Une anecdote regrettable et ridicule qui vous est certainement aussi familière. Lors d’une promenade dans mon quartier, au détour d’une rue, je réalise que la personne qui marche en ma direction, à environ 50 mètres, change immédiatement de trottoir en m’apercevant. D’accord j’ai vieilli, j’ai pris du poids, mais je ne me considère pas encore ni monstrueuse, ni repoussante, pour initialiser un tel comportement...
Cet instant de surprise où un monstre apparait dans sa fascinante horreur aurait pu faire pâlir Alfred Hitchcock ! Et face à la catastrophe imminente, cette personne accélère la cadence de sa marche, tourne la tête pour regarder une palissade au moment où nous nous croisons à +/- 10 mètres l’une de l’autre… Wow !!! Que s’est-il passé ?
Française de l'étranger depuis 25 ans, Frederique Stref propose chaque après-midi des séances individuelles de 50 minutes aux expatriés de Nouvelle-Zélande. Adaptées aux femmes comme aux hommes, ces séances ont pour but d'apporter un soutien perspicace et cohérent pour vous aider à vivre au mieux votre expatriation.
Vous souvenez vous des peurs que vous véhiculiez déjà avant mars 2020 ?
Chacun peut faire remonter certaines peurs relatives à des incidents spécifiques de son histoire. « Ex : j’ai ressenti une peur brutale lorsque mon enfant s’est soudainement élancé sur la route alors que la voiture roulait ».
La peur de l'événement original même s'il s'est produit il y a des décennies se loge dans le corps d’où elle est issue. Cette réaction physiologique bien réelle est incontrôlable et suscite une réaction de lutte, de fuite ou de sidération.
Et les autres peurs plus insidieuses, dérangeantes, la peur de ce que les autres vont penser, la peur de ne pas être aimé ou même aimable. La peur de ne pas être à la hauteur, la peur du ridicule, la peur d’être seul. La peur du changement, ou du manque de changement, la peur que personne ne voie vraiment qui je suis ou réalise qui je suis, la peur d’être exclu (e), de ne pas être admis(e), la peur de l’autre, de son approbation ou désapprobation…
Je me souviens d’une remarque d’un de mes oncles qui, lorsqu’enfant je disais avoir peur, me demandait « ah bon mais de quoi ? De la grosse bête qu’il y a dans ta chemise ? ». À de nombreuses reprises j’ai regardé dans ma chemise n’y voyant aucune bête. Mais peut-être était-ce bien de moi dont j’avais peur ? La peur révèle bien quelque chose de nous. Pouvons-nous la regarder ? Et reconnaitre en nous la peur de l’ennemi, de l’étranger, du monstre, du diffèrent ?
Peur de vivre, peur de mourir, peur de la misère...
Il est relativement facile de dire à un ami ou même à un étranger : « J'ai peur des chiens parce que j'ai eu une mauvaise expérience », il est beaucoup plus difficile de dire « J'ai un peu peur de rencontrer de nouvelles personnes ». Non seulement parce que c'est socialement moins acceptable, mais aussi parce que, la plupart du temps, nous portons ces peurs en nous inconsciemment. Nous pouvons avoir un vague sentiment de malaise ou d'insécurité, mais souvent nous ne voulons pas (ou ne pouvons pas) nommer cette peur, la partager ou la mettre en lumière. Nous finissons donc par trimballer ces ombres lourdes partout. Elles sont cachées assez profondément pour que nous n'ayons pas à y faire face, et restent assez vives pour être déclenchées à tout moment. Que ce soit « ce chien va me mordre », « cette personne va me briser le cœur » ou « cette personne n'a pas répondu à mon texto ». C’est en accueillant son histoire, nommant ses peurs dans le cadre professionnel d’une introspection, à une certaine écoute, que la parole libère.
Nous voudrions être préparés à ce qui va arriver - ce qui, bien sûr, est illusoire. Et avant de nous en rendre compte, nous nous retrouvons dans un état d'hyper-vigilance, attendant la prochaine chose qui va mal tourner, même si nous n'en sommes pas conscients. Cet état d'être piège notre vitalité, notre spontanéité et notre joie. Il nous maintient à l'étroit, sous le prétexte erroné de nous protéger, de plus en plus refermé sur nous-même.
Et si, au lieu « d’appréhender le désastre », nous pouvions encore être curieux des choses étonnantes qui pourraient nous attendre au coin de la rue ? Les étapes de nos vies sont souvent initialisées au détour d’une rencontre, d’un « par hasard », d’une conversation spontanée, d’un échange, d’une écoute, d’un regard, d’un partage, parfois très bref qui ne change rien, mais qui change tout.
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