En préambule du sommet de l'ONU sur le climat qui s'ouvrira le 7 décembre à
Copenhague, le scientifique Jean-Pascal Van Ypersele présentait la
semaine dernière à Dublin les dangers et les conséquences
du réchauffement climatique. Des mesures rapides et nécessaires sont préconisées, sonnant comme un ultime avertissement.
(Un ours polaire lors de la fonte des glaces - Photo http://www.ipcc.ch)
"Presque tout est allé plus vite que ce que nous avions prévu. Les émissions de gaz à effet de serre, l'évolution des températures, la hausse du niveau des mers, la fonte des glaciers polaires? Il va devenir très vite impossible d'éviter un changement climatique majeur, supérieur aux 2° C de plus évoqués comme limite de l'acceptable, si des décisions importantes ne sont pas prises à Copenhague », commence avec un sourire inquiétant Jean-Pascal Van Ypersele, professeur à de l'université catholique de Louvain en Belgique. Avec ses collègues du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Jean-Pascal Van Ypersele vient de finir un document à l'usage des décideurs de Copenhague, commandé par l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Le GIEC est le lieu d'expertise de référence pour le sommet visant à synthétiser des travaux menés dans tous les laboratoires du monde entier, afin de proposer des solutions au réchauffement climatique.
6 degrés en plus en 2100
Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. On note déjà, à l'échelle du globe, une hausse des températures de l'atmosphère et des océans, une fonte massive de la neige et de la glace et une élévation du niveau de la mer. Les scientifiques prévoient une augmentation d'environ 6°C sous toutes les latitudes d'ici à 2100 et une élévation du niveau de la mer d'environ un mètre. « En Europe, on s'attend à ce que les changements climatiques amplifient le risque d'inondations éclair à l'intérieur des terres, des inondations côtières et une érosion accrue liée aux tempêtes et à l'élévation du niveau de la mer, explique le scientifique belge. Dans le Sud, de nombreuses sécheresses et incendies sont attendus. »
Le réchauffement de la planète est lié aux trop nombreuses émissions de dioxyde de carbone (CO2) produites par l'homme. « Le dioxyde de carbone réchauffe assez lentement la Terre. Mais ce qui nous inquiète, c'est que si l'actuel réchauffement continue à cette vitesse, il va libérer un autre gaz, le Méthane, qui se trouve en masse au fond des océans et sous la couche polaire qui est en train de fondre. Avec le Méthane, le réchauffement ira 10 fois plus vite qu'avec le dioxyde de carbone ! Et là, nous ne savons vraiment pas ce que cela engendrera...»
Le sommet de Copenhague
Les engagements de Kyoto ratifiés par 175 pays et entrés en vigueur en 2005 prennent fin début 2013. Un accord international de lutte contre le réchauffement climatique doit lui succéder: c'est tout l'enjeu du sommet de Copenhague. Ce nouvel accord permettra de redéfinir les mesures de lutte contre le réchauffement climatique à mettre en oeuvre dans les pays participants: développement des énergies renouvelables, réduction du recours aux énergies fossiles, contraintes sur certaines industries polluantes, recours aux véhicules moins émetteurs de CO2, développement des transports collectifs...Les scientifiques du GIEC demandent aujourd'hui aux nations présentes une réduction d'émissions de gaz à effet de serre de minimum 40% d'ici à 2020.
« Devenez végétarien »
Dernier message à l'adresse des citoyens de la Terre : Jean-Pascal Van Ypersele incite à devenir végétarien. Contrairement aux idées reçues, le cycle de la viande (nourriture, bétail, transport) serait le secteur qui émet le plus de gaz à effet de serre : « Si la population du Royaume-Uni cessait de manger de la viande 7 jours sur 7, 91 mégatonnes d'émissions de gaz serait évitées. Dernier conseil : devenez végétarien, écolo et nous sauverons ensemble la planète ! »
Manon Loubet (www.lepetitjournal.com/dublin) Lundi 30 novembre 2009
Pour plus d'infos : Site officiel du GIEC http://www.ipcc.ch/
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