Il y a quatre ans, le Lycée Français de Barcelone a lancé une classe pilote à "enjeux maritimes". L'initiative s'étend désormais sur tout un cycle, de la 5ème à la 3ème. Par ailleurs, le dispositif a fait école en se déployant aujourd'hui dans d'autres établissements, en France comme à l’étranger. Interview de Jean Bastianelli, proviseur du LFB.
Que sont les classes "enjeux maritimes" ?
Jean Bastianelli : C'est, au départ, un projet mis en place en 2020 dans une classe de 4ème, où l’équipe pédagogique était invitée à "maritimiser" les thèmes de l’année, dans chaque matière. L'objectif était de faire prendre conscience aux élèves des différents enjeux maritimes existants, mais aussi d'ouvrir des horizons en termes de champs professionnels, de culture, de savoir et savoir-être. Nous avons ensuite choisi d’étendre le dispositif "enjeux maritimes" à un cycle scolaire : 5ème, 4ème, 3ème, avec une classe par niveau. Car l’intérêt est croissant de la part des familles et des élèves, mais aussi de tous les partenaires et intervenants du projet.
Comment ces classes à enjeux maritimes sont-elles organisées, d'un point de vue pédagogique?
C'est un projet interdisciplinaire, c'est-à-dire qui implique les professeurs de toutes matières: géographie, histoire, français, sciences naturelles... Il s'agit de choisir des sujets, dans le cadre de chaque matière, ayant un rapport avec les questions maritimes. Nous travaillons avec différents partenaires pour faire découvrir à nos élèves des secteurs d'activité qu'ils ne connaissaient pas, ou des métiers qu'ils ignorent. À chaque fois, les intervenants expliquent leur parcours pour sensibiliser les jeunes à des formations, des études et des professions qui, pour certaines, sont extrêmement motivantes. Je pense ici, par exemple, aux interventions des responsables du sauvetage en mer, qui ont suscité un très grand intérêt.
Qui sont les partenaires ?
Nous collaborons avec des universités, des laboratoires de recherche, de physique, chimie, biologie marine. Nous sommes aussi en contact avec le port de Barcelone pour tout ce qui concerne les activités portuaires, les entreprises qui travaillent autour de l'économie de la mer et ce que l'on appelle "l'économie bleue". Nous avons également des opérateurs de tourisme parmi nos partenaires, ce qui est particulièrement intéressant en cette année d'America's Cup à Barcelone. Et n’oublions pas les contacts établis à l’origine du projet : les échanges avec la Marine nationale, puis avec l'École nationale supérieure maritime.
Comment ces partenaires interviennent-ils ?
Ils interviennent en classe pour des conférences ou à l'occasion de visites. Les élèves ont ainsi pu rencontrer différentes personnalités comme Andrew Stevenson, sur la sauvegarde des baleines à bosses, Isabelle Autissier et Lionel Daudet à propos de la protection de l’environnement, des sauveteurs en mer, des ingénieurs en câbles sous-marins, des scientifiques spécialisés sur le microplancton... Ils ont pu également, grâce au Consulat général de France qui nous soutient beaucoup sur le projet, visiter des bâtiments de la Marine Nationale, en escale au port de Barcelone. Tout récemment, nos élèves des classes enjeux maritimes ont aussi eu le privilège de rencontrer en tête-à-tête S.A.S. le prince Albert II de Monaco, à l'occasion d'une exposition organisée à Barcelone par la Société des explorations de la Principauté. Un événement inoubliable !
Comment vont évoluer ces classes à enjeux maritimes ?
Il faut d'abord savoir que ce projet a été validé par le ministère de l'Éducation nationale, et qu'il a aujourd'hui toute sa place sur le site Eduscol. L’AEFE a donc montré sa force d’innovation ! Par ailleurs, nous avons fait des émules, puisqu'il existe désormais une cinquantaine de classes enjeux maritimes, en France comme à l'international. A travers un site internet dédié, nous partageons désormais les ressources, les idées, les contacts, et notamment les intervenants. Et nous envisageons d’établir des partenariats avec d'autres écoles pour promouvoir le projet. Pour 2025, nous préparons la participation à la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice.