Élu pour ses positions rompant avec ses prédécesseurs, le président argentin Javier Milei a prononcé son premier discours sur l’état de la Nation devant le Congrès. À l’ordre du jour : la politique budgétaire du pays, mais également l’annonce d’un futur “pacto de Mayo” laissant présager de nouveaux changements majeurs. Malgré une prise de parole en accord avec son programme, il n’a cependant pas convaincu l’ensemble des citoyens qui font face à une inflation toujours plus élevée.
Un discours sur fond de crise sociale argentine
Élu en novembre 2023, Javier Milei a, dès les premiers mois, tenté de mettre fin à la crise financière. En conséquence, le pesos a été dévalué de 50 %, le taux d’inflation atteint désormais un niveau record d’environ 220 % et le taux de pauvreté a augmenté de 57,4 % durant le mois de janvier. Comme annoncé lors de sa campagne, ses décisions touchent sévèrement les citoyens, mais il promet une amélioration des conditions de vie à venir.
Face à ce constat, le premier discours devant le Congrès était très attendu par les Argentins qui ont été plus de la moitié à l'écouter en direct. Sur place, l’omniprésence des forces de police laissait supposer un climat de tension entre les manifestants et les proches du Président. Lors du discours, de nombreux encouragements et applaudissements ont été entendus à l’intérieur du Congrès. À l’inverse, d’autres s’y sont opposés, notamment une artisane, Elba Sarmiento, inquiète pour son futur : "Ça me retourne l'estomac. Ce qui est en train de se passer est une extermination des pauvres".
Les grandes lignes du discours offensif de Javier Milei
Parmi les grandes annonces de ce discours, le Président argentin réaffirme vouloir bannir les “ privilèges des politiques et de leurs amis”. Pour cela, il souhaite interdire les jets privés lors des déplacements professionnels, empêcher les personnes condamnées pour corruption de se présenter aux élections nationales, et supprimer le journal national Télam qu’il accuse d’”agence de propagande kirchneriste”.
Un deuxième enjeu majeur de son discours concerne l’aspect financier de sa politique avec l’annonce d’une dévaluation du pesos courant mars qui ne sera cette fois-ci pas accompagnée d’une mise sur le marché de nouveaux billets. Face aux nombreuses critiques, il a averti ses opposants en affirmant à “tous ceux qui sont ici et ceux qui nous regardent; si vous cherchez le conflit, vous l’aurez".
L’ultralibéral a finalement créé la surprise avec l’annonce d’un “pacto de Mayo”, prochainement signé par les gouverneurs qui souhaitent coopérer. Signé à Córdoba le 25 mai - jour de fête nationale - il permettra de trouver un accord concernant dix points clés de la politique du pays : la réduction des dépenses publiques à environ 25 % du PIB, l’inviolabilité de la propriété privée et le retour aux fonds privés de retraite supprimés en 2008 par le gouverneur péroniste, entre autres. Après plus de 20 minutes d’allocution, Javier Milei a conclu par sa désormais célèbre expression “Viva la libertad, carajo”.