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AGRICOOL - Les fermiers de demain

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Écrit par Marie-Jeanne Acquaviva
Publié le 11 juillet 2019, mis à jour le 11 juillet 2019

Agricool, mais qu’est-ce donc? Pourquoi cool? Et agri? Comme agriculture? Mais oui, l’agriculture de l’avenir : c’est une start-up française, qui existe depuis 2015, fondée par deux commerciaux certes, mais fils d’agriculteurs grandis les pieds dans le potager. Le pitch? Comment faire pour retrouver en milieu urbain des fruits et légumes frais, bons, et sains? Des étoiles (ou plutôt des fraises) pleins les yeux, ils croient dur comme fer en une “agriculture du futur”, et ici encore plus qu’ailleurs, dans la ville ou le mot “futur” justement se conjugue déjà au présent, on a envie d’y croire - surtout quand on a goûté leurs fameuses fraises!

 

 

Lepetitjournal.com/Dubaï : Comment vous différenciez vous d’une offre déjà pléthorique? Certes la ville n’est pas la campagne et Dubaï est loin de la Normandie, mais l’on trouve quand même beaucoup de produits frais que ce soit en supermarché ou en livraison directe, donc pourquoi choisir Agricool ?

 

Georges Beaudoin - International Operations Manager Agricool : D’abord qu’est-ce que ça veut dire frais ? Car on vous vend souvent des “fruits frais” qui en réalité ont déjà parcouru des milliers de kilomètres en camion (1200 en moyenne rien qu’en Europe du champ à votre panier) ou en avion (et là ne comptons plus les kilomètres, ça vaut mieux). Ce qui signifie premièrement qu’ils ont été cueillis verts ou “blancs”, qu’ils ont été ensuite sélectionnés pour leur capacité à supporter le transport (et non sur leur maturité ou leur goût), qu’ils ont subis des traitements chimiques supplémentaires pour les préserver durant le-dit transport, qu’ils ont donc déjà supporté en tout cas au minimum 48 heures de frigo….que reste-t-il de la fraicheur à ce moment là lorsque vous achetez votre barquette en supermarché? Franchement je ne sais pas… D’autant qu’il faut savoir aussi que si l’on parle de nutrition, là, même si votre fraise au départ elle est issue d’agriculture certifiée biologique, chaque 24h qui passe et qui la sépare du moment de la cueillette on va perdre en tout cas 50% de teneur en vitamine C. Avec une telle distance entre le lieu de production et de consommation, on va se retrouver malgré toute la bonne volonté du monde avec un fruit ou un légume où il ne reste quasiment plus de nutriment.

 

Quelle est votre solution : produire localement ? Mais vous ne pouvez pas installer des fermes en ville, ni à Paris, ni à Dubaï?

 

Pourtant la solution réside bien dans le fait de produire des fruits localement, de manière plus efficace et avec des critères de qualité et de goût très stricts, mais évidement la pleine terre est impossible pour une foule de raisons évidentes dont la plus flagrante est celle de la gestion de l’espace…C’est là qu’intervient notre container magique (rires). Sur la ferme de Gonzague, l’un des fondateurs, il y avait un container inutilisé, c’est avec celui-ci que nous avons fait les premiers essais : c’est une unité très facile à déplacer, à installer, à répliquer, c’est un modèle de “micro ferme autosuffisante” qui nous a tout de suite paru très intéressant.

 

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D’accord, vous produisez en atmosphère contrôlée mais donc forcement hors -sol, alors comment vous situez vous par apport au label “bio”?

 

Alors c’est un débat bien-sûr et ça dépend des régulations de chaque pays. En France, par exemple nous ne pouvons pas prétendre au label bio car nous ne produisons pas en pleine terre (une condition sine qua non pour son obtention), mais notre modèle en soit est un modèle profondément respectueux de l’environnement : les premières tentatives se sont fait en hydroponie, mais aujourd’hui nous en sommes à l’aéroponie, c’est à dire que les racines poussent dans un brouillard de solution nutritive à base d’engrais minéraux naturels calibrés sur mesure, et les plants dans une atmosphère totalement contrôlée (l’air est filtré et la température surveillée) dans un milieu clos, ce qui nous permet en contrôlant en permanence la qualité de l’air et de l’eau de n’avoir recours à aucun type de pesticide, tout en protégeant les cultures de toute pollution atmosphérique. Or aujourd’hui qui veut faire de l’agriculture intensive en pleine terre a forcement recours à des engrais et une forme de pesticides (même en bio) et l’impossibilité de se protéger des pollutions inhérentes à l’air. Nous évitons aussi toute déperdition de l’eau car nous sommes en circuit fermé et n’en utilisons que 3m3 sur 3 mois, vaporisés en microgouttelettes qui sont totalement absorbées par les plantes, sans aucun résidu ni perte.

 

Ok, mais la question de l’éclairage (il vous faut tout de même une photosynthèse) et de la climatisation, c’est un gouffre en énergie non?

 

Bien évidement nos containers en Europe sont munis d’une climatisation et en s’implantant ici, c’était la plus grosse inconnue : est ce que le système va résister aux températures extrêmes en demeurant un modèle durable? La réponse est oui. Nous avons joué sur le climat en inversant le jour et la nuit, c’est à dire que la clim refroidissait de jour un container éteint (sans la chaleur supplémentaire de l’éclairage au led) tandis que la nuit les leds prenaient le relais. L’éclairage aux led de couleurs est aussi le choix de l’efficacité car ils permettent une photosynthèse optimale pour un coût maitrisé. Au final notre bilan carbone (provisoire, car nous sommes un prototype en pleine évolution) reste très positif. Pour vous donner une idée, l’énergie nécessaire à la production d’une de nos barquette de fraises correspond à ce que consomme votre grille-pain pour chauffer un toast. Certes cela peut être encore amélioré, mais disons que nous sommes déjà dans une zone très positive, surtout si l’on compare cette consommation énergétique à celle engendrée par la même barquette issue d’un circuit traditionnel….

 

Vous avez demarré avec une production de fraises : pourquoi ?

 

Il y a plusieurs raisons : la fraise c’est emblématique des fruits dont tout le monde se plaint qu’ils  « n’ont plus de goût » et viennent souvent de trop loin. En outre c’est un fruit très exigeant à produire, surtout dans un modèle local et de ferme verticale. Du coup, c’était un défi intéressant à relever, car si on arrive à produire des fraises - pleines de goût, sucrées, fraiches, sans pesticides, dans un modèle durable - on pourra tout faire. La fraise nous a donc énormément appris : nous avons adapté nos exigences techniques uniquement guidés par la recherche du meilleur goût et de la teneur en sucre optimale, le tout au meilleur coût, ce sont des recherches de plus de deux ans, et sur une équipe aujourd’hui de 55 personne, environ 40 ne se consacrent encore qu’à la recherche et au développement.

 

Pourquoi s’implanter à Dubaï ? Un défi, une envie ?

 

Envie de se développer internationalement. Le problème des fruits et légumes sans goût, sans valeurs nutritionnels, qui au lieu de vous apporter nutriments et vitamines finissent par être nocifs pour la santé à coup de pesticides et venant de trop loin n’est pas qu’un problème français, il est mondial. Pour faire grandir le projet on a cherché un milieu urbain où l’approvisionnement en fruits et légumes frais soit problématique et couteux. De plus, se confronter à des conditions de climat extrême était intéressant, car il y a une vraie solution innovante à apporter et auquel notre modèle répond. Donc dans notre développement international on a choisi  comme première étape les EAU. Ce pays est tourné vers l’avenir  et pour nos débuts c’est un pays qui logistiquement n’est pas trop loin de l’Europe pour pouvoir importer notre base de démarrage (containers et fraisiers)

 

Quels sont vos projets, comment voyez-vous l’avenir d’Agricool aux Emirats ?

 

Le but est d’avoir un circuit totalement local, ce qui veut dire ne plus importer mais faire et fabriquer tout sur place, et également mettre en place un circuit de distribution totalement indépendant et qui supprime toute perte ou déchet : nous réfléchissons pour les fraises donc à recycler le surplus en confitures ou en glaces par exemple. C’est aussi de continuer à optimiser notre empreinte carbone, aller vers une énergie toujours plus verte (aujourd’hui nous profitons des panneaux solaires de Sustainable City, et à Paris nous achetons de l’énergie verte et renouvelable). Nos emballages par exemples sont en cartons recyclable et nous faisons des essais pour avoir des emballages 100% compostable avec des films en amidon. C’est vraiment une démarche sincère et globale, nous voulons créer une vraie communauté, ou plutôt une “coolmunity”, implanter un container dans chaque quartier, être vraiment dans un circuit local le plus court et le plus propre possible.

 

Vous ne vivez pas à Dubaï depuis longtemps, mais est ce qu’il y a déjà quelque chose dans cette ville qui vous fait sentir chez vous ? Ce qui vous a séduit le plus ?

 

Effectivement je suis arrivé cet été, une sorte de baptême du feu dans tous les sens du terme (rires) mais j’ai tout de suite apprécié le cote « ville du futur » tellement réel, au point que si je voyais passer une voiture volante au coin d’une rue je ne serai pas plus surpris que ça ! Cette impression que tout projet tourné vers l’avenir sera bien accueilli, cette sensation aussi d’un vrai agenda, d’une volonté très forte de porter tout un pays vers demain, cette synergie de projets, ce dynamisme est vraiment très agréable, c’est un vrai engouement !

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Pour en savoir plus et intégrer la « Coolmunity » de Dubai

 

 

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Publié le 11 juillet 2019, mis à jour le 11 juillet 2019

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