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WAITANGI DAY - L'histoire tumultueuse du Waitangi Day

Écrit par Lepetitjournal.com Auckland
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 30 janvier 2013

C'est maintenant une tradition ancienne. Tous les 6 février, la Nouvelle-Zélande commémore la signature du traité de Waitangi. Le 6 février 1840, les représentants de la Couronne et 500 chefs de tribus Maoris ont signé le traité fondateur de la Nouvelle-Zélande, le "Waitangi Treaty".

L'héritage de Waitangi

Il faudra attendre le 6 février 1934 pour que soit commémoré pour la première fois le Traité de Waitangi.  Cette première commémoration trouve son origine dans l'action du Gouverneur-Général de l'époque, Lord Bledisloe, qui choisit en 1932 de donner à la nation la maison dans laquelle a été signé le traité, et les terres qui l'entourent. Il espérait que cette donation reflèterait l'harmonie entre les indigènes de Nouvelle-Zélande et les colons mais aussi que le site rappellerait l'histoire du traité tout en devenant un mémorial national.
La même année fut créé le Waitangi National Trust Board, composé à l'époque des membres de la famille Bledisloe, des descendants des signataires du Traité, de représentants de l'île du Nord et de l'île du Sud, mais également de certains politiques et personnes d'importance. De nos jours, le Waitangi National Trust Board, est toujours composé des descendants des signataires, maoris et colons, mais également de la famille de Bledisloe et de personnes d'importance.

Les souhaits de Lord Bledisloe ont été exhaucés puisque aujourd'hui Waitangi est un véritable musée, logé dans la Bay of Islands. Visite indispensable pour tous ceux qui souhaitent en apprendre davantage sur la culture Maori, l'histoire du Traité de Waitangi, et les nombreuses interrogations et débats entourant sa mise en application.

Depuis l'ouverture des "Waitangi Treaty Grounds", de nombreux visiteurs viennent s'imprégner de l'histoire et de la culture Maori qui s'en dégagent.

En 1934, quelque 10.000 Maoris assistèrent à la première commémoration. Pour beaucoup, cet évènement eut une importance significative puisqu'il leur permit de se remémorer le processus qui conduisit à la signature du Traité : lorsqu'en 1834 les tribus choisirent un drapeau national à Waitangi et en 1835 lorsqu'ils écrivirent la Déclaration d'Indépendance. Le 28 octobre 1835, les chefs des tribus Maoris déclarèrent leur indépendance vis-à-vis de la Couronne Britannique.

Le Traité est un document controversé, sujet à de nombreuses interprétations du fait des problèmes de traduction. (Voir notre article sur les versions anglaises et maories).

Célébrer la nation

Malgré les tensions et les contestations, les autorités ont toujours posé la journée de commémoration comme une consolidation de la nation. L'établissement d'une journée commémorative le 6 février a ravivé les souvenirs de dissidence. Les leaders Maoris l'ont bien compris et profitèrent de ces souvenirs en 1940 pour remettre en cause les relations raciales en vigueur dans le pays.

En 1940, les commémorations furent portées à un niveau supérieur. Les journaux parlèrent de Waitangi comme du "berceau de la nation", et "fondant le sentiment national". L'action d'Apirana Ngata, dans ce cadre-là, a été décisive dans la contestation de cette dynamique préconstruite. Avocat, parlementaire, il défendit les droits des Maoris et mit en lumière leur violation par le gouvernement. Il rappela en 1940, lorsque le gouvernement décida de célébrations fastueuses, que toute la nation n'avait pas quelque chose à célébrer. En conséquence, les chefs de tribus Maoris du Waikato décidèrent de ne pas assister aux commémorations à Waitangi, alors qu'ils avaient pourtant aidé à la construction du canoë de guerre maori faisant 30 mètres de long, le Ngatokimatawhaorua,

La reconnaissance législative fût la première étape à l'établissement d'un jour férié. En 1957, le Labour promit de faire du 6 février une journée nationale, et donc un jour férié. En 1960, le Waitangi Day Act transforma ce souhait en réalité. Pour la première fois, des membres du corps diplomatique assistèrent aux commémorations, devenues officielles.

Les années 1970 furent été marquées par les protestations exponentielles des Maoris vis-à-vis du Traité. Un groupe a même porté l'affaire aux Nations Unies en 1971. D'autres, comme les Nga Tamatoa,"Young Warrrios", (Jeunes Guerriers) préférèrent critiquer ouvertement le pacifisme des Maoris en privilégiant l'affrontement direct. Norman Kirk, premier ministre en 1973, annonça que cette journée nationale serait désormais connue sous le nom de "New Zealand Day". Kirk voulait que la première commémoration célèbre la multi-ethnicité et l'identité multiculturelle de la Nouvelle-Zélande avec une visite de la famille royale.

Toutefois, le New Zealand Day n'était pas réellement célébré à part à Waitangi, et la mort de Norman Kirk fût une des raisons de cette mise sous silence; l'on préféra se référer au Waitangi Day. En 2000, la Première ministre Helen Clark affirma que "mon sentiment profond est que les journées et évènements entourant le Waitangi Day devraient contribuer à la célébration de l'identité néo-zélandaise, tout en la forgeant." Depuis, le gouvernement a mis en place des fonds pour aider les organisateurs d'évènements célébrant la signature du Traité de Waitangi et cette journée est désormais réservée aux familles.

Les contestations font désormais parties du "train-train" quotidien.

Filip Milo (www.lepetitjournal.com/auckland) mercredi 30 janvier 2013

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Publié le 30 janvier 2013, mis à jour le 30 janvier 2013
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