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Entreprendre en Hongrie : le guide pratique

Avec une économie stable et ouverte aux investissements étrangers, la Hongrie est une destination attractive en Europe pour entreprendre. Mais créer une entreprise à l’étranger implique de naviguer entre les démarches administratives, la fiscalité et le choix du bon statut juridique. Lepetitjournal.com vous livre le guide pratique pour vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale au cœur de la Hongrie.

Photo de BudapestPhoto de Budapest
Écrit par Jean Bodéré
Publié le 2 juillet 2025

 

Le contexte économique en Hongrie

La Hongrie, classée 55ᵉ puissance économique mondiale, affiche un PIB de 270 milliards de dollars en 2023, avec un taux de croissance autour de 4 % en 2022/2023. Sa croissance repose sur un secteur industriel important, encouragé par une fiscalité avantageuse. Mais la Hongrie se repose également sur un secteur technologique en pleine expansion, notamment à Budapest, qui se positionne comme un hub régional pour les start‑ups et les fintechs avec plus de 2 900 start-ups ayant levé plus de 1,4 milliard d’euros en 2023. L’agroalimentaire (7 milliards d’euros) et le tourisme (2,2 milliard d’euros) constituent également des moteurs économiques importants, tandis que la position géographique au cœur de l’Europe centrale rend la Hongrie attractive pour les investisseurs en quête d’une plateforme logistique et industrielle.

 

 

Photo d'une église à budapest

 

 

Les visas pour entreprendre et travailler en Hongrie

Les ressortissants de l’Union européenne et de l’Espace économique européen peuvent s’installer et travailler librement en Hongrie, sans visa, à condition de s’enregistrer auprès des autorités locales dans un délai de 90 jours après leur arrivée. Les citoyens de pays tiers doivent obtenir un titre de séjour ou un visa spécifique, en fonction de leur projet. La demande de titre de séjour pour travailleurs indépendants ou investisseurs s’effectue en ligne via le portail officiel Enter Hungary, ou physiquement auprès des bureaux régionaux de l’Immigration.

Les entrepreneurs peuvent solliciter un permis de résidence en tant que travailleurs indépendants, à condition de présenter un plan d’affaires détaillé, de démontrer leur autonomie financière et de prouver l’utilité économique de leur activité. Pour ceux qui souhaitent investir de manière significative, un permis de séjour pour investisseur est disponible, notamment pour les projets dans les secteurs prioritaires comme la recherche, l’industrie ou le tourisme. Enfin, un visa d’affaires de court séjour autorise l’entrée en Hongrie pour une durée maximale de 90 jours afin de réaliser des missions ponctuelles comme des négociations, des rencontres commerciales ou des études de marché, mais il ne permet pas d’exercer une activité salariée ou indépendante.

 

 

Photo de Budapest de nuit

 

 

Les différents statuts juridiques pour créer une entreprise en Hongrie

Einzelunternehmen (egyszerű vállalkozó)
Il s'agit de la forme la plus simple pour se lancer en affaires en Hongrie, notamment pour les freelances, artisans ou consultants. Aucun capital minimum n’est requis, ce qui en fait une option rapide et économique pour débuter. L’enregistrement peut être effectué en ligne via le portail gouvernemental des entreprises. En contrepartie, l'entrepreneur est personnellement responsable des dettes contractées par l’entreprise, ce qui signifie qu'en cas de faillite, ses biens personnels peuvent être saisis. Il doit également tenir une comptabilité rigoureuse, respecter les obligations fiscales et peut être soumis au régime fiscal simplifié dit KATA (forfait fiscal pour les micro-entreprises).

Betéti társaság (Bt.)
La société en commandite hongroise permet d'associer au moins deux personnes : un commandité, responsable indéfiniment sur ses biens propres, et un commanditaire, dont la responsabilité est limitée au montant de son apport. Aucun capital minimum n’est requis, mais les rôles des partenaires doivent être clairement définis. La société est soumise à l’impôt sur les sociétés, et la gestion est souvent assurée par le commandité. En termes de transparence et de structure, le Bt. offre plus de souplesse qu'une Kft., mais aussi moins de protection pour les gérants actifs.

Korlátolt felelősségű társaság (Kft.)
La Kft. est la forme de société la plus utilisée en Hongrie, équivalente à la SARL française. Elle convient aussi bien aux PME qu’aux filiales d’entreprises étrangères. Elle exige un capital social minimum d’1 HUF symbolique, bien que dans la pratique, les autorités recommandent un capital d'au moins 3 millions HUF (environ 7.500 €) pour crédibiliser le projet. Les associés ne sont responsables qu’à hauteur de leurs apports, ce qui offre une sécurité juridique importante. La Kft. nécessite la rédaction de statuts notariés, une immatriculation au Registre du commerce hongrois, et la tenue d’une comptabilité en partie double. Elle peut être dirigée par un ou plusieurs gérants, hongrois ou étrangers, sans exigence de résidence locale.

Részvénytársaság (Rt.)
La société par actions hongroise est adaptée aux grandes entreprises ou aux projets nécessitant une levée de capitaux importante. Elle peut prendre deux formes : privée (Zrt.) ou publique (Nyrt.), la dernière étant obligatoire pour les sociétés cotées à la Bourse de Budapest. Le capital social minimum est de 20 millions HUF (environ 50.000 €), entièrement souscrit et partiellement libéré à la constitution. L’Rt. offre un cadre de gouvernance structuré, avec un conseil d’administration et un organe de surveillance. Elle permet d’émettre des actions et d’attirer des investisseurs tout en protégeant les actionnaires via une responsabilité limitée.

 

 

Photo du tram de Budapest

 

 

Comment enregistrer son entreprise en Hongrie ?

1. Vérification et réservation du nom commercial
Après avoir sélectionné la forme juridique de l’entreprise, il est obligatoire de déposer le nom de l’entreprise qui doit être unique et disponible. Il faut le vérifier et le réserver auprès du Registre national des entreprises (Cégbíróság), via le portail électronique ou avec l’aide d’un avocat local.

2. Rédaction des statuts et documents juridiques
Les statuts doivent être rédigés en hongrois, précisant l’objet de l’entreprise, le siège social, la répartition du capital et les pouvoirs des dirigeants. Un avocat est requis pour cette étape.

3. Enregistrement auprès du tribunal de commerce

Il est ensuite nécessaire d’effectuer le dépôt des statuts, accompagné des pièces justificatives, auprès du tribunal de commerce. En retour, l’entreprise reçoit son numéro d’immatriculation (Cégjegyzékszám) ainsi que son code NACE correspondant à son secteur d’activité.

4. Immatriculation fiscale et sociale
L’entreprise doit s’enregistrer auprès de l’Office national des impôts et des douanes (NAV) pour obtenir un numéro fiscal et, si applicable, un numéro de TVA. Il faut aussi s’inscrire à la sécurité sociale (Társadalombiztosítási azonosító jel) pour pouvoir déclarer les employés.

5. Ouverture d’un compte bancaire professionnel
Il est ensuite obligatoire d’ouvrir un compte bancaire professionnel. Le dépôt du capital social doit être effectué sur un compte professionnel hongrois. Pour l’ouverture, la banque exige généralement les statuts enregistrés, l’extrait de registre, un justificatif d’adresse du siège social, et les pièces d’identité des fondateurs.

6. Déclaration des employés
Tout employé, y compris le dirigeant salarié, doit être déclaré auprès des autorités sociales avant le début de son contrat. Cela se fait via le portail électronique du gouvernement (ONYA), qui centralise les démarches administratives liées à l’emploi.

 

 

Photo de Budapest en nuit

 

 

Le système fiscal hongrois

Le système fiscal hongrois se distingue comme l’un des plus attractifs d’Europe pour les entrepreneurs et les investisseurs étrangers. L’impôt sur les sociétés y est particulièrement avantageux, avec un taux unique de 9 %, le plus bas de l’Union européenne, offrant un climat propice à l’implantation de filiales et de sièges régionaux. La TVA, bien que plus élevée, est structurée de manière à favoriser certains secteurs. Le taux standard est de 27 %, mais des taux réduits de 18 % s’appliquent notamment à l’hôtellerie et certains services, tandis qu’un taux ultra-réduit de 5 % concerne les produits essentiels comme les denrées alimentaires de base, les livres et les médicaments. L’impôt sur le revenu des personnes physiques est fixé à 15 %, auquel s’ajoutent les contributions sociales, réparties entre l’employeur et le salarié, représentant environ 17 % à 23 % du salaire brut selon les cas. En Hongrie, les entreprises qui investissent dans la recherche et le développement peuvent également bénéficier d’un crédit d’impôt équivalent à 100 % des dépenses engagées, et des exonérations fiscales peuvent être accordées dans les zones de développement prioritaire. Des régimes préférentiels sont également accessibles pour les projets créateurs d’emplois ou à fort impact régional, en lien avec la politique industrielle du pays.

 

 

Photo de Budapest

 

 

Les ressources pour les entrepreneurs en Hongrie

Hungarian Investment Promotion Agency (HIPA)
HIPA est l’agence nationale dédiée à la promotion des investissements en Hongrie. Elle propose un accompagnement gratuit et personnalisé aux investisseurs étrangers à chaque étape de leur implantation (analyse sectorielle, choix du site, aide à l’obtention des autorisations administratives, et accès aux dispositifs d’aide publique). Elle joue un rôle clé dans l’identification d’opportunités d’affaires, notamment dans des secteurs comme l’automobile, la pharmaceutique, les technologies ou l’agroalimentaire.

 

KAVOSZ
KAVOSZ est un organisme semi-public qui gère les principaux programmes de financement et d’assistance destinés aux PME hongroises. Il propose notamment le programme Széchenyi Card, un dispositif de crédit à faible taux d’intérêt garanti par l’État, accessible aussi aux entreprises étrangères implantées localement. KAVOSZ offre également des subventions, des outils de conseil en gestion, et des services de formation pour améliorer la compétitivité des petites entreprises.

 

Chambres de commerce régionales (Megyei Kereskedelmi és Iparkamarák)
Présentes dans chaque comitat (région), les chambres de commerce offrent un appui concret aux entreprises locales et internationales : assistance juridique et fiscale, aide à la création d'entreprise, annuaires professionnels, veille réglementaire, et organisation d’événements économiques. Elles facilitent également les liens avec les autorités locales et les partenaires commerciaux.

 

Association des Startups de Hongrie (Magyar Startup Szövetség)
Cette fédération regroupe les principaux acteurs de l’écosystème entrepreneurial hongrois. Elle soutient la création et l’accélération des jeunes pousses via des programmes de mentorat, des hackathons, des concours d’innovation et des rencontres avec des investisseurs. Elle joue aussi un rôle d’intermédiaire avec le gouvernement pour défendre les intérêts du secteur technologique.

 

Business France–Hongrie et Chambre de commerce Franco-Hongroise (CCI France Hongrie)
La représentation de Business France à Budapest, en lien avec la CCI France Hongrie, est un partenaire stratégique pour les entreprises françaises souhaitant s’implanter sur le marché hongrois. Les institutions proposent des études de marché, recherche de partenaires, mise en relation avec des distributeurs locaux, services de traduction, appui juridique, accompagnement aux salons professionnels et aux démarches administratives. Elles organisent régulièrement des événements de networking pour intégrer les entrepreneurs français dans le tissu économique hongrois.

Les Conseillers du Commerce Extérieur (CCE)

Le réseau des Conseillers du Commerce Extérieur (CCE) de la France en Hongrie est un levier stratégique pour les entreprises françaises souhaitant s’implanter ou se développer sur le marché hongrois. Composé de dirigeants d’entreprises, d’experts sectoriels et de cadres expérimentés, il s’agit d’un réseau bénévole qui agit en étroite collaboration avec les institutions françaises, notamment Business France, les ambassades et les chambres de commerce. Les CCE apportent un appui concret aux entrepreneurs en partageant leur connaissance approfondie du terrain économique hongrois, en décryptant les pratiques locales, les enjeux réglementaires ou encore les dynamiques sectorielles. Ils peuvent également aider à identifier des partenaires fiables, anticiper les risques, ou orienter les sociétés vers des opportunités d’affaires ciblées, notamment dans les secteurs clés de l’industrie, des services ou des technologies. En Hongrie, les CCE sont Gáspár Máté, Balázs Dosso et Namoury Katalin Lagler.

 

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