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23 octobre: souvenir des luttes acharnées contre le communisme

Fête nationale HongrieFête nationale Hongrie
Crédits KEYSTONE - by Tamas Kovacs
Écrit par Gayraud Johanna
Publié le 22 octobre 2018, mis à jour le 18 juin 2019

Voilà quelques jours que les rues de la capitale hongroises s’ornent de drapeaux percés en leur centre le long des façades. En effet, la journée de commémoration des 23 octobre 1956 et 1989 s’approchant, les habitants se préparent. Retournons en arrière pour comprendre ce qu’il s’est passé en Hongrie au cours de ces deux journées.

 

23 octobre 1956 - Dans l’après-midi, les étudiants de la capitale hongroise envahissent les rues pour exprimer leur mécontentement envers le gouvernement communiste de Mátyás Rákosi et les politiques imposées par l’URSS. Le cortège part de la statue du poète Sandor Petöfi, ­inspirateur de la révolution de 1848­, et déambule dans la ville en scandant certains de ces vers patriotiques interdits à l’époque. Pour la première fois, les armoiries du drapeau hongrois sont arrachées, faisant de lui le symbole de la Révolution. Les reliques staliniennes de la ville sont pillées, les manifestants se réunissent au pied de la statue du général Bem, figure européenne du patriotisme formé aux idéaux de la Révolution française. Le nombre de participants ne cesse d’augmenter aux fil des heures, atteignant les 200.000 sur l’esplanade du Parlement au coucher du soleil. La foule veut libérer son pays des griffes soviétiques, la mise en place d’élections libres et souhaite le retour d'Imre Nagy, communiste réformiste écarté du pouvoir en 1955. Mais lorsque certains manifestants parviennent à s’introduire dans le bâtiment de la radio nationale pour diffuser leur message au plus grand nombre, les forces de sécurité ouvrent le feu sur la foule. La révolution de 1956 est lancée.
 

De nombreuses émeutes éclatent dans la capitale. Le 25 octobre, les soldats soviétiques et les membres de l’ÁVH (police politique du régime communiste) massacrent des manifestants sur la place de Kossuth (l’esplanade du Parlement). Les Hongrois les plus courageux se liguent alors dans une lutte sans merci contre les Soviétiques. Ils s’unissent au coeur de milices populaires pour mater l’ÁVH et l’Armée Rouge. Alors que le gouvernement fuit la capitale, Moscou réplique en encerclant la ville et parvient à mettre fin à la révolte quelques jours plus tard.

Au total, plus de 2.600 Hongrois payent de leur vie, d’autres ont eu l’espoir, pendant quelques jours seulement, de pouvoir enfin libérer leur pays de l’autorité moscovite. Avec beaucoup d’amertume, ils ont assisté au rétablissement d’un nouveau régime communiste, le régime de Kádár, à l’initiative de nombreux actes de rétorsion durant les trois années qui suivent la Révolution. Des centaines de personnes ayant participé au soulèvement sont exécutées (dont Imre Nagy en 1958), 21.000 personnes sont emprisonnées et en moyenne 17.000 sont internées. Face à tant de violence, 200.000 Magyars quittent le pays pour se réfugier majoritairement en Autriche mais aussi à travers l’Europe et en Amérique du Nord. Le 6 mars 1957, la France accueille 8.900 réfugiés hongrois.

 

23 octobre 1989 - Trente-deux années plus tard, le régime communiste dictatorial hongrois s’effondre. La République Populaire de Hongrie devient alors officiellement la République de Hongrie, avec Mátyás Szürös comme premier Président de la République hongroise. Pendant trente ans, tout débat public concernant la Révolution de 1956 fut interdit. Mais avec le dégel des années 80, cet événement fait l’objet d’intenses discussions. Ainsi, le 23 octobre devient une double fête nationale.

 

Alors que cette journée de commémoration devrait se dérouler dans une grande unité du peuple hongrois, elle représente depuis quelques années l’occasion parfaite pour les partis politiques de de diffuser leur propagande et d’attaquer leurs adversaires. En ce jour de Fête nationale, chaque tête d’un parti politique hongrois a l’habitude de réaliser un discours dans la capitale. L’année dernière, le Premier ministre tenait ses propos habituels concernant l’Union Européenne et le FMI, ainsi que tout ceux qui, selon lui, veulent la perte de la Hongrie. « Les puissances de la mondialisation  essayent de forcer l’ouverture de nos portes et travaillent à faire de nous, les Hongrois, des Homo Busselius », déclarait-t-il à la tribune à Budapest. Cette année encore, il réalisera un discours à partir de 15h, mardi, depuis le musée de la Maison de la Terreur.

 

 

Comment célébrer le 23 octobre à Budapest ? 

À 9 heures, le drapeau hongrois sera officiellement levé sur l’esplanade du Parlement, avant la cérémonie de commémoration.
Toute la journée, le Parlement et le Musée de la Maison de la Terreur ouvriront leurs portes gratuitement.
À 20 heures, l'Orchestre symphonique hongrois et Anna & les Barbies se produiront au Millenáris B Hall (entrée gratuite).
Enfin, la capitale hongroise sera ornée d’anciennes voitures de tramway sur les lignes 4-6 et 47-49, du 22 octobre jusqu’au 4 novembre.
Tous les ingrédients seront réunis pour revenir 62 ans en arrière et se laisser surprendre par la riche histoire de la Hongrie !

Johanna Gayraud
Publié le 22 octobre 2018, mis à jour le 18 juin 2019

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