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FEMMES PIRATES - Flamboyantes Irlandaises

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 mars 2016

Parallèlement aux féministes qui luttent pour les droits des femmes  et obtiennent au bout d'un travail acharné la modification des lois, il existe  des femmes qui ont lutté en free lance. Décidées à ne rien  demander, elles se sont travesties en hommes pour jouir de la  liberté que la société leur refusait.  Les travesties de l'histoire  paru chez First  retrace leurs aventures palpitantes. Parmi les intellectuelles, les créatrices, les guerrières, les savantes et les aventurières, travesties en hommes pour vivre libres, les femmes pirates tiennent une place de choix.

La puissance évocatrice des femmes pirates

Les femmes pirates fascinent : le travestissement représente la  transgression d'un tabou religieux et social très fort et renverse  l'ordre établi. En outre, les femmes pirates surprennent par un désir d'ailleurs  puissant, une  violence inouïe, une fougue et une énergie pour échapper à la vie misérable que leur réservait la société. Parmi les flibustières,  la légende retient les noms d'Anne Bonny et de  Mary Read qui se sont travesties en hommes, travestissement obligatoire puisque les marins,  livrés aux puissances incontrôlables de la mer, sont très superstitieux et sur un bateau, il est dit  qu'une femme porte malheur.

Deux vies qui commencent mal

Anne Cormac, née en 1702 à Cork (Irlande) est la  fille illégitime du procureur William Cormac et de sa domestique Mary.   William, chassé par sa riche épouse,  s'enfuit en Caroline du Sud avec Mary et  le bébé. Lorsque Mary meurt, Anne  devient rebelle,  coupe ses cheveux, s'habille en homme,  fréquente les tavernes et s'acoquine avec les mauvais garçons dont James Bonny qui l'épouse et l'emmène à New Providence  repère de pirates aux Bahamas. Une aubaine pour cette  audacieuse qui n'hésite pas à tirer sur le premier qui lui manque de respect. Mais James est  un pleutre, il  renonce à la piraterie pour un lopin de terre. Anne s'enfuit avec un  pirate  plus audacieux,  le bouillant  Jack Rackham

Mary née vers 1685 à Plymouth  est la fille illégitime d'une servante. L'enfant fut  travestie en garçon par sa mère pour percevoir une pension Voilà pourquoi, Mary  s'engagera  comme marin et ensuite comme hussard. Le « petit hussard » devient l'aide de camp d'un maréchal des Logis nommé Read. Amoureux l'un de l'autre, ils se marient, doivent s'enfuir. Lorsque son mari meurt, Mary  sans ressources, reprend son costume de marin,  s'engage sur un négrier et croise le destin d'Anne Bonny.

Une rencontre  romanesque

La rencontre des deux personnages Anne Bonny et Mary Read se  passe sans doute sous le signe du trouble, trouble amoureux et  trouble identitaire. Adam Bonny (Anne) écume la mer des Caraïbes en compagnie de Jack Rackam. Un jour, peut-être  dans  quelque port  grouillant de pirates, Adam Bonny (Anne)  rencontre un jeune marin fort sympathique : Willy Read. L'entente est immédiate.  Adam Bonny (Anne) force un peu la main de Jack pour qu'il enrôle le jeune  Willy (Mary)  tombé sous le charme d'Adam Bonny(Anne). Les deux femmes ne se quitteront plus. Leur amitié ( ou plus ) envahissante et sans doute orageuse ne dérange personne : sur les bateaux pirates, les m?urs sont plus libres,  l'homosexualité y  est tolérée par exemple dans la coutume du matelotage.

 La vie à bord

Lors des combats, Anne et Mary se battent comme des hommes, à la machette et au pistolet. Grâce à leur bravoure, l'honneur  d'aborder en premier le navire ennemi  leur revient, à elles, les deux femmes pirates ! On raconte que Mary,  portant le coup final à son adversaire dénudait sa poitrine  non seulement pour montrer à l'agonisant  le courage des femmes mais aussi pour l'humilier au seuil de la mort. Comme tous les pirates, ces exclues  n'ont personne à qui transmettre leur bien et savent que leurs jours sont comptés : elles pillent, tuent et gaspillent leur butin dans la joie sauvage de l'instant présent. Sur le bateau, pourtant, la vie est difficile : l'ennui, les conditions d'hygiène douteuses, les  rats, le scorbut,  les  querelles et  la promiscuité pourraient décourager les plus braves. Mais   pour ces  exclus du monde, ces parias, le bateau demeure un univers clos et protecteur où règne une solidarité fragile mais réconfortante.




La fin de l'aventure

En 1720, le gouverneur des Bahamas décide de mettre un terme à la piraterie. Le  bateau des pirates ne peut résister à un navire  bien armé d'autant que, ce jour là,  Jack et ses compagnons, cuvent leur vin  dans la cale. Malgré les invectives et menaces d'Anne et de Mary, ils ne se défendent pas, seules les deux  femmes se battent ?

Le 16 novembre 1720, tout l'équipage pirate  emprisonné à Spanish Town en Jamaïque est condamné à « danser la gigue au bout du chanvre ». Anne aurait murmuré à Jack en guise d'adieu : « Si tu t'étais battu comme un homme, tu n'aurais pas à être pendu comme un chien » Peu après, tous sont pendus haut et court : haut pour que chacun constate  le sort réservé aux hors la loi, court parce qu'aucun d'eux ne mérite la corde pour se pendre. 

 Anne et Mary   sont condamnées à la pendaison le 28 novembre 1720, mais elles se déclarent enceintes. La loi interdisant d'exécuter une femme enceinte, elles échappent à la sanction. Mary meurt de fièvres ou d'une fausse couche en prison. Anne est miraculeusement libérée en décembre 1720. Est-ce son père, riche planteur qui a soudoyé les juges ?

Le temps des légendes

 Puis  on raconte qu'Anne  a repris la mer tout comme Mary qui aurait feint la mort pour s'évader. On prétend également  qu'Anne se serait mariée, aurait eu cinq ou huit enfants  et aurait coulé des jours paisibles en Virginie jusqu'à un âge avancé. Films, opéras, récits content les aventures de ces femmes pirates  dont les exploits ont marqué les esprits. Elles ont contribué, comme les femmes travesties en hommes  à faire reculer  les préjugés sur la faiblesse et la pusillanimité féminine.    

Hélène Soumet

A lire : LES TRAVESTIES DE L'HISTOIRE  paru chez First par Hélène Soumet

Site de l'auteure :  www.helene-soumet.fr

logofbdublin
Publié le 9 mars 2016, mis à jour le 10 mars 2016
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