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ISCH LIEBEU DICHE – Christine et Jean-François : ”On est déracinés, on n’a plus de repères en France, on se sent chez nous en Allemagne”

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 16 mai 2016, mis à jour le 17 janvier 2017

Ce mois-ci, lepetitjournal.com/francfort a choisi de vous présenter, non pas un couple franco-allemand comme à l'accoutumée, mais un couple français vivant depuis près de vingt ans en Allemagne afin d'aborder l'interculturalité sous un autre angle. Comment en tant que Français, vivent-ils l'expatriation et les différences culturelles dans leur pays d'adoption ? Quelque peu surpris au départ et aujourd'hui parfaitement intégrés, Christine et Jean-François affirmeront se sentir chez eux en Allemagne et avoir pris le bon côté des deux cultures pour vivre en harmonie.

(Photo VK lepetitjournal.com/francfort)

Installés près de Francfort depuis une vingtaine d'années pour des raisons professionnelles après un parcours à Paris, Christine et Jean-François sont parents de Tom et Jonas, âgés de 20 et 23 ans.

Christine, originaire de la région lyonnaise travaille comme chargée de cours à l'école européenne de Francfort et Jean-François (Jeff pour les intimes), originaire du Doubs, travaille dans une banque.

Rencontre avec un couple qui semble très épanoui au pays de Goethe et ne manque pas d'humour.

Lepetitjournal.com/francfort :quand et comment avez-vous rencontré votre partenaire ?

Christine : oh c'était il y a longtemps, nous étions en Terminale !

Jean-François : nous étions dans la même classe en effet.

Qu'est-ce qui vous a le plus séduit chez l'autre ?

Christine : je le trouvais beau et j'adorais son humour. C'était aussi mon meilleur ami. Mais tout ça est encore vrai aujourd'hui (Rires).

Jean-François : ce qui m'a plu ? Son physique, son physique et son physique (Rires). Oui en effet elle ne me laissait vraiment pas indifférent mais on s'entendait surtout super bien, on se racontait beaucoup d'histoires.

Et le moins ?

Christine : euh rien.

Jean-François : rien non plus, on était jeunes et on avait la vie devant nous.

Quand avez-vous décidé de vous installer à Francfort ?

Jean-François : c'était fin 1996 pour des raisons professionnelles. Je travaillais comme externe dans le secteur bancaire à Paris, Christine était dans la finance et on m'a proposé un poste dans la filiale Allemagne d'une grande banque à Francfort.

Christine : ça tombait très bien car je venais d'avoir Tom et j'ai pris un congé parental de trois ans.

Jean-François : on ne serait d'ailleurs jamais partis si Christine n'avait pas eu son congé parental. Il n'était pas question de risquer de lui faire perdre son emploi.

Christine : et même si je n'avais pas appris la langue, je connaissais bien l'Allemagne car j'avais eu une correspondante allemande dans le cadre de notre jumelage. J'étais donc très motivée.

Comment avez-vous vécu votre expatriation ?

Jean-François : très bien ! A Paris, les loyers étaient - et sont d'ailleurs toujours - hors de prix. Nous sommes passés d'un 60 m2 à un 160 m2 à Bad Homburg près de Francfort. C'était un sacré choc. Il a fallu meubler cet immense appartement qui paraissait vide même avec l'ensemble de notre mobilier parisien.

Christine : j'ai tout de suite apprécié la qualité de vie bien supérieure à celle de Paris où nous vivions auparavant. Nous avions plus d'espace, un pouvoir d'achat plus élevé, beaucoup de verdure, un sentiment de sécurité? La langue était un peu une barrière pour moi au début mais j'ai vite suivi des cours de langue à la ?Volkshochschule?, l'université populaire. Jeff, lui, connaissait déjà l'allemand et comme il travaillait toute la journée, il était moins confronté que moi aux petites difficultés du quotidien dans un pays dont on ne connait pas la langue.

Jean-François : cependant, ce qui me dérangeait au début car je ne trouvais pas ça très pratique, c'est la fermeture des magasins à 18 h en semaine et à 13 h le samedi. Si on s'y prenait trop tard pour acheter les couches des gamins, bien souvent il n'y en avait plus en stock dans les rayons ou alors le magasin était déjà fermé. Aujourd'hui c'est différent, la réglementation sur les horaires d'ouverture est à peu près la même qu'en France.

Christine : en ce qui me concerne, le moment de passer à la caisse au supermarché était une horreur. Tout allait trop vite, j'en avais mal au ventre. Je me souviens aussi que Tom étant bébé, nous faisions des provisions énormes de bouteilles d'eau plate car il était difficile à l'époque d'en trouver en Allemagne où on lui préfère l'eau gazeuse.

Avez-vous constaté des différences culturelles ? Et si oui, ont-elles été un obstacle ou une découverte positive ?

Jean-François : oui bien sûr qu'il existe des différences culturelles entre la France et l'Allemagne mais avec le temps on s'y est fait, on est très bien intégrés. Par exemple, je trouve globalement qu'il y a davantage de bienséance en France et que les Allemands ne savent pas vraiment s'excuser, cela me trouble encore. Je regrette que les Allemands n'ouvrent pas aussi facilement leur porte que les Français. On se retrouve plutôt au restaurant pour un dîner que chez eux. Dans l'entreprise, j'apprécie qu'il n'y ait pas cette chaîne de hiérarchisation où le chef a toujours raison.

Christine : ici les règles sont beaucoup plus respectées lorsqu'il s'agit par exemple de traverser ou encore de trier ses poubelles.

Jean-François : nos enfants qui ont fréquenté l'école allemande et européenne sont très germanisés vu qu'ils n'ont jamais vécu en France. Cela s'exprime par leur coiffure, leur code vestimentaire, leur respect des règles. Ils sont même choqués par l'absence de règles en France ou le non-respect de celles-ci. Concernant le tri sélectif, j'ai d'ailleurs une anecdote. Un samedi matin, j'ai descendu les poubelles. Ma propriétaire a alors enfilé des gants en caoutchouc et a complètement vidé et retrié mes poubelles. J'étais sidéré et amusé en même temps. Grâce à elle, j'ai appris à faire le tri des ordures ménagères comme il faut (Rires).

Christine : aujourd'hui, on trouve ça plutôt bien. C'est une démarche plus respectueuse de l'environnement. Aussi, j'ai apprécié la vie ici avec les enfants. Etre mère au foyer était très bien vu en Allemagne et l'est encore je pense. J'aime le respect des traditions en Allemagne. Les enfants participent davantage à la vie de la communauté, ils préparent et fêtent le carnaval? Le soir nous aimons parfois prendre un repas léger comme le ?Abendbrot? et nous sommes des adeptes du petit-déjeuner à l'allemande, plus copieux qu'en France et du pain complet. Finalement on essaie de prendre les bons côtés des deux cultures !

Avez-vous été confronté à des problèmes de compréhension de votre choix de vivre à l'étranger dans votre entourage ?

Jean-François : non absolument pas de mon côté.

Christine : oui. Mes anciennes collègues de Paris me plaignaient beaucoup de rester à la maison pour élever mes enfants alors qu'en Allemagne je me sentais valorisée. Ils ne comprenaient pas que je puisse me plaire dans un pays qui ne leur paraissait pas très sexy.

Est-ce que l'expatriation qui est une belle expérience de vie mais peut s'avérer une épreuve parfois difficile pour certains, aurait-elle pu représenter un danger pour votre couple ou bien cela vous a-t-il au contraire soudés ?

Christine : pour nous, cela n'a jamais été une épreuve car c'était un choix partagé. L'expatriation n'a donc jamais été un danger pour notre couple ! Au contraire, venant de Paris, la qualité de vie ici a plutôt facilité notre vie et renforcé nos liens.

Jean-François : je dirais même qu'aujourd'hui on est déracinés, on n'a plus de repères en France, on se sent chez nous en Allemagne.

Vous semblez très heureux en Allemagne. Quel est votre endroit préféré à Francfort ?

Christine : nous avons longtemps vécu à Bad Homburg près de Francfort. J'adore le château de Bad Homburg.

Jean-François : j'ai aussi un petit faible pour Bad Homburg mais c'est surtout le parc que j'apprécie.

Quel a été votre dernier fou rire ?

Christine : nous n'avons pas eu de vrai fou rire depuis longtemps même si nous nous amusons toujours beaucoup.

Jean-François : c'était en République Tchèque où nous avons rencontré un serveur de restaurant qui ressemblait trait pour trait à Louis de Funès et en possédait aussi les tics et mimiques.

Quel a été son plus beau cadeau ?

Christine : il m'a fait tout un tas de cadeaux mais j'attends encore le plus beau !

Jean-François : ce sont mes enfants mais aussi la surprise qu'elle m'a faite pour mes 40 ans. Nous étions partis en Suisse pour un séjour de ski en amoureux, et sur place, j'ai découvert que la plupart de nos amis étaient là. C'était un moment très joyeux auquel je ne m'attendais pas du tout.

Vos projets à deux ?

Christine : nous aimons beaucoup voyager et nous voudrions retourner en Asie où nous étions déjà trois ou quatre fois.

Jean-François : un projet qui me tient à c?ur, c'est de toujours rendre ma femme heureuse.

Quel objet pourrait être le symbole de votre relation et pourquoi ?

Christine : nos photos de voyages car elles montrent bien notre soif de découverte et symbolisent notre relation en immortalisant ces moments à deux.

Jean-François : ce serait une musique de Michel Jonas ?Ne garde rien d'autre?.

Si vous deviez définir votre relation en un mot, quel serait-il ?

Christine : la complicité

Jean-François : la longévité

(Photos DR)

Interview réalisée par Valérie Keyser (www.lepetitjournal.com/francfort), mardi 17 mai 2016

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Publié le 16 mai 2016, mis à jour le 17 janvier 2017

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