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Un monde meilleur se construit-il à la Ludoteka ?

ludoteka Colombieludoteka Colombie
Écrit par Nicolas BAGGIONI
Publié le 7 avril 2020, mis à jour le 7 avril 2020

Il vous faudra crapahuter pour arriver à la Ludoteka. Sur ce petit bout de terre au milieu de la jungle, proche du village de Minca, Izabella tente de construire un futur meilleur. Seule, cette Autrichienne de 37 ans a monté un espace de vie où l’on apprend à vivre en autarcie. Comment (sur)vivre dans la forêt équatoriale ? Vous le découvrirez dans ce nouveau monde.

Préparez-vous à revenir à l’essentiel. A vous ressourcer au milieu de la jungle. A apprendre à construire votre propre cabane. Et tout cela, dans un environnement où vivent jaguars et autres “bestioles” tropicales. Pour y arriver, partons de la ville littorale de Santa Marta. Prenons la direction de Minca à l’arrière d’une moto-taxi, et marchons quelques kilomètres. Une fois arrivé, transpirant, et les pieds couverts de boue, Izabela Sanka vous accueille à bras ouverts. “Ici, on apprend à vivre différemment, on se reconnecte avec l’autre et on se (re)découvre”, explique-t-elle, assise sur son hamac, sous un toit de feuilles de palmier fabriqué par Marcelina, son ami indigène.

 

Lire aussi : A Minca, les indigènes inventent un nouveau mode de vie

 

A la Ludoteka, tout le monde est le bienvenu. Vous découvrirez comment vivre avec ce que la nature peut vous offrir, dans le climat mystique de la Sierra Nevada, où se mêlent brume et chaleur étouffante. Différents ateliers sont régulièrement organisés pour apprendre à bâtir une cabane en bambou, à fabriquer des lampes à base de bouteilles recyclées, voire même pour les plus courageux, à devenir végétarien...

100 000 pesos pour participer à un atelier [30€], logement, nourriture, théorie et pratique inclue.  “Tout l’argent sert à acheter du nouveau matériel, et à le transporter jusqu’ici”, explique-t-elle en coupant les fruits du jardin. On est encore loin du mode de vie espéré. Sa dépendance au “système”, elle espère la voir disparaître un jour, et arriver à un stade où “l’on ne mangera que ce qui pousse dans le jardin.”

 

En attendant, elle prépare ses propres milk-shake, mais d’une manière.. on ne peut plus originale. Voici la bicilicuadora :

 

En buvant son nectar, elle nous raconte son vécu de baroudeuse. “J’ai parcouru l’Amérique latine en sac à dos pendant cinq ans, dont trois en Colombie. J’ai fait plusieurs expériences de volontariat et puis un jour, j’ai décidé de me poser et de monter mon propre projet,” raconte-t-elle, coupée dans son élan par les miaulements de “demi-chat”, son animal de compagnie semi-paraplégique. En plus de“Coco”, le chien, et “demi-chat”, “il y a aussi parfois un jaguar qui tourne dans les parages.” Ambiance...

Ici, à la Ludoteka, on découvre aussi les techniques de la permaculture. “Plus qu’une manière de cultiver, c’est tout un mode de vie,” songe-t-elle, alors qu’une averse tropicale se lève sur le camp. Réfugiés sous la hutte de terre, sans lumière artificielle, on découvre qu’il est possible de vivre facilement sans électricité. “C’est roots !”, plaisante-t-elle, une fois la pluie passée.

 

 

Petit tour du campement

Cuisine dans le potager (ou potager dans la cuisine), toilette sèche, et quelques tentes plantées pour les volontaires. Parmi eux, on compte Dorine, jeune française venue “faire un break en Colombie.” Pour elle, ce lieu, “c’est une manière d’apprendre à se débrouiller seule, à savoir utiliser des outils sans énergie, et à contribuer à un projet rempli d’espoir.”

Un idéal qui est encore loin d’être atteint : l’eau, elle l’obtient de Mundo Nuevo, une “éco-auberge” située à quelques kilomètres de là. C’est son gérant, “Phil”, jeune Belge venu s’installer dans cette partie de la forêt, qui lui prête le terrain. “C’est sa fondation, nous on est juste partenaires. C’est elle le maître de son navire,” témoigne-t-il. On se rappellera alors des derniers mots prononcés par Izabella, machette à la ceinture, “Ce n’est pas l’unique projet de ma vie, j’ai encore beaucoup à voyager. J’espère qu’un jour, quelqu’un reprendra la barre…

Nicolas Baggioni
Publié le 7 avril 2020, mis à jour le 7 avril 2020

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