Laurent Rigaud notre élu des français de l’étranger depuis 2014, qui participe à l’Assemblée des Français de l’étranger pour la circonscription de l’Asie Centrale et du Moyen Orient, membre de la Commission des Affaires Sociales et des Anciens Combattants… Un titre administratif bien long pour une personnalité à l’opposé de toute formalité et circonspection officielle : Laurent Rigaud c’est l’homme de proximité par excellence, ayant « la solidarité et l’entraide » au coeur depuis toujours, accessible, impliqué, un membre incontournable de notre communauté et à son service avec beaucoup de générosité.
Lepetitjournal.com/dubaï : Vous êtes une figure de la communauté francophone mais comme chaque année beaucoup de nouveaux arrivants ont débarqué et ne vous connaissent pas encore, qui êtes vous Laurent Rigaud ?
Laurent Rigaud : Je suis le conseiller des français de l’étranger. Contrairement à ce que beaucoup imaginent, on travaille avec le consulat mais pas pour le consulat, je suis bénévole, non pas employé. Nous sommes élus par la communauté locale, ce qui ne fait pas du tout de nous des employés du consulat, bien que nous ayons développé une relation de travail étroite faite d’échanges constants. Nous sommes 5 élus pour les Emirats et Oman, qui travaillons tous bénévolement pour la communauté, et nous ne faisons pas de politique entre nous, notre priorité c’est le service à nos compatriotes, on s’implique au quotidien. À Paris, je suis en outre conseiller à l’Assemblée des français à l’étranger (AFE), c’est-à-dire que je suis élu par les 23 conseillers consulaires de notre circonscription pour les représenter à Paris. J’ai voulu y participer, parce que c’est un autre travail que celui que je fais sur le terrain. L’Assemblée est composée de six commissions pour 90 élus, ce qui permet de s’attacher aux grandes préoccupations des français de l’étranger comme la fiscalité, les lois, la sécurité etc. Moi je suis membre de la commission des Affaires Sociales, et des anciens combattants, c’est aussi la suite logique de mon engagement associatif de longue date.
Comment les informations se transmettent des sources officielles jusqu’aux ressortissants ? Comment agissez-vous concrètement ?
Bien entendu la base d’information c’est le site du consulat, c’est aussi là que l’on trouve toutes les informations concernant chaque élu. Moi j’essaye de communiquer aussi par mes propres moyens, je publie deux newsletter par an, en particulier au retour de l’AFE, j’alimente une page FB. Mais disons que la majorité de mon action c’est une action locale, une implication très concrète dans la vie de mes compatriotes. Par exemple je participe à tous les conseils d’établissements scolaires, aux conseils d’attribution des bourses, au CCPAS le Comité d’Action Sociale, aux conseils consulaires… le socle commun à toutes ces actions c’est toujours le souci de faire remonter les préoccupations et les problématiques de notre communauté jusqu’au consulat. Je suis accessible, facile à joindre, on trouve mon numéro aisément, je suis disponible au téléphone, en rendez-vous ou en visioconférence.
Un conseil particulier pour nos compatriotes ?
S’il y a quelque chose que je voudrais transmettre c’est que les gens souvent se résolvent à me contacter en dernier recours, quand leurs problèmes ont déjà atteint le point de non retour, mais il ne faut pas hésiter d’abord à s’inscrire avant tout au consulat et à consulter le site du consulat qui offre déjà une foule de réponses pratiques, ni surtout à demander conseil avant que les choses aient empiré. S’expatrier doit s’inscrire en contrepartie dans une démarche responsable : il faut s’appuyer sur son réseau certes, mais il faut aussi se responsabiliser, être conscient des risques, et des devoirs qui incombent à tous les résidents des Émirats. Après heureusement je ne gère pas que les situations dramatiques, j’interviens aussi dans des cas pratiques, mais toujours pour simplifier ou améliorer la vie des français à l’étranger. Par exemple cet été les jeunes détenteurs du permis de conduire Émirien rencontraient des problèmes pour le faire valider en France, et nous sommes intervenus pour simplifier la procédure. Nous sommes aussi une source d’information en sens inverse : à savoir comment clôturer sa situation aux Émirats et rentrer en France, il y a des familles qui ont été expatriées plus de 10, parfois 15 ou 20 ans : on est forcément complètement déconnecté de la vie en Métropole. Par exemple nous avons obtenu qu’avec la pandémie la carence de 3 mois de la sécurité sociale soit levée, et aussi un certain nombre d’aides pour les français de l’étranger.
Vous êtes très impliqué dans le tissu associatif, et pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, vous êtes aussi le “Monsieur Savoie” des Émirats ?
C’est une passion qui me vient de mon grand-père avec qui je passais beaucoup de temps, il était assez extraordinaire, très impliqué lui aussi dans la vie de sa région, régionaliste, écologiste et Européen avant l’heure, ardent défenseur de la Savoie, de son histoire, du patois… à 6 ans déjà il me traînait partout, dans toutes ses réunions, et mon envie de m’impliquer dans ma communauté vient de lui sans aucun doute. Je suis expat depuis 1983, et je ne suis jamais rentré vivre en France, mais j’ai emmené partout la Savoie avec moi. Nous venons d’un petit patelin de 400 habitants, d’où ma famille est originaire depuis plus de 800 ans, c’est vraiment mon identité et ça me tient très à coeur. Quand je suis arrivé aux EAU c’est un simple groupe de copains de la Savoie qui se retrouvaient régulièrement, puis c’est l’idée de représenter l’UMAS (Union Mondiale des Associations Savoyardes) ici, de le développer à l’étranger… avec toute une série d’activités sympas comme la désormais fameuse « tartiflette dans le désert », faire venir l’ESF pour faire passer les Etoiles aux enfants à Ski Dubaï, inviter un champion du monde ou olympique comme nous le faisons depuis dix ans déjà pour les faire skier avec les jeunes, inviter des personnes incroyables comme ce jeune berger de 15 ans ou un MOF (meilleur ouvrier de France) en fromagerie, des groupes de cor des Alpes, et le festival Alp’Fest qui a un énorme succès depuis 5 ans. C’est un rassemblement qui se définit vraiment par la proximité et la convivialité, nous n’avons pas souhaité l’envisager en “virtuel” cette année, mais je suis certain qu’il reviendra bientôt avec encore plus de moments merveilleux à vivre ensemble… Aujourd’hui je suis finalement devenu une sorte d’ambassadeur informel (rire) et le président des “Savoyards du monde” une association créée en 1933 – qui s'appelait alors l' « Union mondiale des Savoyards » et qui regroupait la trentaine d’associations de Savoyards de Paris et en province. Il s'agissait en fait de mutuelles ou philantropiques, bien avant la Sécurité sociale, qui rassemblaient des Savoyards issus d'une même vallée ou de villages proches. Comme l'UFE, ce sont des associations fondées sur une logique d'entraide et de solidarité, des valeurs essentielles à mes yeux.
Quel est votre sentiment sur l’année passée?
Les Émirats sont extrêmement proactifs, on voit très clairement que le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour aller de l’avant et gérer la crise de la façon la plus sécuritaire, et intelligente possible. En juin j’ai participé à une réunion du gouvernement qui avait rassemblé des représentants de toutes les communautés en ce sens : pour leur transmettre l’importance de la nécessité des mesures prises, et on a très bien eu conscience d’à quel point le gouvernement était préparé sur ce sujet, sur les règles à appliquer, sur les modalités du confinement. Il fallait inspirer confiance et je crois qu’ils ont vraiment réussi de ce point de vue. Un énorme effort a été fourni dans toutes les strates de la société et je suis confiant dans une reprise économique. Je travaille dans l’hôtellerie et nous misons tous sur une reprise fin de l’année début de l’année prochaine. Les conditions de sécurité sanitaire sont en place.
Est-ce que la communauté française a beaucoup souffert de la crise économique induite par le Covid ?
Disons que par rapport à d’autres, les français travaillent dans une multitude de secteurs professionnels, très différents, nous ne sommes pas mono thématiques, et je dirais que dans la majorité nous sommes « passés entre les gouttes », même si bien sûr avec les licenciements massifs, il y a eu des situations très difficiles et des départs. D’ailleurs j’en profite pour rappeler qu’il y a des aides d’Etat mises en place par le gouvernement pour les français à l’étranger, il faut absolument aller voir le consulat et constituer un dossier, ne pas hésiter surtout. Je sais qu’au début la mise en place et la constitution du dossier étaient un peu compliquées, mais la procédure a été très simplifiée et vraiment, pour qui en a besoin, quiconque a subi une perte de revenu conséquente, il ne faut pas hésiter.
Votre Dubaï, ce que vous aimez particulièrement ici ?
Ce que j’aime particulièrement ici c’est me lever toujours avec le soleil, marcher sur la plage même si je suis montagnard dans l’âme (sourire), j’apprécie le bord de mer et le désert : il faut aller voir les dunes, Liwa, c’est extraordinaire, ne pas passer à côté de ces merveilles. Et puis je trouve que les Émirats sont un pays de l’accueil, on est bien accueilli ici, à bras ouverts, avec tolérance : ce n’est pas un vain mot. Et j’apprécie d’avoir donné à mes enfants une éducation polyglotte, ouverte sur le monde et ayant gardé un lien fort avec le français.
Laurent Rigaud
Conseiller à l'Assemblée des Français de l' Etranger pour l'Asie centrale et le Moyen-Orient
Conseiller des Français de l'Etranger aux Emirats arabes unis et le Sultanat d'Oman
Vice-président du conseil consulaire de Dubaï
Président du French Community Club Dubai
Président des Savoyards du Monde
Président de l'Amicale des Savoyards aux Emirats Arabes Unis
Vice-président du Savoie Business Group
Vice-président de l'association Les Enfants du Levant