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Delphine Henrot : “Travailler en Thaïlande, chacun a ses chances”

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Courtoisie Delphine Henrot, Directrice des ressources humaines à la Chambre de Commerce Franco-Thaïe (CCFT)
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 27 novembre 2019, mis à jour le 27 novembre 2019

Trouver un travail en Thaïlande, une mission impossible ? Pas pour Delphine Henrot, directrice du service RH de la FTCC qui anime des Journées emploi pour aider les francophones dans leurs démarches en Thaïlande. 

La Chambre de Commerce Franco-Thaïe (FTCC) dispose d’un service Emploi/RH dont la mission est notamment d’accompagner les ressortissants français dans leur recherche d’emploi en Thaïlande. Chaque mois ou presque, la directrice de ce service, Delphine Henrot, anime des ateliers en ce sens, abordant des thématiques telles que le marché de l’emploi, la construction d’un bon Curriculum Vitae, la rédaction de lettres de motivations, savoir comment se créer un réseau et l’utiliser à bon escient et, bien entendu, la préparation aux entretiens d’embauche. 

Pour Lepetitjournal.com, Delphine Henrot revient sur des questions telles que les secteurs qui recrutent en Thaïlande, les premières étapes et questions à se poser dans la recherche d’un emploi dans le royaume et l’importance du réseautage. 

Lepetitjournal.com: Quels sont les principaux secteurs qui recrutent en Thaïlande ?

Delphine HENROT: L’industrie et les usines sont des secteurs qui recrutent des responsables de productions, des responsables de qualités, des ingénieurs. A tous les niveaux, les ingénieurs français et occidentaux sont très recherchés. Surtout à partir du moment où le directeur de l’entreprise est lui-même Français, il va vouloir engager d’autres Français parce qu’ils connaissent les cursus des grandes écoles de l’hexagone. 

D’autres profils très recherchés sont liés à l’IT : informaticiens, développeurs, etc.

Les profils liés au juridique sont les plus compliqués, car les lois sont différentes d’un pays à l’autre et même si la personne a fait de hautes études absolument formidables en France, cela va être difficilement transposable ici. Mon conseil est dès lors de remanier le CV et de mettre en avant les compétences clés et celles qui sont transférables. 

En même temps, je pense que tout le monde a sa chance à partir du moment où ce n’est pas un métier interdit aux étrangers en Thaïlande. Il suffit de se faire connaître via son réseau et à un moment donné, cela va soit créer un besoin, soit répondre à un besoin dans le milieu professionnel. Parce que même sur les entreprises ayant plutôt pour politique d’embaucher au maximum des Thaïlandais, sur certains emplois ou certaines missions, il y a besoin d’un savoir-faire que l’on trouve plus facilement chez les étrangers. 

Quelles sont les qualités recherchées chez les étrangers et en particulier les Français ?

Les qualités recherchées sont le sens du résultat associé à une certaine patience. Si un employeur embauche un Français, ce dernier va se retrouver avec des Thaïlandais, son équipe ne sera pas 100% française ou occidentale. Il faut donc pouvoir s’adapter, prendre en compte les différences culturelles et les personnalités de chacun. Mais de ce que j’entends, les Français s’adaptent plutôt bien. 

Les Français sont également très bons dans la gestion de projets, qu’ils aient ou non les certificats de gestion de projets, ils sont bons dans l’organisation, le respect des dates de délivrances, sur l’envie d’atteindre les objectifs, ils ont de bonnes capacités à prendre des décisions ou à faire des propositions, ils sont aussi davantage dans l’anticipation. 

Par contre, là où les Français sont moins bons et où il faut prendre sur soi, c’est la patience! Quand vous dites à un entretien que vous êtes quelqu’un de dynamique, hyper orienté sur les résultats et qu’il faut que tout soit fait en temps et en heure, il va falloir mettre un peu d’eau dans son vin, cela peut effrayer les Thaïlandais. Je conseille plutôt de présenter les choses autrement : ‘j’aime quand il y a des procédures, je mets en œuvre un certain nombre d’étapes intermédiaires pour arriver à remettre un projet en temps et en heure’. Il faut pouvoir être dynamique sans avoir ce côté agressif qui peut nous caractériser. 

Est-il plus efficace de chercher un emploi depuis la France ou depuis la Thaïlande ?

Pour répondre à cette question, il faut se mettre à la place d’un Thaïlandais qui voudrait travailler en France, s’il reste en Thaïlande, il ne trouvera pas. C’est forcément plus facile quand on est déjà en Thaïlande d’autant plus qu’ici, le réseau va faire toute la différence et à un moment donné pour que le réseau fonctionne bien, il faut des interactions personnelles. 

Après, il faut compter entre 3 et 6 mois pour trouver du travail. Cette période va dépendre de l’assiduité dans la recherche et les rencontres, à quel point on est visible ou pas. Moins on va être visible, présent à des événements, plus cela va prendre du temps. 

Il ne faut pas oublier le réseau que l’on peut avoir en France. La Thaïlande est un pays très apprécié des Français, beaucoup sont déjà venus en vacances, en stage ou pour des études, le réseau franco-thaïlandais est beaucoup plus étendu que ce qu’on s’imagine. 

Justement, quelles sont les astuces pour se construire un réseau rapidement ?

La première étape est de mettre à jour votre profil Linkedin, en anglais et de refaire votre CV en anglais également. Je reçois encore des CV en français, je ne dis pas que c’est inutile, mais il faut surtout l’avoir en anglais. 

La deuxième étape est de suivre sur les réseaux sociaux toutes les chambres de commerce, car il n’y a pas que la FTCC et se faire un agenda avec les événements de réseautages qu’elles organisent. Il faut presque s’organiser un planning de type marketing! 

Poster des messages sur votre recherche d’emploi sur les pages Facebook. Il y a bien sûr des gens qui sont négatifs et vous disent que vous n’y arriverez pas, mais il y a aussi des gens bienveillants pour donner un coup de main. Ce ne sont certainement pas eux qui vont vous embaucher, mais ils peuvent être des relais. 

Ensuite, la partie la moins facile, est de sortir de chez soi et rencontrer des gens. Ce que je conseille, c’est de commencer par le réseau facile, par vos amis. Au lieu de faire un déjeuner avec quatre copains, rencontrez-les un par un, on parle plus sérieusement à deux qu’à quatre. 

Et puis, il y a toutes les soirées de chambres de commerce, il y en a tous les mois. Le danger, c’est le sentiment de solitude donc je conseille d’y aller à deux pour se sentir plus en confiance. Après, il faut se forcer un peu et aller vers les autres, il y en a toujours qui sont seuls ou en groupe de deux, visez ceux-là plutôt qu’un groupe de 5 ou 6 personnes en grande discussion. 

Enfin, il ne faut pas oublier de recontacter rapidement les gens par mail et proposer un rendez-vous. Le fait de proposer un rendez-vous, cela force les gens à répondre. Proposer de se revoir autour d’un café est plus facile aussi, les gens se sentent moins contraints, car un café peut prendre 5 minutes ou une heure tandis qu’un déjeuner dure au moins une heure, votre interlocuteur peut avoir peur de s’ennuyer. 

De quelle manière la FTCC aide les Français à trouver un emploi ?

Une fois par mois environ, nous organisons des journées emploi avec entre 3 et 15 participants, c’est une journée très interactive où nous analysons le marché de l’emploi mais où nous voyons aussi comment adapter son CV pour la Thaïlande, comment se préparer pour un entretien, etc.

Nous avons beaucoup de personnes qui nous contactent depuis la France et qui nous posent des questions sur la recherche d’emploi, les opportunités, les démarches administratives. Nous répondons autant que possible à leurs questions. Certains nous envoient aussi leur CV et lettres de motivations. 

Nous ne sommes pas un cabinet de recrutement, nous sommes un services et nous avons des entreprises parmi nos membres qui nous demandent de l’aide pour trouver certains profils, nous publions les offres d’emploi sur notre site et pour les entreprises qui n’ont pas de services des ressources humaines, je fais passer des entretiens. 

Visiter aussi la page Emploi du site de la Chambre de Commerce Franco-Thai

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Publié le 27 novembre 2019, mis à jour le 27 novembre 2019

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