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SPORT - Quand le football gaélique vient de France

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 16 août 2016, mis à jour le 17 août 2016

 

 

     Du 9 au 12 août s'est déroulée la Coupe du Monde de football gaélique à Dublin. Compétition dans laquelle les Français(es) ont brillé, signe de l'engouement particulier de l'Hexagone pour ce sport.

Le règlement de cette compétition empêchait les irlandais de naissance d'affronter les équipes composées de non-irlandais, signe de la supériorité supposée des premiers. En effet, le football gaélique est bien plus qu'un sport en Irlande : il draine des dizaines de milliers de spectateurs à chaque match. Ainsi, c'est un véritable défilé de supporters (vêtu du maillot de leur équipe) qui aura lieu le 18 septembre lors de la finale du championnat irlandais à Croke Park (Dublin).

            En France, ce sport est plus méconnu : on compte 22 clubs et 746 licenciés (en forte hausse chaque année), pour une fédération fondée en 2004 seulement.  À titre de comparaison, « l'association irlandaise de sport gaélique » (GAA) a été fondée en 1894 et plus de 2700 clubs de football gaélique sont recensés. Il paraît donc logique de séparer la compétition en deux catégories : d'un côté des Irlandais qui pratiquent ce sport dès leur plus jeune âge, de l'autre des joueurs qui n'ont découvert son existence que depuis quelques années (la majorité des joueurs que nous avons rencontré ont joué entre 3 et 5 ans au football gaélique, avant d'être sélectionné pour cette Coupe du Monde). D'ailleurs, comment en vient-on à jouer au football gaélique lorsqu'on n'est pas Irlandais ?

 

« Mais c'est quoi ce sport de fou ! »

 

            Il semble y avoir deux principaux schémas : d'un côté, la découverte liée à un voyage en Irlande et de l'autre, le « bouche à oreille ». Romain, joueur de l'équipe de Bretagne, expliquait avoir découvert le football gaélique en 2011, lors d'un week-end à Dublin. Avec des amis, ils rentrent dans leur appartement et décident d'allumer la télévision : ils tombent sur un match de football gaélique : « mais c'est quoi ce sport de fou » sera sa première réaction, avant que le charme opère et le pousse à franchir le pas, en s'inscrivant au club de Nantes. Pour Charles-Antoine, joueur au club de Lorient, c'est un collègue qui lui a parlé de ce sport : il a essayé et a tout de suite accroché. « L'esprit est bien meilleur qu'au foot par exemple, il y a beaucoup de respect entre les joueurs » témoigne Vincent, l'entraîneur de la Sélection Bretagne pour ce tournoi.

            Ce dernier sait de quoi il parle, puisqu'il a joué au football pendant plus de 15 ans. La grande majorité des joueurs de football gaélique pratiquaient un sport collectif auparavant : principalement le football ou le rugby, mais il n'y a pas de profil particulier pour avoir sa place.  « Les gens viennent de tous les sports, et chacun amène sa spécificité » indique Romain.  Quand l'endurance est un aspect essentiel pour les joueurs au milieu de terrain, la puissance et/ou la vitesse sont des qualités primordiales pour les défenseurs et les attaquants.

            Les matchs en Irlande se déroulent entre deux équipes de 15 joueurs. En France, c'est différent, puisque faute d'avoir des infrastructures adaptées, les matchs se déroulent sur des terrains de football (moins longs) : les deux équipes s'affrontent donc à 11 contre 11. Ce manque d'infrastructures et de moyens est actuellement le principal souci rencontré par les équipes de football gaélique en France, dont le nombre ne cesse pourtant de croître : au moins 1 ou 2 équipes se créent chaque année (il peut s'agir d'un même club qui décide de mettre en place une « équipe B », en raison d'une augmentation du nombre de licenciés).

            Trois équipes venues de France avaient été invité pour participer à ce tournoi : une sélection française masculine et féminine, ainsi qu'une sélection bretonne (masculine). Chacune a réalisé un beau tournoi, en remportant plusieurs matchs, mais c'est l'équipe de France masculine qui a fait le plus long parcours, en atteignant la finale. Cette dernière s'est déroulée à Croke Park, face à l'équipe de New-York. Malheureusement, les tricolores se sont inclinés sur le score de 17 (4-5) à 12 (1-9), face à une équipe qui a semblé au dessus physiquement, mais pas techniquement.

 

            Présents en tribunes, des Irlandais ont apprécié le spectacle et étaient « agréablement surpris du bon niveau de jeu » pratiqué par les différentes équipes finalistes. « C'est une bonne chose que le football gaélique s'exporte, ça nous fait vraiment plaisir de voir des gens du monde entier s'intéresser à notre sport, à notre culture » témoigne Niamh, Irlandaise venue assister aux matchs avec son époux. 

            Au final, ce tournoi aura été l'occasion pour chaque équipe de se confronter à un style de jeu différent, de rencontrer des adversaires venus du monde entier (Afrique du Sud, Oman, Chine, Australie, ..) mais surtout de profiter d'un moment entre passionnés, qui ont souvent dû faire des sacrifices pour venir à Dublin. Tous ont dû poser des congés, participer aux frais de déplacement, etc ? Mais comme le dit Vincent, entraîneur de la sélection Bretagne : « le football gaélique ce n'est pas que du sport, c'est aussi un esprit. »   

 

Benjamin Monnet (lepetitjournal.com/dublin) Dimanche 14 août 2016-08-14

Crédit photo : Benjamin Monnet

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Publié le 16 août 2016, mis à jour le 17 août 2016

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