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BUENOS AIRES/AMOUR - Couples mixtes, Enfer ou Paradis?

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 23 décembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
Enfer ou Paradis, l'amour franco-argentin ? Le moins qu'on puisse dire, c'est que le sujet des couples mixtes suscite des réactions au moins aussi passionnées que... las letras du tango. Tentative pour y voir (à peine) plus clair
(Illustration : Pablo Criscaut)
Chloé, journaliste, et Carlos, traducteur, sont en couple depuis une vingtaine d'années. Ils ont vécu en France et en Argentine, ils sont tous les deux parfaitement bilingues et partagent leur vie familiale, amicale et professionnelle. Ils incarnent la réussite durable de l'aventure amoureuse franco-argentine. "Carlos a vécu quinze ans en France cette culture européenne en partage compte sans doute dans la longévité de notre couple", témoigne Chloé.  
Carole, elle, n'a pas tenu six mois aux côtés de son novio argentin : "Il prétendait noter l'intégralité de mes rendez-vous sur son agenda régenter mes heures de travail, mon habillement, mes amitiés et mes loisirs et au final, je me suis rendu compte que ce type d'apparence viril et sûr de lui continuait à être entretenu par sa mère à 37 ans bien sonnés". Un tel témoignage est loin d'être isolé.

Machos et porteñas

Côté surveillance, les machos argentins n'ont semble-t-il d'ailleurs rien à envier aux porteñas jalouses. Des ressortissants de l'hexagone ont encore des suées froides au souvenir des dizaines de messages laissés sur le répondeur par leur novia du moment, excédées de n'être pas rappelées dans la demi-heure, ou des scènes de ménage après un examen aussi minutieux qu'indiscret de leur téléphone cellulaire? D'autres se rappellent avec émotion ? amusée, pathétique ou les deux mêlées ? de bruyantes scènes de ménage en public, y compris dans des endroits huppés de la capitale.
Selon une théorie circulant dans la communauté française, les couples mixtes "fonctionneraient"avec les Argentines de l'intérieur, mais pas celles de la capitale, réputées tyranniques et prêtes à cesser de travailler à la première occasion pour se laisser entretenir par leur Don Juan du moment.

11.000 km pour l'amour

Et pourtant ! Des histoires d'amour, il y en a de nouvelles tous les jours. Quitte à laisser derrière soi travail, maison, famille, amitiés, pour refaire sa vie à 11.000 km. "J'estime que c'est la principale motivation d'environ la moitié des candidats dont je reçois la candidature", explique Luc Girard, responsable du Service Emploi et Formation à la Chambre de Commerce et d'Industrie Franco-Argentine (CCIFA). Et de souligner l'arrivée, récemment, d'une nouvelle catégorie de couples, formés en Europe alors que les Argentin(e)s s'étaient massivement exilés sur le vieux continent pour échapper à la crise de 2001-02 : "Ils reviennent ici avec leur compagne(on). Pour le ou la Français(e) concerné(e), cela n'est pas toujours facile. Il faut s'adapter à un mode de vie différent, dans lequel la famille est plus présente". Poids des parents et de la fratrie, gestion du patrimoine familial, partage des tâches entre homme et femme, éducation des enfants, autant de sujets virtuellement conflictuels? "L'illusion de proximité culturelle entre nos deux pays dissimule des différences réelles dans les rapports au temps et à la projection, l'organisation familiale, les frontières de l'intimité de l'individu et du couple", estime Sylvie.

Culture mixte

Le meilleur antidote aux conflits, semble-t-il, est encore la connaissance du pays de l'autre, plus grand atout d'une pareja. Cela joue dans les deux sens. Ingrid raconte : "Depuis que je suis arrivée à Buenos Aires, j'ai compris l'apparente familiarité d'Alberto qui me paraissait choquante en France : son goût du contact physique, son tutoiement facile?". Installée à Buenos Aires depuis 2004, l'architecte Marie Sinizergues estime quant à elle que "le succès d'un couple dépend des relations que l'on entretient avec son propre pays et de la manière dont l'autre le perçoit. Le problème, c'est lorsque tu habites dans un endroit où tu n'as pas envie d'être, comme il arrive à certains Français ici. Lorsque j'ai connu Diego, au contraire, j'avais déjà un lien fort avec l'Argentine, j'avais trouvé du travail, obtenu mes papiers seule".
Fondatrice de l'association Culture Mixte qui propose à des couples franco-argentins de se réunir autour d'activités emblématiques (tango, polo?), Séverine Leduc, mariée à Santiago qu'elle a rencontré il y a sept ans (à Madrid), résume : "En général, les Argentins de l'association ont voyagé ils sont ouverts sur l'extérieur, polyglottes et souvent, ils prennent des cours de français".
Divorcée d'un porteño ? à l'époque, plutôt jaloux ? désormais installé en France, Sylvie rit encore du commentaire de son ex-mari lors de ses dernières vacances à Buenos Aires : "Oh là là, ce qu'ils sont machos, mes potes !". Lui est resté del lado de allá, elle del lado de acá. Les deux, bien sûr, ont reformé un couple mixte.

Barbara VIGNAUX (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) le 23 décembre 2009

lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 23 décembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

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