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Hugues de Vaulx – une fenêtre sur les cultures

Hugues de VaulxHugues de Vaulx
Écrit par Marie-Jeanne Acquaviva
Publié le 27 mars 2021, mis à jour le 27 mars 2021

Tolérance, Diversité, Multiculturalisme… tous ces grands mots brandis par les gouvernants de Dubaï sont parfois vus de l’étranger comme une simple campagne médiatique. Mais pour qui vit sur le sol des Émirats, il est au contraire très simple de constater à quel point ces grands principes sont vécus et implémentés très concrètement dans notre vie quotidienne. Un « vivre ensemble » qui fonctionne, malgré les défis de ce melting pot à l’orientale, et qui surprend toujours les nouveaux arrivants. Aujourd’hui nous allons à la rencontre d’Hugues de Vaulx, un expatrié guidé par sa curiosité de l’autre, avide d’aller à sa rencontre et de découvrir toutes les expériences d’altérité que celui-ci peut lui offrir. Un expatrié modèle en somme, et avec un très beau projet en cours.

 

 

Lepetitjournal.com/dubai : Qu’est-ce qui vous a attiré dans Dubaï ?

 

Hugues de Vaulx : Ma femme travaille pour Air Liquide. Nous étions en expatriation en Inde et nous parlions du prochain poste. Lorsque Dubaï venait dans la conversation, c’était plutôt évoqué comme un endroit où nous ne voulions pas aller…(rires)  J’avoue, nous avions à son égard beaucoup de préjugés. Et puis, grâce à des amis qui y vivent, nous avons revu nos jugements hâtifs : c’est un pays avec une vraie culture, des racines et mille choses à découvrir. Oui, nous nous sommes rendu compte que nous étions idiots (rires) et aujourd’hui, nous sommes ravis d’avoir choisi Dubaï.

 

Quel est l’argument qui vous a convaincus en particulier ?

 

Les discussions avec nos amis bien entendu,  mais aussi la lecture du livre « Le Faucon » (Gilbert Sinoué), que j’ai adoré, et puis la fin du documentaire d’ « Échappée Belle » consacré a Dubaï, en particulier le passage dans l’immensité du désert, avec Marco Abadie, qui est d’ailleurs un ami d’enfance avec lequel j’ai repris contact depuis (grâce à un article du Petit Journal !) Disons que c’est une série de découvertes qui nous surprennent, et qui nous montrent une beauté, et des choses qu’on n’imaginait pas et que l’ont peut aimer : on comprend qu’on va pouvoir y trouver notre bonheur.  Nous voilà donc motivés à bien réussir ce projet.

 

Pour cela vous vous préparez ?

 

Oui, grâce à Air Liquide, nous avons la chance d’être accompagnés dans nos expatriations par une personne experte dans les relations Interculturelles, Audrey Chapot. C’est elle qui nous aide à bien clôturer le chapitre de l’Inde, et à ouvrir celui de Dubaï sous de bons auspices. Il se trouve que le sujet des relations interculturelles me tient à cœur. Je participe notamment au projet de l’association Tellus . Un projet fantastique, né de deux amies, qui en voyageant aiment partager leurs expériences. Elles font le constat que l’on se pose beaucoup de questions lorsque l’on est confronté à d’autres cultures, et qu’il serait enrichissant de pouvoir s’échanger ces expériences et trouver des réponses aux questions qu’elles suscitent. Tellus cultures est donc une association d’une trentaine de personnes qui s’engagent tout simplement à raconter des expériences interculturelles, sur des sujets très variés comme l’audace, la perception du temps, le respect et la politesse, etc.… et à les partager. Ce sont des histoires courtes qui poussent à l’échange, à la compréhension d’autres cultures, au questionnement. L’enjeu est de tirer le meilleur de la diversité du monde, et j’aime cela. J’ai aussi le projet de réunir dans un livre différentes expériences interculturelles vécues aux Émirats Arabes Unis, collectées par Tellus, complétées par des témoignages et regards bienveillants d’Émiratis, permettant de transmettre les bases de cette culture si riche.

 

Mais ce n’est pas votre seul projet ?

 

Non, mon projet principal actuellement (sourire) c’est de publier un guide original de Dubaï, un « vrai » guide à partir d’histoires de vies de personnes passionnées par Dubaï. ...  Pour moi c’est avant tout un bon moyen de connaître Dubaï, de m’y intégrer et aussi tout simplement de m’y faire connaître professionnellement. J’ai eu longtemps une entreprise de Conseil en Responsabilité Sociétale, Coop alternatives . J’ai beaucoup aimé ce travail mais, peu à peu, j’ai eu le sentiment que ce marché de la RSE devenait hypocrite et superficiel. Puis, arrive notre expatriation, et je me pose bien sûr la question de ce que je vais pouvoir faire en Inde. J’aime la communication, sous toutes ses formes : écrite, visuelle, audiovisuelle, les photos, la radio. J’aime tous les médias. Du coup, j’ai créé histoires2vies  et suis devenu biographe d’entreprise : j’aime raconter les histoires d’entreprises familiales.  Pour cela, je me base sur trois piliers : les valeurs, la raison d’être et la vision. J’interview les parties prenantes et je leur fait raconter des moments marquants où les valeurs de l’entreprise se sont incarnées dans une réalité en orientant les décisions ou les comportements. J’enquête sur sa raison d’être, son utilité et enfin travaille aussi sur sa vision des enjeux et défis prioritaires à relever pour le futur, sur toutes les raisons qui font qu’elle existera encore à très long terme… Ma cible prioritaire ce sont les nouveaux entrants : ces histoires sont racontées d’abord pour eux. C’est une aide précieuse pour donner du sens à leur nouveau travail, les aider à découvrir la culture et la vision de l’entreprise qu’ils intègrent. Je le fais aussi pour des particuliers qui souhaitent transmettre à leurs enfants ou petits-enfants l’essentiel de leur vie ou pour des personnes en fin de vie.  Biographe est un métier passionnant. On rentre dans l’intimité des personnes, dans ce qu’elles souhaitent transmettre de leur vie. C’est extrêmement émouvant. Bien entendu, un rapport de confiance est indispensable. Toute personne qui se confie à moi est maître de son récit. Je n’en suis que le facilitateur. J’aime aussi proposer de recueillir ces histoires, non seulement par l’écrit mais aussi à travers des photos, des enregistrements audio et vidéo : quand on a la possibilité d’écouter la voix d’une personne décédée, c’est vraiment touchant. J’ai pris vraiment conscience de cela en découvrant le témoignage d’Emile Naoumoff sur l’héritage de Nadia Boulanger.

 

 

Comment choisissez-vous les personnes qui vont participer au guide « Dubaï, histoires de vies » ?

 

Ce sont des passionnés, des personnes qui ont envie de partager sincèrement leur Dubaï, leurs bonnes adresses, leurs recommandations, leurs endroits favoris, les activités qui leur plaisent, leurs conseils… J’ai eu la chance aussi de pouvoir associer à ce projet une personne qui est reconnue localement comme la guide référente de Dubaï, Nathalie Van de Vrede (mytourstudio), elle aussi une vraie passionnée. Ce qui m’a le plus fait plaisir en me lançant dans cette initiative c’est de découvrir les passions qui animent tous ceux que je rencontre : qu’ils soient arrivés à Dubaï par hasard, ou en suivant leur conjoint, ou parce qu’ils souhaitaient s’installer ici, il ont tous cet enthousiasme et cette passion sincère pour Dubaï qu’ils partagent facilement. Et puis, comme la diversité est vraiment ce qui me passionne à mon tour, j’apprécie énormément de rencontrer des gens de tous bords, de tous horizons avec des métiers si variés, des artisans, des artistes, des entrepreneurs…  Par affinité et facilité je m’intéresse d’abord à la communauté francophone, aussi parce que c’est une communauté très variée, dynamique, riche et attachante, avec des profils de personnes incroyables, dont les histoires de vies méritent un coup de projecteur… Mais je ne considèrerais ce projet complet qu’après avoir rencontré toutes (ou presque) les nationalités de Dubaï : plus de 200 pays qui vivent ensemble, en harmonie, dans une même ville, c’est fascinant tout de même !

Une fois encore c’est la diversité qui est au cœur de vos passions finalement ?

 

En lisant le très bel ouvrage Celebrating Tolerance, j’ai découvert  que le mot utilisé en arabe pour décrire la tolérance est  « tasaamu ». Dans le dictionnaire arabe, être tolérant signifie « traiter les autres de manière bienveillante, avec de l’indulgence, pardonner, être généreux, magnanime, gentil, avoir les mains ouvertes. » En Occident, « être tolérant vis-à-vis d’une autre personne » peut avoir une autre signification, plus ambivalente, parfois négative. Aux Émirats Arabes Unis, les personnes « handicapées » sont appelées des personnes « déterminées » Ici, chaque personne est confrontée au quotidien à la diversité. Du coup, les mots prennent un sens différent, plus juste car « vécu pour de vrai ». Quand on s’intéresse à « ce qui unit plutôt qu’à ce qui désunit », « l’impossible devient possible. » Et oui, la diversité qui règne ici est extraordinaire, et je me réjouis à chaque nouvelle rencontre d’apprendre à connaître Dubaï plus en profondeur !

 

Appel a témoin :

 

Vous êtes francophone et vivez à Dubaï. Vous vous y sentez comme un poisson dans l’eau, vous avez envie de partager votre expérience et ce qui la rend réussie ? Contactez Hugues ici : contact@histoires2vies.fr – 0586333814

 

 

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Publié le 27 mars 2021, mis à jour le 27 mars 2021

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