Édition internationale

CAFES PORTEGNES - Le Tortoni, incontournable de l'avenida de Mayo

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018

Buenos Aires compte une cinquantaine de cafés tellement remarquables par leur histoire, leur architecture ou leur apport à la culture que le gouvernement de la ville les a classés comme "bares notables". A tout seigneur tout honneur, nous lançons cette série par le Café Tortoni, le plus connu des touristes, le plus ancien, l'un des plus beaux, et celui qui, en plus, trouve son histoire à Paris

La salle principale du Tortoni (photo LR/LPJ)

En 1858, un certain monsieur Touan, immigré français, décide de créer un bar, au coin de Rivadavia et Esmeralda, qu'il appelle Tortoni, en référence au célèbre café du boulevard des Italiens, à Paris, lieu de rendez-vous des élégants de la capitale française. Le café déménage un peu plus loin, à son emplacement actuel sur l'avenida de Mayo, et est racheté à la fin du XIXe siècle par un autre Français, Celestin Curutchet. Il reçoit volontiers peintres et écrivains, journalistes et musiciens, car "les artistes dépensent peu, mais ils donnent lustre et célébrité au café". Ainsi sera-t-il, d'innombrables célébrités se sont assises à ses vénérables tables: Carlos Gardel, Luigi Pirandello, Federico García Lorca, Jorge Luis Borges, Arthur Rubinstein? ou, plus récemment, Hillary Clinton, Susan Sarandon ou Francis Ford Coppola.
Aujourd'hui, il faut souvent faire la queue pour rentrer dans le saint des saints. Devant la porte fermée et masquée de rideaux opaques, des employés veillent gentiment mais fermement à faire rentrer les visiteurs au fur et à mesure des sorties, et contrôlent également l'accès pour dissuader les pickpockets. Patience donc aux heures de pointe. Ensuite, un garçon vous installera à l'une des tables en marbre. Certains serveurs sont ici depuis trente ans, comme Angel, qui se réjouit de la visite des touristes et leurs pourboires généreux. La carte est fournie et les deux spécialités du café sont la leche merengada, une glace, et le chocolate con churros, importé d'Espagne il y a des lustres.

Ecrivains, jazz et tango

Inutile de trop chercher de têtes connues, le Tortoni accueille aujourd'hui bien plus de touristes que d'écrivains, même si le poète Alberto Mosquera Montaña a gardé ses habitudes à l'heure du déjeuner. Il venait déjà avec Borges il y a bien longtemps. Les réunions littéraires dans la salle du sous-sol ont disparu également, comme l'orchestre sur la scène au-dessus du bar et, très récemment, la salle de billard, transformée en salle fumeurs depuis la loi antitabac. Le Tortoni proposait même les services d'un coiffeur, dont il reste aujourd'hui l'enseigne et quelques objets dans une petite salle du fond qui expose photos, dédicaces et souvenirs. En revanche, la Feliz Jazz Band joue tous les samedis depuis trente ans dans la salle d'en bas et le Salón Alfonsina accueille cours et spectacles de tango (payant). Sur les murs de la salle principale, sous les verrières Art déco, d'innombrables photos et hommages à cet honorable lieu et même la partition d'un tango intitulé Viejo Tortoni.
Comme la célébrité est une entreprise, rien n'a été laissé au hasard et on peut même, avant de partir, acheter un "souvenir"à la petite boutique près de l'entrée: service à café, verres, livres, cendriers ou t-shirts aux couleurs Tortoni. Succès garanti?
Laurence RIZET. (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) lundi 12 février 2007

Café Tortoni, Av de Mayo 829. Tél.: 4342-4328

lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 22 février 2007, mis à jour le 9 janvier 2018
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