ECHANGES FRANCO-ALLEMANDS – l’OFAJ a 50 ans, quel est son bilan et son avenir ?

 C'était le thème de la conférence de Béatrice Angrand, Secrétaire Générale de l'OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse) venue tout spécialement à Francfort en réponse à l'invitation de la DFG (Deutsche-französische Gesellschaft) le 4 novembre 2013. La manifestation accueillie dans les somptueux locaux de la Villa Bonn sous l'?il bienveillant de Stanislas Mrozek, Consul général adjoint, a rassemblé de nombreux participants avec parmi eux Géraldine Cromvel, jeune ambassadrice de l'OFAJ pour le Land de la Hesse qui en est a son deuxième mandat.

Béatrice Angrand (Photo  Valérie Keyser, lepetitjournal.com/francfort)

Un parcours menant à la tête du plus beau bébé du Traité de l'Elysée
Dans son allocution d'ouverture, Christophe Braouet, Président de la DFG, avoue se réjouir de terminer ?en beauté? le cycle de conférences de son association sur le thème des 50 ans du Traité de l'Elysée en accueillant Béatrice Angrand, qui dirige depuis 2009 l'institution née du Traité, avec son binôme Markus Ingenlath qui l'a rejoint en 2012. Le parcours de Béatrice Angrand aux Affaires Etrangères, puis en tant que directrice de l'Institut Français de Rostock et au sein de la chaîne ARTE où elle était en charge du projet d'entreprise, devait tout naturellement la conduire à la tête du ?plus beau bébé du Traité de l'Elysée?. Avec à la fois professionnalisme, humour et simplicité, Béatrice Angrand brossera, pendant la conférence, le tableau plutôt réjouissant des 50 années écoulées au sein de l'institution franco-allemande.

A quoi sert l'OFAJ et que s'est-il passé en 50 ans ?
Revenons tout d'abord sur les fondements de l'Office franco-allemand pour la jeunesse. Crée quelques mois après la signature du Traité de l'Elysée en 1963 dans dans le but d'accompagner la réconciliation franco-allemande, l'OFAJ est une institution bilatérale, avec des bureaux à Paris et des bureaux à Berlin. Géré par deux Secrétaires Généraux français et allemand, l'OFAJ est financé par les deux gouvernements et également désigné centre de compétences par ceux-ci. Son budget qui était ces dernières années de 20 millions par an contre 22 millions en 2013 afin de répondre aux demandes croissantes des porteurs de projets, permet de soutenir de nombreux échanges bi ou trinationaux de jeunes jusqu'à l'âge de 30 ans accompagnés pour la plupart d'entre eux par la méthode estampillée OFAJ d'animation linguistique qui est une approche ludique de la langue. Ces échanges sont réalisés par des écoles, des comités de jumelage, des clubs sportifs, des associations franco-allemandes...et Béatrice Angrand souligne que le mot échange revêt de surcroît une importance capitale, les programmes de tourisme n'entrant en aucun cas dans les critères des projets éligibles à subvention. 80 personnes au total travaillent d'une part et d'autre de la frontière pour le compte de l'OFAJ et 9000 projets par an sont instruits. Les chiffres sont éloquents : en 50 ans, 8 millions de participants ont grossi les rangs des bénéficiaires de programmes d'échanges soutenus par l'OFAJ, soit 300 000 projets ont pu voir le jour.

De nouveaux chantiers pour un avenir solide et pérenne
Par ailleurs, de nouveaux réseaux participent à la politique de renouveau et de développement de l'OFAJ, comme celui des jeunes ambassadeurs créé en 2009, qui se compose de 70 jeunes âgés de 18 à 30 ans répartis entre la France et l'Allemagne. Leur mission de multiplicateurs dans leur région ou Land est de se faire les porte-paroles de l'OFAJ dans les écoles, les lycées, les associations??Les jeunes parlent aux jeunes?. Géraldine Cromvel, jeune ambassadrice de l'OFAJ en Hesse, viendra d'ailleurs présenter à l'auditoire sa mission. Française née à Berlin, elle a grandi en Allemagne et a participé à l'échange Voltaire. A Francfort, elle a entre autre aidé le Sportjugend à l'organisation d'un projet sportif entre les deux villes jumelées, Lyon et Francfort. ?Le franco-allemand c'est ma vie?, dira-t-elle.

L'avenir de l'OFAJ s'appuie aussi sur l'utilisation très large des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, le développement de la mobilité des jeunes grâce à la bourse PROMOBIL, la formation des enseignants à l'organisation d'échanges interculturels, les échanges d'instituteurs pour comparer les outils éducatifs et les méthodes de travail dans l'un et l'autre pays et l'apprentissage précoce avec l'apparition de la mallette pédagogique ou ?Kinderkiste?, composée de jeux autour de la langue pour les 3 à 6 ans, proposée aux Kindergarten et écoles maternelles.
L'organisation binationale essaie de toucher depuis quelques années les jeunes ayant moins d'opportunités afin de faciliter leur inclusion sociale. Ils sont souvent étrangers à la valeur européenne et appelés inégalamment les JAMO par la Commission de Bruxelles. Les programmes intégrant ces jeunes, sont d'une importance capitale dans la prise de confiance et la réalisation de soi, certains participants n'ayant jamais mis les pieds hors de leur ville, voire de leur quartier !
Aussi participer à un échange en France ou en Allemagne, c'est nettement moins ?sexy? qu'avant aux yeux des jeunes. Les programmes trinationaux se sont donc multipliés et ont permis de relancer l'attractivité des projets de jeunes en intégrant à un échange entre la France et l'Allemagne un pays tiers. L'Europe centrale et orientale, les Balkans, les pays en crise comme la Grèce, l'Espagne, l'Italie, constituent les zones prioritaires de l'OFAJ et bénéficient de fonds spéciaux du Auswärtiges Amt.

Ce qu'il reste à faire
Selon la Secrétaire Générale, même si le bilan des 50 ans est extrêmement positif, l'OFAJ en perpétuelle mutation a encore du pain sur la planche. Il reste à développer les réseaux de décideurs ?champ que l'OFAJ a insuffisamment investi- et intéresser les Enarques par exemple en créant des programmes de ?Junge Leaders?, favoriser le dialogue intergénérationnel de la société civile entre l'Allemagne et la France et redonner une nouvelle impulsion aux jumelages qui ont besoin de se renouveler et d'accueillir des jeunes.
La conférence se poursuivra autour d'un dîner et de conversations informelles et permettra d'évoquer un nouvel enjeu pour l'OFAJ et ses partenaires : celui, en 2014, année des célébrations du centenaire de la 1ère Guerre Mondiale, de mener une réflexion pour intégrer judicieusement le devoir de mémoire dans les échanges et intéresser la jeunesse d'aujourd'hui.

Valérie Keyser (lepetitjournal.com/francfort), vendredi 8 novembre 2013

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