Arrivée en Nouvelle Zélande, je me suis soumise, avec joie, aux examens d’équivalence afin d’acquérir le droit d’exercer dans le pays. Avec joie pour diverses raisons, la première étant de saisir la perception générale de la profession, de comprendre le mode de fonctionnement propre à cette nouvelle culture, et d'obtenir une vision de ce qui est disponible, courant ou commun, dans l’intégration de la psychanalyse dans le mode de vie quotidien de la population.
Cet enseignement est encore une source de découvertes passionnantes. Le code d’éthique ici se résume en une vingtaine de pages, traite du secret professionnel et appelle au respect, a l’honnêteté, au « bon sens », et « d’abord à ne pas nuire ».
Est-ce que le « bon sens » est international ?
Dans une "petite" communauté expatriée comme on la connait à Auckland, il existe une appréhension supplémentaire qui ajoute à la difficulté de prendre contact. « Qui connait qui ? » « Je ne voudrais pas croiser untel ou untelle dans la salle d’attente… »
Ce sujet a été traité dès les fondements de la pratique et les psys étaient invités à proposer une porte de sortie différente de la porte d’entrée afin d’être certain qu’aucun client ne se croise.
Il est bien sur possible d’organiser les rendez-vous de manière à ce que ce phénomène ne se produise pas, et j’y suis très vigilante prenant en compte ce sujet additionnel. Quant au secret professionnel il est bien sûr mentionné dans chaque code d’éthique mais il est avant tout un trait de caractère personnel indispensable relevant de la compétence du praticien, lui aussi expatrié.
Mais quelles compétences fondamentales requiert cette profession, parfois mystérieuse, effrayante, surprenante à laquelle on décide un jour de faire appel ? Pourquoi se confier à une inconnue ?
La démarche initiale provient souvent d’une souffrance, ou d’un besoin de « savoir », où le souhait de pouvoir « fixer » tel ou tel comportement qui se répète malgré les efforts fournis pour en venir à bout.
Que nous disent les symptômes avec lesquels on se débat ? Quelle est la fonction d’un symptôme et que peut-on en apprendre ? On vient parce que « ça ne va pas, et pourtant il n’y a pas de raison », « pour faire le point », « pour reprendre les rênes » parce que « ça m’échappe ». S’engager dans un travail est une aventure à la découverte de ce qui nous anime, que l’on nomme, mentionne, évoque, raconte au fur et à mesure des séances.
À quel moment s’engage-t-on dans un travail ?
Il se met en place parfois à la première séance, il nécessite parfois plusieurs séances d’approches. Confier son âme, son intimité, son mode de fonctionnement individuel, au sein de sa famille, évoquer ses valeurs, ses doutes, ses fantasmes, sa situation financière, sa sexualité est un risque en soi. La confiance, dont le lien entre le client et le praticien découle, prend place dans un cadre établit, qui respecte un code d’éthique, dont la méthode possède une structure qui se doit d’être respectée.
Le rendez-vous est précis, d’une durée préalablement établie, le rythme des séances comme le coût est aussi entendu dès le départ. Néanmoins, le nombre de séances ne peut être déterminé car le travail dépend de l’implication du sujet et de l’évolution graduelle et singulière de chacun et de ses mécanismes de défenses, des résistances qui font partie intégrante du travail.
Il s’agit là d’un engagement pour les deux protagonistes, les moments de colère, de déception, de sentiment de ne pas avancer, celui d’avoir été chamboulé, de ne pas se sentir mieux, toutes les manifestations donnent l’occasion d’élaborer, tout comme les moments de silence qui amènent le client à se révéler et accueillir la liberté de l’introspection.