apprécient et prennent plaisir à vivre avec vous dans le même esprit, sinon cela n'a aucun intérêt.
 

Comment définiriez-vous vos sonorités ?

Je suis français mais mes racines sont espagnoles, c'est pourquoi nous produisons des textes dans les deux langues. Chez moi, avec ma famille, à la maison, on parle espagnol. Je suis fasciné par l'Amérique du Sud, son aspect « Nouveau-Monde » mais aussi par les chapitres de la guerre d'Espagne et l'héritage républicain. Notre musique est sans aucun doute festive mais joue aussi avec des textes qui délivrent un message, un mélange de couplets qui font réfléchir et un refrain pour faire la fête. J'ai toujours aimé mélanger les deux langues et ce qui peut sembler balkanique dans nos sonorités est lié au fait que nous utilisons beaucoup le violon dans nos chansons, notre violoniste était d'ailleurs polonais d'origine.
 

Les Barbeaux
©Les Barbeaux

Quelles sont vos inspirations dans le chant et l'interprétation de vos textes ?

Je suis un dingue de Léo Ferré, je l'ai toujours été et il a laissé beaucoup de traces dans ma culture ou ma manière de voir la poésie et sa propre mise en musique. Notre musique est comparable à ce que peuvent faire Manu Chao, Zebda ou Che Sudaka avec lesquels nous sentons une certaine filiation dans l'esprit et le message.
Nous avons aussi rencontré Emir Kusturica en 2018 qui nous a pris dans ses bagages au Kunstendorf Film and Music Festival chez lui en Serbie, un moment extraordinaire pour le groupe que d'être accueilli par une de nos idoles scénaristiques et manger avec lui simplement dans sa cuisine.
 

Comment est venue l'idée de « Déracinés » comme titre de votre album ?

Le titre « Déracinés » est une idée qui m'est venue après le visionnage de plusieurs reportages sur la condition des migrants, notamment syriens, qui est malheureusement déplorable lorsqu'ils viennent en Europe. Cette migration forcée dont nous sommes témoins m'a motivé à réaliser une chanson sur ce thème. Cela peut aussi renvoyer à d'autres migrations plus anciennes, comme celles des Espagnols qui ont dû traverser les Pyrénées pour fuir le franquisme, certains se retrouvant dans des camps...


Quelles expériences et conclusions sur votre musique tirez-vous après 15 ans de tournée ?

Le métier a changé, l'industrie musicale aussi. Avant on pouvait vendre quelques disques pour préparer le prochain mais dorénavant il n'y a que la scène qui peut nous faire vivre, et permettre de continuer notre démarche artistique. On a pris la numérisation de la musique en pleine gueule depuis le début de notre carrière. Mais Internet est aussi utile pour démarcher, faire de la communication et travailler à moindre frais lorsque l'on a peu de moyens, on ne peut pas lui enlever cela. J'aimerais ajouter que pour moi les tournées dans les petites salles sont très importantes, pour se faire connaître par un nouveau public et se faire remarquer afin d'accrocher des plus grosses scènes de festival par la suite. Mais les résidences qui m'ont le plus marqué sont celles que l'on a pu faire dans des centres d'accueil d'urgence, des maisons de retraites ou la mise en place d'ateliers dans les écoles pour faire découvrir le chant, le théâtre, l'écriture aux petits. C'est dans ces lieux là que je me suis senti utile à travers ma musique, que j'avais l'impression de servir à quelque chose et ils nous ont donné beaucoup d'idées en retour. Notre album « le Bal des Barbillons » a d'ailleurs été réalisé avec des enfants.


Quel est votre rapport au public allemand ?

Nous aimons venir jouer en Belgique ou en Allemagne ; on sent que les Allemands aiment vraiment les Français et notre langue, et c'est plaisant de pouvoir toucher un public étranger, distant de cette culture latine et sudiste qui apprécie notre musique à sa juste valeur. Les gens nous découvrent souvent quelques jours avant de venir nous voir mais cela fait très plaisir de faire des rencontres incroyables et de plaire à des gens qui ne nous connaissaient pas auparavant. J'ai été étonné par le nombre de francophones en Allemagne. C'est un public vraiment ouvert par rapport à l'Espagne par exemple où nous pensions pouvoir nous intégrer facilement avec nos sonorités mais la barrière de la langue est parfois trop forte, il est arrivé que seul notre répertoire espagnol ne fonctionne avec le public.


Qu'est-ce qui a changé au sein du groupe en 15 ans de carrière ?

Notre philosophie n'a pas changé mais nous avons dû faire des ajustements, notamment pour casser la routine. Auparavant, il y avait des comédiens avec nous sur scène qui faisaient des scénettes et ce n'est plus le cas sur la tournée de « Déracinés ». Aussi, nous avons modifié notre manière de créer la musique pour casser la routine, autrefois on se voyait 4 fois par semaine mais on a changé ce système pour travailler en blocs de 2 jours et avoir du temps pour soi, sa famille, et éviter de se monter trop la tête entre nous.


Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter pour la suite de l'aventure des Barbeaux ?

Nous préparons déjà la tournée 2020, à cette occasion un trompettiste va nous rejoindre pour enrichir notre musique. Nous sommes en constante évolution et voulons aller vers quelque chose de nouveau sans trahir notre esprit. Notre expérience avec les jeunes et les personnes âgées nous a donné l'idée de rassembler les générations et réaliser un projet tous ensemble. Nous avons la chance de pouvoir nous produire et de voyager en même temps. Mon père a passé sa vie dans les vignes, donc je me rends compte de la chance que j'ai de pouvoir faire librement de la musique et en vivre et nous voulons juste que cela continue.

Les Barbeaux se produiront à la Brotfabrik de Francfort le mardi 3 décembre à 20h, au Privatclub de Berlin le 5 décembre et 3 autres dates allemandes (Kassel (4/12), Reutlingen (6/12) et Augsbourg (7:12)) cette semaine pour clore leur « Déracinés Tour 2019 ».

Site officiel du groupe : https://www.lesbarbeaux.fr/
 

Publié le 2 décembre 2019, mis à jour le 18 février 2021

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