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LE DRAPEAU D'ÁRPÁD - un symbole historique, un message politique, un sujet de polémique

Écrit par Lepetitjournal Budapest
Publié le 8 mai 2007, mis à jour le 13 novembre 2012

"Quels sont ces drapeaux ?" s'interrogeaient des touristes français, au mois de mars dernier, surpris par la présence sur la place Kossuth de centaines de manifestants massés devant le Parlement et brandissant le très controversé drapeau Árpád

(photo LPJ C. LEOTARD)


A bandes rouges et blanches horizontales le drapeau, construit sur des symboles du Moyen-âge, est  un élément organique des émeutes de l'automne dernier et des manifestations anti-gouvernementales qui se succèdent depuis. Il constitue l'un des symboles de la dynastie des Árpád qui a régné sur les Magyars, du IXè au XIVè siècle. Sous cette dynastie la Hongrie a connu une période de relative prospérité et dans l'imaginaire hongrois, Árpád, son fondateur, symbolise une Hongrie prospère, pure et conquérante, qui a su imposer sa place en Europe, sans s'asservir à l'Ouest.
Il n'y aurait pas lieu de polémiquer si ce drapeau n'était réapparu en 1944. Mais cette fois comme symbole officiel du régime des Croix-fléchées de Ferenc Szálasi, des pro-Nazis qui ont permis, par leur zèle, la déportation par les Allemands de quelques 400.000 " indésirables " : Juifs, Tsiganes et opposants politiques.

Un message politique dépourvu d'ambiguïté
L'utilisation de ce symbole historique marque un rejet de la politique du gouvernement socialiste-libéral, mais bien au-delà, un rejet du drapeau européen et  de toute influence extérieure à la Hongrie. S'approprier le drapeau d'Árpád et son héritage, permet à ces manifestants de s'affirmer comme ses descendants légitimes. Comme les seuls " vrais Hongrois ", c'est un moyen pour une minorité radicale de provoquer et de disqualifier la majorité : la gauche et les descendants des victimes de l'holocauste et, plus généralement, celles du régime des Croix-fléchées.
La loi hongroise interdit l'utilisation des " symboles du totalitarisme ", mais les manifestants ne tombent pas sous le coup de la loi car leurs drapeaux ne sont pas frappés du signe des Croix-fléchées. Or l'ambiguïté réside dans le fait que les drapeaux utilisés par les croix fléchées ne l'étaient pas, eux non plus, systématiquement. Il existe des degrés dans l'utilisation de ce drapeau : certains se réclament d'Árpád tout en rejetant le régime des Croix-fléchées. Ils découpent alors un rond au centre du drapeau, de la même manière que les insurgés hongrois de 56 avaient découpés les symboles communistes du drapeau national, pour rejeter le régime communiste en place. D'autres drapeaux sont frappés du " Turul ",  sorte d'aigle géant de la mythologie hongroise et symbolisant aussi la dynastie des Árpád. Le drapeau national tricolore rouge-blanc-vert est, en revanche, consensuel et n'est apparu qu'au cours de la révolution manquée de 1848. Il est donc d'un d'intérêt moindre pour les extrémistes, même lorsqu'il est orné du blason historique.
Corentin Léotard (Lepetitjournal-Budapest) mardi 8 mai 2007

Publié le 8 mai 2007, mis à jour le 13 novembre 2012

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