SPORT - L'Ovalie aux pays des Grecs

Alors que la Coupe du Monde du Rugby bat son plein actuellement en Nouvelle-Zélande, en Grèce, l'ovalie tente de se développer au sein d'un pays où le football et le basket sont les sports rois. Retour sur une pratique sportive qui ne demande qu'à grandir

Entraînement des Attica Springboks, un des premiers clubs de Rugby fondé en Grèce (photo RC)

Samedi dernier dans la matinée, au James Joyce, pub irlandais de Monastiraki,  l'ambiance était gonflée à bloc. Et pour cause, les quarts de finale de la Coupe du Monde du Rugby avaient lieu opposant la France à l'Angleterre. Dans ce bar où supporters Anglais et Français s'enflammaient pour leurs nations respectives, une chose était frappante : aucun Grec, ou presque, n'était présent pour suivre cette rencontre finalement remportée par le Quinze de France (19-12). La raison est simple : le Foot et le Basket sont aujourd'hui les sports qui écrasent toutes autres concurrences athlétiques en Grèce.

Petit à petit?
Pourtant, l'origine du Rugby peut remonter à l'époque de l'Iliade et l'Odyssée. Un temps où les jeux sportifs occupaient une grande place au sein de l'histoire grecque, les prémices du ballon ovale s'étaient fait sentir par l'intermédiaire d'un jeu dont le but consistait à se faire des passes uniquement vers l'arrière tout en avançant sur le terrain? Depuis ça, le Rugby en Grèce a certes évolué, mais pas autant que les grandes nations. C'est en 1982 que le premier club fût créé, alors qu'il faudra attendre 20 ans plus tard, en 2001 plus exactement, pour voir la création d'une fédération. Quelques années ensuite, un championnat composé aujourd'hui de 8 équipes vit le jour. Pour Vangelos Stamos, le président de la fédération grecque de Rugby, ce sport doit se construire petit à petit : "Il ne faut pas aller trop vite avec le Rugby en Grèce. On essaye progressivement de se développer. Mais plus tard, je pense vraiment qu'on trouvera notre place entre le foot et le basket".

"Qu'ils soient petits, gros, maigres?"
Et pour en savoir un peu plus, l'occasion pour nous de passer une journée au sein des Attica Springboks, un des premiers clubs de Rugby fondé en Grèce. Ce jour-là, c'est la reprise du championnat contre les Spartans, autre formation grecque. Pour les Attica, ce fût une formalité, et le match n'a pas vraiment eu lieu. Résultat : 41-0. Satisfait du score, John Kosmas, un des fondateur du 3e club d'Athènes, revient pour nous sur le Rugby en Grèce. "Notre club a été fondé en 2000 et nous faisons partie du championnat depuis 2005, raconte-t-il.  Parmi les 8 équipes présentes, il y a 3 équipes à Athènes, 3 à Thessalonique, une à Rhodes et une autre à Trikala. Officiellement, il devrait y en avoir 24 mais on n'a jamais vu toutes les autres?", concède l'ancien joueur. De son côté, Nikos Petropoulos, l'entraîneur des Attica se montre optimiste pour la suite. "Notre club est très bien organisé, et nous disposons d'un bon effectif. Mais pour développer le Rugby ici, on essaye toujours de motiver des Grecs à vouloir jouer, et ce, qu'ils soient petits, grands, gros, maigres? La prise de conscience passera par là", estime-t-il.

"Prendre l'exemple de l'Italie"
Une prise de conscience qui avance doucement donc, mais sûrement. Anna Gounari, vice-présidente des Attica Springboks, pense, quant à elle, que le Rugby peut s'inscrire dans les pratiques sportives grecques dans les années à venir. "On est sur la bonne voie. Aussi, on a créé une Academy dans laquelle on forme nos joueurs qui ont entre 7 et 18 ans. C'est vraiment essentiel de sensibiliser les jeunes Grecs qui, à leur tour, développeront les valeurs du Rugby en Grèce", analyse cette expatriée française. "La Grèce dispose d'une équipe nationale mais seulement en 3e division. Elle a notamment dû affronter la Finlande, Bulgarie, Luxembourg ou encore l'Israël pour les qualifications du Mondial. Mais nous devons prendre l'exemple de l'Italie qui est partie de zéro et qui est aujourd'hui au sein du tournoi des 6 Nations?". A l'image d'une minorité grecque, Anna y croit, et ce, même si il faudra attendre des années pour voir la Grèce côtoyer les plus grandes nations.
Romain Canault (www.lepetitjournal.com/athenes.html) Vendredi 14 octobre 2011

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