Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

PERSONNAGES DE LA REGION – Emil von Behring et la lutte contre la diphtérie et le tétanos

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 28 septembre 2016, mis à jour le 29 septembre 2016

Surtout connu pour son travail précurseur sur les sérums de l'antitoxine de la diphtérie et du tétanos, Emil von Behring, dont les recherches lui ont valu d'obtenir le premier prix Nobel de médecine en 1901, a également obtenu à l'époque le titre d'honneur de "sauveur des enfants" et "sauveur des soldats". Il est aussi citoyen d'honneur de la ville de Marbourg, où se sont poursuivies ses recherches principales et qui propose un parcours à sa découverte.

Le jeune Behring : élève boursier devenu professeur d'université

Emil Behring est né le 15 mars 1854 à Hansdorf, en Allemagne à l'époque, aujourd'hui ?awice en Pologne (Mazurie). Fils d'un instituteur de village peu fortuné, cinquième d'une famille de douze enfants, le jeune Emil, élève très doué, dépend de diverses bourses d'études pour pouvoir passer le baccalauréat. Grace à une bourse d'État, il peut faire des études de médecine à l'Académie militaire de Berlin, à condition de travailler comme médecin militaire pendant huit ans après l'examen. Les études, concentrées surtout sur l'hygiène militaire, les soins des blessures et la prévention du risque d'épidémies l'ont fortement sensibilisé à ces problèmes. Après plusieurs étapes dans différentes villes, il est nommé à l'Institut des maladies infectieuses à l'hôpital de la Charité de Berlin en 1890. Les recherches des Français Émile Roux et Alexandre Yersin avaient abouti dès 1888 à l'isolement de la toxine de la diphtérie, base scientifique indispensable au chemin que Behring poursuivra. La diphtérie, tout comme le tétanos, étaient alors des maladies très fréquentes et mortelles, particulièrement chez les enfants et les soldats. A Berlin, Behring concentre immédiatement ses recherches sur la sérothérapie, une technique de traitement consistant à utiliser des sérums d'origine animale ou humaine et à délivrer les anticorps contre le microbe visé à des sujets atteints. Il publie, en collaboration avec le Japonais Shibasaburo Kitasato, une thèse sur l'immunisation contre la diphtérie et le tétanos chez les animaux. Même si le chemin est encore long pour aboutir à une immunisation sûre et efficace des humains, cette thèse est considérée comme la base de la sérothérapie. La nouvelle méthode se répand très vite en Allemagne et entraîne une production industrielle grandissante de sérum extrait du sang de chevaux. En 1895, l'État de Prusse nomme Behring professeur ordinaire à l'université de Marbourg. 

La reconnaissance : obtention du prix Nobel de médecine 

Behring, alors nommé directeur de l'Institut d'hygiène, voit mettre à sa disposition un laboratoire privé exceptionnellement bien équipé, financé partiellement par l'entreprise Farbwerke Höchst (un groupe chimique et pharmaceutique allemand), mais aussi grâce aux 25 000 Francs-or qui lui ont été attribués en France lors de la remise du prix Alberto Levi. Une écurie fait partie de l'établissement.

En 1901, l'année de la première remise d'un prix Nobel, les recherches de Behring sont honorées par le prix Nobel de physiologie ou médecine. Il est alors anobli pour l'occasion. Avec l'argent obtenu du prix, il va fonder une entreprise destinée à fabriquer le sérum. Comme son premier laboratoire est devenu trop petit, il achète une ancienne briqueterie qu'il va transformer en usine pharmaceutique. Cette usine, pendant de l'Institut Pasteur en France, a existé de 1904 à 1997. Aujourd'hui, les Behringwerke, après avoir été démantelés, sont un parc biotechnologique innovateur, rachetés par des sociétés internationales. Le site emploie 5 100 collaborateurs au sein de 16 entreprises.

Le mausolée de Behring

Parallèlement à son travail scientifique, Emil von Behring s'engage dans la politique communale. Les dernières années de sa vie, il souffre de fortes dépressions, passe trois années dans un sanatorium après s'être complètement retiré du public. Il meurt à l'âge de 63 ans à la suite d'une pneumonie, laissant derrière lui sa femme et leurs six fils. Il trouvera sa dernière demeure dans un mausolée situé sur la colline Elsenhöhe, baptisée d'après le prénom de sa femme, à Marbourg.

Une promenade sur les traces de Behring

Malgré ses mérites incontestés dans les domaines scientifique et économique, les traces d'Emil von Behring furent pendant très longtemps quasiment invisibles dans la ville de Marbourg, mis à part les Behringwerke et un collège baptisé de son nom. Pour remédier à cette absence regrettable, le Service de la culture de la ville de Marbourg, en collaboration avec l'université, a créé une route dédiée aux activités de Behring. Le résultat : une promenade  à la fois scientifique et biographique, avec des passages dans la nature offrant une vue splendide sur la ville et la forêt. Le parcours, qui dure environ trois heures, est composé de 12 étapes, commençant à la gare, passant par le mausolée et se terminant sur le site de l'entreprise. Les panneaux sont écrits en allemand et en anglais  et même si la route fait un ensemble, chaque station se concentre sur une thèse de Behring. A mentionner surtout la deuxième station, tout près de la gare, avec l'exposition Blut ist ein ganz besonderer Saft (le sang est un jus bien singulier, citation très connue en Allemagne, employée lors du pacte entre Méphistophélès et Faust dans la pièce de Goethe). On y trouve divers objets, tels que des lettres privées, des instruments médicaux, des seringues, mais également le certificat de la remise du prix Nobel. 

(Photos Ingrid Frieg lepetitjournal.com/francfort)

Ingrid Frieg (www.lepetitjournal.com/francfort), jeudi 29 septembre 2016

L'exposition est ouverte du lundi au jeudi de 09h00 à 17h00, le vendredi de 9h00 à 13h00. L'entrée est gratuite. 
Adresse : Bahnhofstrasse 7, 35037 Marburg 

Pour approfondir la visite de l'exposition et la promenade, une brochure en allemand et en anglais est disponible à l'office de tourisme de Marbourg, mais également téléchargeable en PDF ici.

Inscrivez-vous gratuitement à la newsletter
Suivez-nous sur facebook
Suivez-nous sur twitter

 

 

 

 

lepetitjournal.com Francfort
Publié le 28 septembre 2016, mis à jour le 29 septembre 2016

Flash infos