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QUAND LES LANGUES SE DELIENT – Autour du vin…

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 13 octobre 2014, mis à jour le 14 octobre 2014

La nouvelle rubrique mensuelle ?Quand les langues se délient? de lepetitjournal.com/francfort, vous propose un délicieux voyage autour du langage, de son étymologie et des expressions idiomatiques. Ce deuxième volet nous plonge dans l'univers du vin.

(Image A. Parasie)

Les vendanges tirant à leur fin dans notre hémisphère nord, les discussions vont bon train pour savoir si 2014 sera une bonne année ou pas. Bien sûr d'une région à l'autre, d'un cépage à l'autre, les conditions et critères changent. C'est donc le moment pour lepetitjournal.com/francfort, sans vouloir jouer les ?nologues du dimanche, de vous proposer une petite incursion langagière dans le domaine du vin.
"Le français est singulièrement pauvre en vocabulaire spécifique du goût (...). La dégustation est autant un exercice verbal qu'un exercice sensoriel (...)", dit Martine Courtier auteure d'un Dictionnaire de la langue du vin (Edition CNRS).
En effet nombre d'expressions, pour décrire les qualités (ou défauts) du divin breuvage, évoquent avec une certaine sensualité, et parfois humour, des traits du caractère humain ou une description purement physique. Et si le plaisir fait appel à tous les sens, celui de découvrir un bon vin n'y échappe pas.

(Photo MG lepetitjournal.com/francfort)

In vino veritas!

L'inspiration est tantôt féminine, tantôt masculine. Sa robe, c'est-à-dire la couleur du vin, ou encore son caractère, laissent présager bien des analogies.  
Aucune surprise donc de savoir que si un vin a du corps, il est tout à la fois charpenté, charnu, corpulent, solide, dense et chaud. Bien sûr, cela pourrait se rapporter autant au corps de l'homme qu'à celui de la femme. Mais si le vin a de la cuisse, c'est-à-dire qu'il est charnu et a de la rondeur, je doute fort que l'évocation soit masculine ! Il faut noter toutefois que cette expression, jugée sexiste, est aujourd'hui de moins en moins utilisée.
Mais si le vin est chaud ou chaleureux, comme disent les Québécois, il est aussi parfois nerveux, ce qui, loin d'être un défaut, est une qualité liée à une légère acidité dominante. Il en va de même pour puissant, opulent, viril enfin. Il peut être agressif, trop d'acidité et de tanin, ou encore animal (!), on pense alors à la forêt, au gibier, au cuir ; mais aussi aimable, délicat, souple, élégant, épanoui, suave, féminin, sensuel pour des touches plus légères.
Ici une petite parenthèse s'impose pour noter quand même que le vocabulaire date d'une époque où les stéréotypes féminins et masculins occidentaux étaient bien différents de ce qu'ils sont aujourd'hui. Rien d'étonnant donc que certains termes soient remis en question et finissent par ne plus être utilisés parce que politiquement incorrects.

Ce n'est pourtant pas une raison pour mettre de l'eau dans son vin !

Mais bon, un vin franc, donc sans ambiguïté, généreux, harmonieux, présente un bon équilibre entre ses différents caractères, alors que fatigué, maigre, mince, mou, je vous laisse deviner.... Là, pas besoin de débat et d'ailleurs quand le vin est tiré, il faut le boire !
Pour finir, voici quelques adjectifs et expressions que nos cousins francophones d'Amérique, les Québécois, qui pratiquent une langue parfois colorée de mots issus du vieux français ou même enrichie de mots anglophones, utilisent pour décrire les vins du "Nouveau Monde".  Malheureusement, le son n'étant pas disponible dans cet article, vous devrez imaginer ce que cela donne avec ce si joli accent québécois, ou bien demander à des amis québécois (Gens du pays....) de prononcer pour vous ces quelques mots.

(Photo VK lepetitjournal.com/francfort)

La flaveur c'est, selon le dictionnaire Larousse, "l'ensemble des sensations olfactives, gustatives et tactiles ressenties lors de la dégustation d'un produit alimentaire". On pense bien sûr à l'anglais "flavor" ou "flavour".
Quand le vin contient beaucoup d'alcool, il est alcooleux, donc procure un sentiment de chaleur en bouche ; un arôme de beurre frais dans quelques vins blancs c'est bien, cependant si l'arôme est rance ça ne va plus du tout ! Un goût de bonbon anglais annonce une touche sucrée et acidulée dans les vins jeunes ; gommeux ou gommant donne une sensation de gomme ou de pâte collante pas nécessairement mauvaise, mais si le vin est pommadé, alors il est carrément éc?urant !

Solide, charpenté, large d'épaules, le vin est costaud ; rêche ? Définitivement peu aimable, de même que âpre, râpeux ou rugueux. Mais il peut être aussi discret ou au contraire séveux (en anglais sappy), rappelant des notes de sève pour les vins de pleine maturité, vigoureux. Et un vin muscaté évoque le parfum ou le goût de raisin de Muscat, de même qu'un vin qui pinote a des arômes, des saveurs de pinot.
Comme vous le voyez, si les mots varient légèrement d'une région à l'autre, d'un pays à l'autre, ils prouvent bien l'intérêt que nous avons pour le bon vin et le plaisir qu'il nous procure. Il a inspiré poètes, écrivains et philosophes et même notre bon roi Henri IV :
"Bonne cuisine et bon vin, c'est le paradis sur terre !"
Alors n'hésitez plus, et plutôt que de vous noyer dans un verre d'eau, allez boire un petit canon ou prendre un pot entre amis. À votre santé !

Marie Gérard (www.lepetitjournal.com/francfort), mardi 14 octobre 2014

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Publié le 13 octobre 2014, mis à jour le 14 octobre 2014

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