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DOSSIER 1ère GUERRE MONDIALE – 20.000 Français prisonniers de guerre à Giessen

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 7 décembre 2014, mis à jour le 8 décembre 2014

Une exposition raconte l'histoire du camp et de ses occupants, pour la plupart Français jusqu'au 31 décembre. Même s'ils étaient mieux qu'au front, leur sort n´était pas enviable. Le journaliste Ulrich Timm, lors de son passage à Francfort en novembre, a décrit la vie quotidienne du camp de Giessen

L'atelier de peinture de Raphaël Drouart pour les prisonniers 
(Photo collection Michel Drouart)

Alors que le Musée historique de Francfort montre des portraits de dix soldats coloniaux français photographiés pendant leur captivité, une autre exposition, à une cinquantaine de kilomètres, rappelle l'existence à Giessen d'un important camp de prisonniers pendant la première guerre mondiale.

L'exposition est franco-allemande par la force des choses

Lors de l'inauguration officielle, le petit fils de l'artiste Raphaël Drouart était présent, et des poèmes ont été récités pas seulement en allemand, mais également en français. C'est que l'exposition ?Gefangen im Krieg - Gießen 1914 bis 1919? est franco-allemande par la force des choses : sur les quelque 26.000 prisonniers du camp, environ 20.000 étaient de nationalité française. Certains sont devenus célèbres, comme le peintre et sculpteur Raphaël Drouart qui a illustré des livres de Baudelaire et de Flaubert après la Grande Guerre. À Giessen, il n'a pas seulement immortalisé le quotidien du camp dans ses croquis, mais il avait même un atelier de peinture pour les prisonniers intéressés. Autre artiste parmi les prisonniers du camp : Emile Moussat, qui a écrit des sonnets et donc les récits d'exil en Allemagne titrés ?L'âme des camps des prisonniers? sont d'excellentes sources d'information sur la vie dans le camp de Giessen. Ulrich Timm, un des trois commissaires de l'exposition, s'est surtout intéressé au sort des Belges : ?Avec 900 personnes environ, les Belges ne formaient pas le groupe le plus important du camp, mais les archives de l'Etat belge ont mis sur internet énormément de documents relatifs à Giessen ?, explique-t-il. Autre particularité : la plupart des Belges sont fait prisonniers au début du conflit et resteront donc quatre longues années en captivité.

Il est un des trois commissaires de l'exposition : Ulrich Timm lors de son intervention à Francfort
(Photo DP lepetitjournal.com/francfort)


Une vie quotidienne révélée par la correspondance avec les organisations de secours

Invité par Laurette Artois de l'université Goethe de Francfort, le journaliste Ulrich Timm a décrit la vie quotidienne du camp de Giessen. ?La correspondance avec les organisations de secours permet de se faire une image du quotidien?, explique-t-il. ?Il y avait des tentatives de triche, avec des soldats qui se donnaient deux noms pour recevoir deux fois plus de paquets?. Dans ces paquets, on trouve de la viande, du café, des sardines, mais aussi du tabac ou du savon. Le pain est livré par un comité d'aide belgo-français, seuls les malades et les blessés ont droit à des ?ufs. ?Certains paquets disparaissaient, c'est sûr, mais il faut garder en mémoire que les prisonniers ? de l'Europe de l'Ouest - étaient relativement bien approvisionnés, en tout cas mieux que la population civile allemande?. Il y a même une bibliothèque dans le camp, ouverte une heure par jour. Encore faut-il que les livres aient passé le cap de la censure : ?Parmi les titres refusés, on trouve par exemple ?Les Frontières du c?ur??, sourit Ulrich Timm, ?en voyant le mot frontière, le censeur allemand a dû penser qu'il s'agissait d'un dangereux ouvrage de géopolitique??. Mais il ne faudrait pas croire que la situation des prisonniers est enviable, même si leur vie est moins en danger qu'au front : ?Grâce au contrôle  des nations neutres, les conditions dans le camp étaient plutôt humaines?, commente le journaliste, ?mais les prisonniers restaient privés de liberté, un sort peu enviable?.

C'est ici que 20.000 prisonniers français ont passé une grande partie de la Grande Guerre
(Photo Stadtarchiv Gießen)


Un monument conçu par Raphaël Drouard

Etonnant en tout cas que rien hormis une sculpture signée Raphaël Drouart dans le nouveau cimetière de Giessen ne rappelle le camp de prisonniers. ?Pour moi c'est un bel exemple de refoulement?, conclut Ulrich Timm : ?personne n'aime se souvenir d'une guerre perdue. L'endroit où se trouvait le camp a fait place à de nouvelles constructions, et la plupart des habitants ignorent jusqu'à son existence. C'est pour cela que cette exposition est si importante?.

Dominique Petre, (www.lepetitjournal.francfort), lundi 8 décembre 2014

L'exposition ?Gefangen im Krieg - Gießen 1914 bis 1919? dans le KiZ est ouverte du mardi au dimanche de 10 à 18h jusqu'au 31 décembre 2014. Pour plus de renseignements c'est par ici.

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Publié le 7 décembre 2014, mis à jour le 8 décembre 2014

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