Édition internationale

GRAVURE – La manière noire d'après Guy Langevin

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

La manière noire est une technique de gravure peu connue et peu répandue. De passage en Irlande, l'artiste Guy Langevin, un des rares à la pratiquer, nous en dit un peu plus

Photo: Guy Langevin/Laura Béheulière

La technique est singulière. Tous les graveurs ne la connaissent pas. On l'appelle la manière noire, ou mezzotint, de l'italien mezzo-tinto qui signifie "demi-teinte". Il s'agit d'une méthode de gravure en creux. Guy Langevin, graveur québécois, la pratique depuis plus de 25 ans. "Cela consiste à abîmer la surface d'une plaque de cuivre avec un instrument appelé berceau, en faisant des petits points, des petits creux, explique-t-il. On passe ensuite avec un grattoir pour créer des aplats qui créent les zones de lumières et l'on coupe le métal hérissé que l'on polie avec un brunissoir." L'encre est ensuite appliqué puis la plaque mise sous presse. Le dessin est imprimé sur du papier pur chiffon, préalablement humidifié afin qu'il agisse comme une éponge.

"Cette technique a la réputation de prendre une éternité, confie Guy Langevin. Mais cette image est surfaite ! C'est long, en effet, mais pas si monacale." Apparue aux alentours des années 1700, la manière noire reste une technique très traditionnelle et manuelle, à laquelle il tente d'apporter quelque chose de différent: "J'essaye de produire du nouveau, avec des images d'actualité qui ressemblent à ce que l'on pourrait avoir avec d'autres médium comme la photographie." D'après l'artiste québécois, seules 3 à 4.000 personnes pratiquent la manière noire de façon sérieuse dans le monde. "2 à 3.000 d'entre elles apparaissent régulièrement dans les forums et expositions, précise-t-il. Parmi elles, une centaine dirige vraiment."

Technique de partage et d'échanges
Si la manière noire est une technique traditionnelle, elle est, comme la gravure de façon générale, un art d'échanges et de partage. "La gravure a un statut particulier dans le milieu de l'art. Si on veut en faire, il faut aller là où il y une presse, car on ne peut pas en transporter dans nos bagages ! Les ateliers sont donc des lieux où les artistes se retrouvent et partagent le matériel, travaillent ensemble", raconte Guy Langevin. L'artiste a son atelier de groupe au Québec, lequel possède une résidence d'accueil des graveurs, ainsi que son propre atelier où il garde une place  libre pour qui voudra y travailler. Artiste à la carrière internationale, Guy Langevin travaille lui-même d'atelier en atelier, à travers le monde entier, ce qui réserve parfois quelques surprises. De la Chine aux États-Unis en passant par la Bosnie ou le Portugal, chaque atelier a ses défauts, ses limites, ses carences: "On se met toujours en déséquilibre lorsqu'on travaille ailleurs. Mais quand il y a une difficulté, le sport est de la surmonter!"

Lors de sa collaboration avec le Belfast Print Worshop au mois d'août, sa toute première en Irlande, Guy Langevin a pu réaliser deux ?uvres dans les meilleurs conditions, l'atelier offrant un matériel de qualité. Ses deux nouvelles toiles s'inscrivent dans sa série parfum de mémoire, regroupant des ?uvres qui utilisent le corps humain en mouvement dans un ensemble non identifiable. Très fantomatique, on peut y distinguer des formes qui sortent de la pénombre. Plus tard, il espère revenir en Irlande, à Dublin probablement, qu'il trouve très intéressante. Mais pour l'instant, son principal projet est de s'enfermer dans son atelier: "Voyager est très intéressant mais distrayant. Je veux repenser mon travail, pour ne pas en arriver à me copier !"

Laura Béheulière (lepetitjournal.com/dublin) Mardi 31 août 2010

logofbdublin
Publié le 31 août 2010, mis à jour le 13 novembre 2012
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