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DROITS SUR L’EAU - Les Maoris et le gouvernement toujours en désaccord

Écrit par Lepetitjournal.com Auckland
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 novembre 2012

 

Ce mardi 18 septembre 2012 sonne l'ouverture des négociations entre les iwi, soit les différentes tribus maoris, et le gouvernement de John Key, représenté par le ministre des Finances Bill English, sur fond de déclarations hasardeuses.


A la recherche d'un consensus


(Source: alfgrumblemp.wordpress.com)Les Maoris considèrent que la vente partielle de Mighty River Power entrave leurs droits sur l'eau. Cependant, ils n'ont pas une position uniforme et commune sur cette question. En effet, les approches, opinions et démarches diffèrent entre le "Maori Council of New Zealand", le "Iwi Leaders Group" et le Kingitanga, le mouvement pour la monarchie maorie, mais aussi les autres tribus. Cela ne les a pas empêchés de se rencontrer lors d'un rassemblement, pour débattre des conséquences de la vente de parts de Mighty River Power, au siège du Kingitanga à Tuarangawaewae, Ngaruawahia, sur les berges de la rivière Waikato. Le lieu est hautement symbolique : Waikato est en effet le moteur des infrastructures de Mighty River Power et l'enjeu principal du Traité de Waitangi, et marque la volonté d'afficher une unité pour mieux faire pression sur le gouvernement de John Key tandis que celui-ci était résolu à débattre séparément avec les groupes iwi.


Simple regroupement spontané autour d'une question qui les affecte tous ou véritable  stratégie ? Pour l'heure, il est certain que le Iwi Leaders Group souhaite obtenir des garanties au moins équivalentes aux demandes initialement rendues publiques par le Conseil Maori. Le porte-parole du Kingitanga, Tukuroirangi Morgan, a explicité qu'une solidarité était naturelle et voulue autour d'une problématique commune, soit le sapement des droits des Maoris par la Couronne, dans le litige du Traité de Waitangi et la vente partielle de Mighty River Power. Pour les leaders iwi, la démarche la plus judicieuse serait de s'attirer le consentement du gouvernement, en leur démontrant l'impact négatif d'une vente sur la reconnaissance de leurs droits sur l'eau.
Toutefois, si le Iwi Chairs' Forum a accepté, en théorie, d'adopter une position commune, les autres déclarations du Roi Maori lors du rassemblement n'ont pas été sujettes à un vote, prouvant l'éclatement et les divergences politiques, d'opinions au sein même des Maoris. La complexité et l'histoire des droits sur l'eau sont reflétés à travers ce débat. Le gouvernement n'a pas voulu envoyer de représentants pendant le hui du Roi Maori, décidant ne pas vouloir négocier avec des groupes directement formés et fondés suite à ce rassemblement.


Un débat qui risque de cristalliser les pourparlers


La teneur conflictuelle du débat s'est vue rehaussée avec les déclarations du Roi Maori et de John Key. Le Roi Tuheitia a purement et simplement affirmé que l'eau avait toujours appartenu aux Maoris. La réponse de John Key a été immédiate et sans ménagement, estimant que les affirmations de Tuheitia étaient "complètement fausses". Cette déclaration a suscité un tollé auprès des personnalités Maoris. A ce titre, le porte-parole de Kingitanga a rétorqué  que le premier ministre était "culturally ignorant". A son tour, le co-leadeur du Maori Party Pita Sharples a déclaré que Key se trompait avant de manifester son soutien au Roi Tuheitia. La privatisation est donc loin d'être anodine et continue de meurtrir le paysage politique néo-zélandais et d'ébranler les alliances, devenues subitement incertaines.  
D'autre part, les iwi ont prévenu qu'ils pouvaient boycotter le premier hui, qui se tiendra le mardi 18 septembre 2012 à Hamilton. Six autres suivront dans les semaines suivantes dans tout le pays. John Key, sur la défensive, a fait part de son indifférence et dire respecter leur liberté de mouvement avant de conclure que son gouvernement avait déjà sa propre opinion et ne risquait pas d'évoluer si aucun interlocuteur ne se manifestait.
L'espoir est par ailleurs entretenu à travers le ministre des finances Bill English, qui a une bonne compréhension du Traité de Waitangi, et s'il désire mettre de côté les "share plus", il souhaite parallèlement trouver une solution alternative.

 

Filip Milo (www.lepetitjournal.com/auckland.html) mercredi 19 septembre 2012

le petit journal auckland
Publié le 19 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012
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