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A Minca, les indigènes inventent un nouveau mode de vie

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“Je n’ai pas abandonné mon peuple, je suis parti pour l’aider”, confie Lutana, membre des Wiwas. Crédits : Nicolas Baggioni
Écrit par Nicolas BAGGIONI
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 24 juin 2018

Sur les hauteurs de Santa Marta dans le nord de la Colombie, se trouve une famille indigène. Elle, a contrario de sa tribu, n’est pas restée vivre dans la Sierra Nevada. Aujourd’hui, ses membres cohabitent avec Colombiens et étrangers, et transmettent chaque jour depuis trois ans, leur culture et leurs connaissances. Cela, au risque et péril de voir leurs traditions disparaître.

Une chaleur écrasante pèse sur le village de Minca. Ici, climat équatorial et faune abondante rendent chaque tâche plus difficile. Mais ce n’est pas un souci pour Luntana Gil Alberto. Ce membre de la tribu des Wiwas a l’habitude. Il a connu pire.. au fin fond de la Sierra Nevada, lorsqu’il vivait encore dans son village natal.

Je n’ai pas abandonné mon peuple, je suis parti pour l’aider

Depuis trois ans et demi, ce n’est plus le cas. Cet indigène est parti étudier l’économie à Santa Marta. Aujourd’hui, il fait une pause dans ses études pour être auprès de sa femme, Claudia, enceinte de 6 mois. Lutana a seulement 21 ans.

“Je n’ai pas abandonné mon peuple, je suis parti pour l’aider”, confie-t-il, assis sur les pierres sacrées de son nouveau chez lui. Son père voulait qu’il fasse de bonnes études. Désormais, il est titulaire d’un baccalauréat. Il peut se consacrer aux tâches manuelles, comme aider l’éco-hostel “Mundo Nuevo”. En échange d’une rémunération, il construit, répare, mais surtout, il partage sa culture indigène avec les voyageurs. “C’est important de faire connaître nos traditions”, explique-t-il, alors que la brume tombe doucement sur le village.

“Ce sont eux qui sont venu à nous”, confirme Phil, créateur de Mundo Nuevo, “Lutana cherchait un logement le temps de ses études, donc on l’a hébergé gratuitement en échange de quelques coups de main, puis il est resté ici.” Ca a commencé en plantant quelques fleurs, désormais les indigènes aident à construire de nouvelles cabanes. “Une réelle amitié s’est formée avec le temps. On s’apprend mutuellement plein de choses”.

 

Un mode de vie (presque) authentique

Lui, son frère, et leur épouse respectives, vivent à quelques centaines de mètres de Mundo Nuevo. Dans des petites cases, fabriquées à base d’éléments naturels, “pour éviter de polluer la Pachamama” [la mère nature, ndlr]. Ces habitations ont été construites avec l’aide de volontaires venus du monde entier. “L’idée c’était vraiment de leur expliquer comment on est censé vivre, leur montrer notre mode de vie traditionnel”.

 

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Crédits : Nicolas Baggioni

 

Pendant ce temps, Claudia continue de tricoter sa mochila [sac en bandoulière typique des Wiwas, ndlr]. Elle en a pour trois mois de travail, pour au final le vendre quelque 20 000 pesos [~6€]. “On envoie la moitié de nos revenus au village pour leur permettre d’acheter de nouvelles terres auprès des paysans”, explique-t-elle, “grâce à cela, on agrandit le territoire des Wiwas”. Le reste, il sert à payer le forfait de téléphone et autres dépenses.

“Je suis heureuse ici, mais c’est vrai que par exemple, on ne danse plus sur la musique traditionnelle de mon village, la..”. Elle ne se rappelle plus du nom. Tant pis. En visitant sa hutte, elle nous explique que le feu, c’est terminé. Maintenant on cuisine au gaz : “sinon on se retrouve enfumé”.

Dans la Sierra Nevada, cette tribu indigène voit petit à petit sa taille diminuer.  Ils ne sont aujourd'hui plus que 18 000. La plupart des jeunes partent en ville trouver du travail : “Le problème c’est que beaucoup d’entre eux oublient d’où ils viennent”, témoigne Lutana. Pour éviter cela, lui et sa famille retourne quatre fois par an pendant quinze jours auprès des leurs. “Ça me permet de ne pas perdre contact, lance-t-il, et puis j’en apprends à chaque fois un peu plus sur l’histoire de mon peuple”.

 

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Crédits : Nicolas Baggioni

 

Mais quand ils restent à Mundo Nuevo, ils essayent de ne pas oublier leurs racines : “Ici, on parle plus en Dumana [dialecte Wiwa] qu’en espagnol”. Pourtant, sauf le soir où lors des sorties en ville, ils ne portent pas leurs vêtements traditionnels. Cette tunique blanche “couleur des Nevados”, les sommets la Sierra Nevada.

Vivre loin des leurs, en contact avec la civilisation, altère leurs pratiques des traditions ancestrales : “Ici, on a dû préserver 75% de notre culture indigène, au village, les Mamos [maîtres spirituels] l’ont entièrement conservée. Nous par exemple, nous avons perdu la plupart de nos pouvoirs et nos de connaissances médicinales”.  Mais pas d’inquiétude pour Lutana et sa famille. “Dans une dizaine d’années”, ils retourneront auprès de leur peuple, au fin fond de la forêt colombienne.

Nicolas Baggioni
Publié le 23 juin 2018, mis à jour le 24 juin 2018

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