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La Colombie fait son entrée à l’OCDE

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@ oecd.org
Écrit par Sébastien Cretegny
Publié le 30 mai 2018, mis à jour le 31 mai 2018

Ce mercredi 30 Mai, la Colombie deviendra le 37ème membre de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). C’est une grande victoire et fierté pour le président Santos qui en avait fait un de ses objectifs prioritaires. Après avoir initié le processus d’adhésion il y a 5 ans, il pourra signer lui-même l’entrée de la Colombie dans ce « club de pays riches », qui regroupe 62.2% du Produit Mondial Brut.

L’organisation n’a, en soit, aucun pouvoir judiciaire, politique, financier ou militaire, elle fonctionne uniquement comme conseiller permanent pour les membres. Ceux-ci ont en commun un système démocratique et un marché économique libéral. Ils se réunissent pour partager des informations, notamment dans les domaines suivants : travail, réforme du système judiciaire, gouvernance des entreprises publiques, lutte contre la corruption, échanges et politiques nationales inédites en matière de produits chimiques industriels et de gestion des déchets.

L’OCDE publie chaque année entre 300 et 500 rapports qui aident ses membres à mettre en place les pratiques qui donnent les meilleurs résultats. Avec le temps, elle a constitué la base de données économique la plus fournie au monde.

 

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Juan Manuel Santos au siège de l'OCDE à Paris
Photo: OECD/Herve Cortinat 

 

Un élément très important qui aura un effet positif dès le court terme est « l’étude-pays ». Chacun des pays membres fait l’objet d’une étude extrêmement pointue de sa situation économique ainsi que les recommandations pour une amélioration constante. Les rapports qui sortent chaque 2-3 an favorisent grandement les investissements étrangers. Les entreprises privées comptent sur ces études pour s’implanter dans les pays, pendant que l’OCDE se pose comme « label » de bonnes pratiques. 

La plupart des membres sont Européens et en font partie depuis la fondation en 1961, tout comme les États-Unis et le Canada, puis l’Australie et la Nouvelle-Zélande en 1971. Les cas du Mexique, invité en 1994, et du Chili, en 2010, sont intéressants pour la Colombie, qui deviendra donc le 3ème pays latino-américain seulement à en faire partie. Rapidement après leurs adhésions, ces deux pays ont vu une augmentation des investissements étrangers.

Pour entrer dans l’organisation, la Colombie a dû améliorer les normes et procédure de travail. C’est justement ce que l’on a pu observer ces dernières années avec l’implémentation de normes plus strictes pour les secteurs industriels et touristiques, entre autres. Les nouvelles réglementations légifèrent clairement l’utilisation des ressources énergétiques et la gestion des déchets, tout comme la sécurité des employés. Mais c’est aussi au niveau fiscal que les réformes les plus importantes ont été établies. La DIAN partage maintenant des informations avec plus de 100 pays, au lieu de seulement 4 auparavant, pour lutter contre l’évasion fiscale. Le contrôle d’origine des fonds est aussi plus efficace. 

 

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José Ángel Gurría Treviño, Secrétaire général de l'OCDE © Committee of the Regions / Wim Daneels

 

Les accords de libre-échange en vigueur avec les États-Unis d’abord, la Suisse, la Norvège, puis l’Union Européenne ont permis ce rapprochement avec l’OCDE. Il est toutefois fort à parier que l’adhésion n’aurait jamais eu lieu sans les accords de paix. Nombres d’investisseurs ne s’intéresseraient pas à la Colombie si une partie du pays leurs restait inaccessible.

 

Cependant, si l’entrée à l’OCDE fut difficile, s’y maintenir risque d’être un défi tout aussi grand. La corruption est encore très présente et représente un frein à l’investissement. Les États-Unis se sont plaints d’engagements non-tenus dans leurs accords, notamment sur la propriété intellectuelle. D’autres engagements pris, cette fois pour tenir la ligne des pays de l’OCDE, risquent d’être coûteux et de déplaire à certains secteurs. Les transporteurs devront envoyer à la ferraille un vieux camion pour chaque nouveau véhicule importé. Le secteur pharmaceutique fera face à une zone grise sur la régulation des prix mis en parallèle avec la procédure du registre sanitaire. Le secteur des spiritueux fera face à un assouplissement sur les importations d’alcool.

 

Il faut noter que l’Organisation accepte ses nouveaux membres à l’unanimité et n’en a jamais expulsé aucun par la suite. Chaque membre se doit de respecter les normes et bonnes pratiques, c’est un engagement qui se prend au bon vouloir car il n’y a pas d’amendes en cas de faute.

 

Il y a de grands avantages à faire partie de ce club mais maintenir le siège à sa table requerra des efforts dont la Colombie ne s’en est pas encore montrée capable. Il suffit de voir la débâcle sur ses engagements pour les accords de paix. Le tout dernier grand accomplissement de Juan Manuel Santos risque bien de devenir une autre patate chaude pour le nouveau Président.

 

Pour approfondir ce thème, j’ai aussi rédigé un article complet sur le futur de la Colombie, en abordant différents angles comme l’économie, la politique et la société.

Lire ici : Le futur de la Colombie.

Fiche auteure sébastien
Publié le 30 mai 2018, mis à jour le 31 mai 2018

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