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BETTINA VON ARNIM - Une femme émancipée et fascinante

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 22 avril 2014, mis à jour le 18 avril 2014

Pour la seconde fois, Patricia Bigdely a présenté à Francfort et en français le parcours de Bettina von Arnim, femme engagée définitivement trop moderne pour son temps.

Une femme fascinée et une femme fascinante : Patricia Bigdely devant un portrait de Bettina von Arnim à la PetriHaus
(Photo DP lepetitjournal.com/francfort)

Elle récidive : après une soirée qui affichait complet l'an dernier, Particia Bigdely a à nouveau présenté ? en français ! - la vie et l'?uvre de Bettina von Arnim dans le cadre de la PetriHaus à Rödelheim. Achetée Georg Brentano (pour 1.150 Gulden pour ceux qui voudraient tout savoir) au boulanger de Rödelheim Johannes Petri, la maison servit de sorte de refuge au célèbre banquier francfortois. Georg Brentano a d'ailleurs donné son nom au parc adjacent ainsi qu'à l'énorme piscine à ciel ouvert qui se trouve quelques centaines de mètres plus loin. Aujourd'hui, l'association  Förderverein PetriHaus continue à faire vivre la maison en organisant des visites guidées et des conférences.

Bettina von Arnim, cela ne vous dit rien ? Un billet de 5 DM peut vous rafraîchir la mémoire
(Photo DP lepetitjournal.com/francfort)

Goethe s'est promené dans le parc à côté
Membre de l'association PetriHaus et habitante du quartier, Patricia Bigdely peut depuis l'année dernière se nommer ?Dr?, un titre dont les Allemands sont friands : elle a en effet terminé son doctorat sur Bettina von Arnim? à l'université de Toulouse ! Normal donc qu'elle connaisse le sujet et ait envie de le faire découvrir. ?Beaucoup ont entendu parler de la famille Brentano qui a donné son nom au parc qui nous entoure et dans lequel même Goethe s'est promené?, explique-t-elle le soir de sa conférence. ?Mais peu connaissent la vie et l'?uvre de Bettina von Arnim, s?ur de Georg Brentano et épouse d'Achim von Arnim, alors que c'est une femme fascinante?. Pendant tout l'exposé, la fascination de la conférencière pour la personnalité volontaire et intelligente de l'auteure transparaît. ?De femme au foyer, elle est devenue écrivain et conseillère politique du roi? Je trouve sa carrière épatante!? s'exclame Patricia Bigdely qui s'étend d'abord sur son talent épistolaire. ?Bettina von Arnim écrivait tout le temps, à son mari, à Goethe, au roi, à tout le monde. Sans internet, elle avait réussi à se construire un impressionnant réseau social. Elle avait le don de s'adresser à chacun comme s'il était unique?, précise-t-elle. ?Ses lettres faisaient des pages et des pages, et elle les a souvent remaniées avant de les faire publier, comme par exemple sa correspondance avec Goethe dans ?Echanges de lettres avec une enfant?.

La PetriHaus à Rödelheim : Georg Brentano s'y réfugiait, Goethe s'est promené dans le parc juste à côté
(Photo DP lepetitjournal.com/francfort)

Emancipée et engagée pour la cause des pauvres
?Bettina von Arnim n'était pas féministe mais elle a vécu de manière très moderne et émancipée. Elle s'est mariée tard, a choisi elle-même son mari et elle se fichait complétement du ?qu'en dira-t-on?, n'hésitant pas à balayer devant la porte d'une amie juive, au grand dam de sa famille?, reprend la conférencière. Avec ses sept enfants, elle fait preuve d'une modernité étonnante, les élevant de manière antiautoritaire et les soignant à l'homéopathie. Est-ce grâce à cela qu'ils atteignirent l'âge adulte, ce que ne font pas la moitié des bébés de l'époque ? Mais ce qui a particulièrement intéressé Patricia Bigdely, qui a également étudié la sociologie (toujours à Toulouse depuis Francfort), c'est l'engagement de la riche et noble Bettina von Arnim pour les plus démunis. ?Lors d'une épidémie de choléra elle a découvert la misère des quartiers pauvres. Elle a une volonté d'apprendre et de faire bouger les choses extraordinaire?. Cet engagement social lui coûtera ses bonnes relations avec le roi de Prusse, surtout quand elle soutient la révolte des tisserands de Silésie en juin 1844. D'autant que malgré ses talents diplomatiques, Bettina von Arnim y va rarement par quatre chemins. L'?enfant terrible? qui grimpait dans des pommiers à Offenbach et frappait déjà par son indépendance gardera jusqu'au bout son caractère bien trempé. ?Elle a fait preuve de courage et n'hésitait pas à prendre des risques ? comme agir dans l'illégalité?, raconte la conférencière. ?C'est quelqu'un qui, toute sa vie, a défendu à la fois la liberté d'expression et la différence?. Au terme de sa vie, Bettina von Arnim écrira qu'elle n'a pas été ?infertile à l'humanité?. Elle ne veut pas parler de ses sept enfants mais bien des têtes à couper qui, grâce à ses interventions et son influence, ne l'auront finalement pas été. Rares sont ceux qui peuvent se targuer d'un tel bilan.

Dominique Petre, (lepetitjournal.com/francfort), mercredi 23 avril 2014

Pour plus d'information sur les activités de la PetriHaus c'est ici





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Publié le 22 avril 2014, mis à jour le 18 avril 2014

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