COMMUNAUTE - "La France est un pays qui fait beaucoup pour ses expatriés"

Entretien avec Gilles Montagnier, Consul général de France en Argentine depuis septembre. L'occasion de faire le point sur la communauté française, qu'il encourage à se faire connaître, et sur les services offerts par le consulat.

Gilles Montagnier, Consul général de France en Argentine (photo LR/LPJ)

Le Petit Journal: Vous êtes arrivé en poste à Buenos Aires il y a peu, quelles fonctions avez-vous occupé auparavant?
Gilles Montagnier: Je suis arrivé en septembre. J'étais délégué de l'administration générale et directeur de l'Institut de formation à l'administration consulaire, à Nantes. Précédemment, j'ai été consul général à Washington, à Madrid, à Mexico, notamment. J'ai aussi ouvert notre ambassade dans le sultanat de Brunei, au moment de son indépendance.

LPJ: Connaissiez-vous l'Argentine?
G.M.: J'avais eu l'occasion de visiter le Nord: Jujuy, Salta, jusqu'à Mendoza.

LPJ: Quelles sont vos premières impressions?
G.M.: Les premières impressions sont toujours positives! Buenos Aires est une ville où il est facile de s'installer. Les gens sont accueillants, c'est une ville agréable et à bien des égards européenne.

LPJ: Combien de Français sont-ils inscrits en Argentine? Y a-t-il une évolution par rapport aux années précédentes?
G.M.: Il y a environ 15.000 Français inscrits au Consulat. Cette année, nous avons constaté une baisse après des années de hausse. C'est assez inexplicable, car même pendant la crise, notre communauté n'a jamais diminué. Nous pensons que c'est plutôt un manque de renouvellement des inscriptions [qui sont valables cinq ans, ndlr]. Et d'autres ne viennent pas au Consulat tant qu'ils n'ont pas besoin de renouveler leur passeport, qui est maintenant valable dix ans.

LPJ: Quel est leur profil?
G.M.: 80% des inscrits vivent à Buenos Aires, les autres communautés significatives sont à Mendoza et à Córdoba. Ce sont des communautés d'affaires, plus récentes. A Mendoza par exemple, de nombreux Français travaillent dans la viticulture. Sur ces 15.000 inscrits, 11.400 sont également inscrits sur les listes électorales et ont donc plus de 18 ans. Je suis un peu surpris par cette forte proportion d'électeurs. Il y a aussi de nombreux étudiants et stagiaires, qui restent généralement un an. Chez les binationaux, il y a tous les profils, du travailleur au cadre. Beaucoup sont issus de l'immigration française de la première moitié du XXe siècle, d'autres de mariages mixtes. Chez les nationaux, nous trouvons les détachés d'entreprises françaises, de moins en moins nombreux, et un nombre significatif de fonctionnaires, à l'ambassade, au consulat, dans les Alliances françaises et les lycées.

LPJ: A combien estimez-vous le nombre réel de Français installés en Argentine?
G.M.: Je me refuse à faire ce genre de prospection. Il y a aussi probablement des gens qui sont Français et qui l'ignorent. Si je rencontre quelqu'un qui est Français, je lui conseille de venir s'inscrire. Les autorités argentines estiment entre 50.000 et 70.000 le nombre de touristes français entrés sur le territoire cette année.

LPJ: On rencontre à Buenos Aires beaucoup de Français qui viennent s'installer et chercher du travail, hors des circuits des entreprises françaises et diplomatiques. Vous les connaissez?
G.M.: Certains viennent s'immatriculer, ils ne coupent pas les ponts avec la France. Aujourd'hui, le départ ce n'est plus la fuite du migrant qui crevait de faim. ça me fait plutôt plaisir de voir ces gens qui essaient de s'installer ici.

LPJ: Y a-t-il des Français en difficulté?
G.M.: Des personnes âgées, veufs ou veuves, qui ont fait leur vie ici et n'ont plus beaucoup de ressources. Une assistante sociale peut aller les voir. Et nous leur donnons une aide correspondant à une sorte de minimum vieillesse. Je crois que la France est un pays qui fait beaucoup pour ses expatriés, qui sont 2 millions dans le monde. Nous procurons aussi une aide à la scolarité, en fonction du revenu des parents.

LPJ: A quoi sert le consulat?
G.M.: A tout ce qui concerne les démarches administratives: documents d'identité ou de voyage, état-civil, actes notariés, aide et assistance sociale. C'est aussi le consulat qui attribue les visas aux étrangers.

LPJ: Et pour les élections qui se dérouleront dans quelques mois?
G.M.: Je demande à tous les Français de venir s'inscrire et de voter. On a la chance de pouvoir choisir nos dirigeants et la France est l'un des pays qui permet à ses ressortissants de voter à l'étranger. Dans les grandes démocraties, il y a de moins en moins de votants, c'est catastrophique à terme.

Propos recueillis par Laurence RIZET. (www.lepetitjournal.com) - Vendredi 22 décembre 2006

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