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PAROLES D'EXPAT - Nicolas Courdouan, quand le rêve de réaliser devient réalité

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 2 mai 2017, mis à jour le 3 mai 2017

Après des études de littérature anglaise à Toulon, Nicolas Courdouan décide de quitter la France il y a peu près dix ans pour venir s'installer à Dublin où il travaille pendant un an dans un cinéma, une expérience qui va tout chambouler... Son rêve : devenir réalisateur. L'Irlande l'inspire et il se dit qu'il y'a des possibilités de faire de son rêve une réalité. Il retourne donc en France pour suivre une formation de montage. La formation terminée il revient en Irlande où il réalise son premier court métrage, « Radha », qui sera présent au Dublin Sci-Fi Film Festival (du 5 au 7 mai 2017).

Lepetitjournal.com: Votre court métrage Radha réalisé il y a maintenant un an est un projet qui vous tenait à c?ur depuis un moment ?

Nicolas Courdouan: J'ai commencé à y réfléchir en 2012, je venais de finir mes études de monteur et j'ai tout de suite décidé de me lancer dans l'écriture. J'avais un projet de long métrage qui s'appelle « Scenes From a Memory » que je m'imaginais tourner en Irlande. Mais les projets prennent du temps surtout quand c'est au stade de l'écriture, je l'ai donc mis un peu de côté pour faire d'autres choses et acquérir d'autres expériences professionnelles. Quand je suis revenu en Irlande peu de temps après j'ai rencontré une scénariste qui s'appelle Lindsay Sedgwick, je l'ai engagée pour qu'elle m'aide à écrire le long métrage, ce qui m'a permis de mon côté d'écrire et réaliser une version courte de la même histoire. Le projet Radha est donc une ébauche pour le projet de long métrage.

Quand sortira le long métrage ?

Nous avons fini l'écriture récemment maintenant il va falloir trouver les financements, ce qui peut prendre un an comme dix ans...

En combien de temps avez-vous écrit et réalisé Radha ?

Ça s'est fait très rapidement, je l'ai écrit en une semaine et demi et deux mois plus tard on tournait car toutes les pièces étaient en place, il suffisait juste d'écourter un maximum pour en faire une version courte car j'avais trop de matière pour un court métrage.

Dans Radha on retrouve le thème de la danse, pourquoi ce choix ?

À l'origine ça ne faisait pas partie du projet, c'est juste que dans notre tête on a pleins d'idées en même temps. Je me suis posé la question si je n'allais pas tourner un petit court métrage facile avec simplement une danseuse sur scène et je voulais que ce soit filmé en très gros plan pour qu'on ne sache pas vraiment ce que l'on regarde si c'était un dos, un bras, une jambe. Je voulais juste que l'on voit de la peau qui se tendait, des os, des muscles... au fil du projet les mouvements deviendraient de plus en plus en bizarres, étranges comme si elle manipulait son corps de manière complètement impossible. J'avais donc cette idée séparée et une semaine plus tard alors que je regardais si je pouvais trouver une compagnie de danse qui allait pouvoir tourner ça avec moi, j'ai eu l'idée de l'incorporer au scénario du long métrage et vu que la scène de la danse est une des scènes clé avec le public un peu zombie j'ai décidé naturellement de la mettre aussi dans le court métrage.

Quel message avez-vous voulu faire passer par cette danse, que l'on ressent comme libératrice ?

On peut voir que le public a l'impression d'être libéré par la danse de Radha mais elle aussi en tire quelque chose en contrepartie. Mais effectivement la danse se prêtait bien à son personnage car il y a aussi cet aspect transformateur dans la performance de danse dans le mouvement, l'énergie qui s'en dégage. Saoirse fait aussi allusion au fait qu'elle dansait dans le passé. La danse est donc ancrée dans leur vie à toutes les deux. Sur le plan esthétique c'était très intéressant de mettre ça sur l'écran car on peut jouer sur beaucoup de choses quand on met une caméra à l'équation et qu'on peut faire des plans larges, des gros plans. Mais oui c'était la discipline idéale pour Radha par cet aspect transformateur.

Comment peut on caractériser Radha ? Comme une sorcière ? Une libératrice du mal ?

Il y aura bien évidemment plus de réponses dans le long métrage. Dans le court métrage ce que j'avais décidé c'était vraiment me concentrer sur Saoirse et ne pas trop exploiter le passé de Radha. C'est un personnage complexe et je ne sais pas si je devrais dire exactement qui elle est car ça gâcherais des surprises et surtout j'aime bien que les gens aient leur propre opinion. Je n'ai pas envie de leur imposer ma vision du personnage. Ce que je peux dire c'est qu'au niveau de son corps c'est quelqu'un qui appartient au passé de Saoirse. Après il y a quelque chose qui a pris possession d'elle et ce quelque chose-là c'est une présence surnaturelle qui a des pouvoirs et qui est rattachée à l'océan et qui fait que Radha est attachée elle-même à l'océan. On peut la voir comme une sorcière, une extraterrestre, pour moi elle appartiendrait à un personnage de l'?uvre de Howard Phillips Lovecraft avec des créatures qu'il appelait des anciens qui étaient des espèces de dieux, des êtres immortels avec des pouvoirs qui ont une influence sur l'esprit humain et qui peut leur faire perdre la raison avec une simple parole et c'est comme ça que je vois Radha.

Comment avez-vous choisi vos acteurs ?

Je n'ai pas fait de casting car je ne suis pas fan de ce système. J'ai préféré utiliser des sites pour toutes les agences d'acteurs qui habitent en Irlande ou même à Dublin plus précisément. J'ai regardé les profils sur tous ces sites pour voir si il y avait des personnes qui retenaient mon attention, j'ai fais une short list et je les ai contactés directement par l'agence, ensuite nous nous sommes rencontrés juste pour une discussion complètement informelle avec un café pour parler du rôle. Généralement cela suffit pour savoir ce que la personne peut apporter à un rôle, de les voir et discuter avec eux du projet ou de leur vie personnelle c'est comme ça que ça s'est fait.

Qu'est ce qu'il vous a plu dans les actrices principales ?

Sue Walsh qui joue le rôle de Saoirse, avait cette aisance pour montrer qu'il y avait un lourd passé derrière elle alors qu'elle est toujours d'humeur légère, sympa et je voulais un peu cette dichotomie entre son apparence et ce qu'elle cache. C'est ce qu'elle est au début du film elle cache son passé, qui elle est vraiment. Pour Radha, ce qui a retenu mon attention quand j'ai vu la photo de Kojii Helnwein sur le site de l'agence c'était vraiment la personne que j'avais en tête quand j'ai écris le rôle. Quand je l'ai rencontrée c'était elle qui s'imposait de toutes les personnes que j'avais vu. Elle donne l'impression que c'est facile pour elle or, elle est très pro et elle bosse dur, mais elle a cette présence un peu étrange et mystérieuse dont le personnage avait besoin.

Combien de films avez-vous réalisé ?

Un film et une web série qui s'appelle « 5 Cents & The Boyz ». Une comédie tournée en Irlande. C'est un trio irlandais qui décide de se lancer dans le rap et qui est totalement catastrophique. Cette web série c'est le producteur qui m'a proposé de l'écrire et de la réaliser pour lui. Si ce n'était pas un projet personnel ça m'a permis d'avoir une bonne expérience.

 

RADHA (2016) - Teaser trailer from Nicolas Courdouan on Vimeo.

 

la meilleure personne pour réaliser un film c'est celui qui a écrit le scénario

Quand vous réalisez un film quelles sont vos inspirations ?

C'est difficile de répondre, car pour Radha par exemple je l'ai aussi écrit, je pense surtout au script j'essaie vraiment de transmettre ce qu'il y a sur la page à l'écran plutôt que de m'inspirer de quelqu'un. Par contre au niveau des thèmes qui me sont chers j'aime beaucoup David Lynch, Howard Phillips Lovecraft et plus généralement le cinéma de l'étrange, le fantastique, la science fiction.

Est-ce que le fait d'avoir fait des études en littérature, des études de montage vous aide dans votre métier de réalisateur à concevoir réalisation et écriture ?

Oui car j'aime l'idée de réaliser ce que j'écris, plutôt que ce que quelqu'un d'autre a écrit. Généralement j'aime écrire un film et une fois qu'il est écrit on ne peut pas se dire : « voilà, j'ai le scénario, c'est fait !» Non il faut le transformer en film pour que ça devienne quelque chose que les gens vont apprécier. On ne va pas donner son script à quelqu'un pour qu'il le lise car ce n'est pas un roman c'est destiné à passer à l'écran et selon moi la meilleure personne pour réaliser un film c'est celui qui a écrit le scénario car elle maîtrise l'histoire.

Vous êtes sélectionné pour le festival du court de métrage de Dublin qui se tient du 5 au 7 mai, comment avez-vous fait ?

Tout d'abord il faut savoir que quand on termine un court-métrage, on l'envoie à des tas de festivals puis on attend une bonne ou mauvaise nouvelle. Là j'attend encore des réponses pour des festivals qui se tiendront en décembre un peu partout dans le monde. Pour Dublin ils avaient fait un appel, je leur ai donc envoyé, j'ai reçu une réponse il y a deux semaines pour me dire qu'on avait été sélectionnés. Avant ça le court-métrage a été sélectionné aux Etats-Unis, au Mexique, un festival à Londres, en Nouvelle-Zélande. On a eu un bon retour ce qui fait plaisir.

Qu'est ce que cela vous apporte de participer à un festival ?

Être sélectionné me permet de montrer le film, ce qui me rend à chaque fois content et c'est une chose essentielle car on ne fait jamais de film pour soi, on le fait pour que des gens le voient. Si on a de la chance on peut remporter des prix et être sélectionné par un festival prestigieux et à ce moment là ça aide à se faire connaître. J'espère qu'une personne quelque part dans le monde va voir le film et va se dire que c'est vraiment bien et qu'elle aimerait prendre contact avec les gens qui l'ont réalisé ce serait le bon moyen pour embrayer sur le long métrage.

Mathilde Dandeu (Lepetitjournal.com/dublin) Mercredi 26 avril

Pour plus d'infos sur le Dublin Sci-Fi Film Festival: https://www.dublinscifi.com/

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Publié le 2 mai 2017, mis à jour le 3 mai 2017

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