En septembre dernier, le Parlement Européen a largement voté en faveur du rapport Sargentini qui décrit « un risque clair de violation grave » des valeurs européennes en Hongrie. L’issue de ce vote a clairement fait écho aux reproches déjà portés contre le gouvernement par une partie de la population hongroise, notamment de la part de la jeunesse.
Bence, âgé de 24 ans, est un étudiant en école d’ingénieur à Budapest. Il est fermement opposé au gouvernement de Viktor Orbán. Malgré la faiblesse de l’opposition, il croit en la puissance du vote. Il souhaite « sauver [son] pays des mains du Fidesz qui est en train de l’éloigner des valeurs démocratiques », a-t-il confié. Comme 56% des Hongrois (d’après un sondage réalisé par Euronews et Pulzus sur un échantillon représentatif de 800 personnes), il pense que le vote du Parlement Européen en faveur du rapport de l’eurodéputée néerlandaise, Judith Sargentini, est juste. Il espère que ce vote historique entrainera une réaction de la part de la population hongroise, ainsi que du gouvernement.
D’après l’étude « Corruption Perception Index » réalisée par Transparency Internationalen février 2018, la Hongrie est le deuxième pays le plus corrompu d’Europe, après la Bulgarie. Pour cause : le Premier ministre, Viktor Orbán, a modifié le système électoral grâce à la majorité conservatrice au sein du Parlement, favorisant ainsi sa ré-élection en avril dernier aux législatives. Pour beaucoup de citoyens hongrois, ce remaniement ne passe pas. De plus, il mène une politique très stricte envers la presse et a considérablement limité les compétences de la Cour constitutionnelle hongroise. Une partie de la jeunesse magyare reproche ces trois faits au gouvernement d’Orbán. La majorité des jeunes citoyens s’oriente davantage vers le parti Jobbik (extrême-droite), qui joue la carte de la dé-diabolisation et celle de la jeunesse, ou vers le parti LMP (les verts, plus centriste). Même si leurs idées sont différentes, leur combat se rejoint en un point : ils dénoncent fermement la corruption. De son côté, le rapport Sargentini va encore plus loin. La députée européenne reproche au gouvernement de bafouer les libertés fondamentales, piliers des valeurs européennes, portant atteinte aux droits de culte, d’association et aux libertés de la presse et d’expression.
Si les jeunes citoyens hongrois approuvent la majorité des points listés par l’élue verte néerlandaise, la politique de Viktor Orbán contre les migrants est loin de diviser les troupes — ce qui explique la popularité du parti d’extrême droite Jobbik chez les jeunes. Bence confie être affecté par la situation des migrants en Méditerranée mais pense que la Hongrie n’a pas les capacités matérielles et économiques pour accueillir ces populations, contrairement aux autres pays qui constituent l’Union Européenne. Cette vision est partagée par de nombreux Hongrois.
La procédure lancée par l’Union Européenne contre la Hongrie a réveillé l’opposition. Dimanche 16 septembre dans l’après-midi, environ deux mille personnes se sont retrouvées sur la place du Parlement à Budapest, dont Bence. À ces côtés, de nombreux jeunes étudiants budapestois mais aussi des parents et jeunes travailleurs. Même si le Fidesz et Viktor Obán ont été élus avec près de 50% des voix aux dernières législatives, l’opposition reste fermement soutenue par les citoyens qui espèrent une unité plus forte entre les différents partis au sein du Parlement.