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OPERA – Première version d’Idomeneo, rè di creta de Mozart à Gießen

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 janvier 2018

Ce n'est pas la première fois que le théâtre de Gießen présente une version plutôt rarement jouée d'un opéra et reflète ainsi sa passion pour la recherche intense des partitions originales. Après le grand succès du ?Vaisseau fantôme? en septembre 2013 de Wagner, le public est venu en grand nombre assister à la matinée introduisant l'opéra Idomeneo, rè di creta de Mozart et pour se renseigner sur la conception de la mise en scène. La première représentation aura lieu le 18 janvier 2014.

Un conflit tragique né dans une société rigide et archaïque
L'?uvre est inspirée du mythe antique d'Idoménée. Le mythe raconte l'histoire du roi crétois qui ?après la guerre de Troie? veut rentrer dans son pays natal. Une tempête l'empêche pourtant d'accoster. Dans sa détresse Idoménée promet à Poséidon de lui sacrifier le premier être vivant qui vient à sa rencontre. Par malheur, cet être est son propre fils, Idamante, et Idoménée se retrouve prise au piège dans un conflit typiquement tragique entre l'amour de son fils et le respect de sa promesse envers les dieux. Il s'y ajoute deux autres conflits : celui d'Idamante aimé de deux femmes -Electre et Ilia- qui doit prendre une décision, et celui d'Ilia déchirée entre son amour pour son pays, Troia, et l'amour pour Idamante, l'ennemi de sa patrie. Contrairement au mythe grec, le librettiste de l'opéra, Giambattista Varesco, a trouvé une fin heureuse à tout ce désarroi en se servant d'un ?deus ex machina? (=dieu issu de la machine : un dénouement impromptu d'une situation désespérée). L'idée principale de l'?uvre se situe au niveau de la relation entre les hommes et les dieux dans une société en transformation : d'une communauté machiste et archaïque vers une communauté au visage humain, conforme aux idées du siècle des Lumières.

Théâtre de Gießen, construit en 1907, style Art nouveau

(Photo IF lepetitjournal.com/francfort)

Un acte de création pas facile
Dans l'exposé du conseiller dramaturgique Christian Schröder se mêle une prise d'ironie quand il qualifie l'opéra ?Idoménée? le préféré de Mozart. Il en existe plusieurs versions et le compositeur a dû faire face à des difficultés d'ordre divers pour réaliser la conception idéale de son ?uvre. En 1780, quand il commence à travailler sur le sujet d'Idoménée, il a 24 ans. Depuis quelques années, il n'est plus ?l'enfant prodige? qui donne des concerts de piano applaudis par le public. Il a des problèmes pour s'émanciper de son père, trouver des engagements et s'établir comme compositeur. De nombreux voyages en Italie, en Allemagne et en France ne sont pas couronnés d'un grand succès. En 1780 le Kurfürst (le prince électeur) Charles Théodore de Bavière lui confie la composition d'un opéra tragique pour le carnaval de Munich. Il a des idées bien précises et exige l'adaptation du livret ?Idoménée? d'Antoine Danchet (1712). Il insiste également sur la fin heureuse pour mieux se présenter comme souverain éclairé. La première version de 1781 est un mélange entre l'opera seria de la tradition italienne et la tragédie lyrique de la tradition française que Mozart a découverte lors d'un voyage en France, notamment la musique de Lully et de Rameau. Avec la combinaison de ces deux tendances, Mozart marque avec une transition importante dans le développement de l'opéra européen. Il semble que Mozart ait des difficultés avec l'intendance du théâtre de Munich, avec le castrat qui chante le rôle d'Idamante et qui n'arrive pas à mémoriser les paroles. Il y a également des disputes concernant les frais ; Mozart, par exemple, insiste sur l'acquisition de trompettes, fort coûteuses à l'époque, que l'intendance n'estime pas nécessaires. Après quatre représentations de cette première version, ce n'est qu'en 1786 qu'on reprend l'opéra à Vienne. Cette fois, on accorde plus de liberté à Mozart dont il profite pour entreprendre un tas de modifications. Dans les années qui suivent, il modifie son ?uvre encore plusieurs fois ; il n'existe donc pas de version unique et homogène. Pour présenter l'opéra aujourd'hui il faut se référer en principe à différentes sources, livrets et partitions découverts lors de recherches. La version qui sera présentée à Gießen sera celle qu'on estime la plus proche de la première datant de 1781.

Intérieur du Théâtre de Gießen
(Photo IF lepetitjournal.com/francfort)

Un jeune chanteur prometteur
Mozart, dans la première version de l'opéra, avait prévu un castrat pour le rôle d'Idamante. Dans les versions ultérieures, le castrat a été remplacé par un ténor  ou une mezzo-soprano ; c'est ainsi que l'opéra est joué généralement aujourd'hui. Avec le contre-ténor soprano Kangmin Justin Kim le théâtre de Gießen a l'occasion de renouer avec la première idée de Mozart et en même temps de présenter le jeune chanteur américano- coréen à la voix exceptionnelle. D'ailleurs il n'est pas un inconnu pour les amateurs d'opéra en France, puisqu'il a interprété le rôle de Menelao dans ?Elena? de Cavalli dans le cadre du festival d'Aix-en-Provence en 2013.
Donc une occasion à ne pas manquer pour voir et écouter ce chanteur qui a commencé à se faire un nom dans différents pays de l'Europe et du continent américain, sans oublier de mentionner sa partenaire dans le rôle d'Ilia, la jeune Espagnole Naroa Intxausti, déjà bien connue et appréciée du public de Gießen.

Ingrid Frieg (lepetitjournal.com/francfort) jeudi 16 janvier 2014

Première représentation : samedi 18.01.2014, 19h30
Autres représentations : 25.01. / 02.02. /23.02. / 06.03. /16.03. /19.04.2014
Pour plus de renseignements, consultez le site du théâtre par ici
Adresse: Südanlage 1, 35390 Gießen - Tél. : 0641 79570
Découvrez la ville estudiantine de Gießen à 70 km au nord de Francfort par là

 

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Publié le 15 janvier 2014, mis à jour le 6 janvier 2018
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