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INUITS – La chasse aux phoques pour survivre au Nunavut

Écrit par Lepetitjournal Toronto
Publié le 12 mai 2016, mis à jour le 12 mai 2016

 

Pendant des années, les ONG se sont battues contre la chasse aux phoques, en particulier au Canada, premier exportateur de peaux. Les Inuits ont été interdits de pratiquer cette chasse traditionnelle, source alimentaire et financière indispensable pour eux. Aujourd'hui encore, les conséquences se font ressentir au Nunavut.

À partir des années 1970, des organismes de défense des animaux tels que The Humane Society of the United States, la PETA, l'IFAW ou encore Greenpeace entament leur croisade contre la chasse aux phoques. Entre chasse commerciale et chasse traditionnelle inuite, ils ne font pas la différence. Pourtant, elle est de taille…

Depuis plus d'un millénaire, les Inuits chassent les phoques car c'est l'un des seuls moyens pour eux de survivre dans l'Arctique canadien. Loin des massacres de masse, les Inuits tuent uniquement les mâles en fonction de leurs besoins et ne font aucun gâchis : très nutritive, leur viande favorise la circulation du sang et aide à lutter contre les maladies cardiaques ; transformée en huile, leur graisse est utilisée comme combustible et leurs peaux permettent de se protéger du froid.

La "grande dépression"

Brigitte Bardot et les ONG utilisent pendant longtemps des photos de blanchons (bébés phoques au pelage blanc), larmes aux yeux, pour sensibiliser l'opinion publique et obtenir des financements... En oubliant de dire que les Inuits vivent de la chasse et que les phoques ne font pas partie des espèces protégées !

Les exportations de peaux sont interdites vers les États-Unis et l'Union Européenne. Cela conduit à une chute colossale du marché, ce que les Inuits appellent leur "grande dépression". La vente des peaux leur permettait de payer leurs factures ou leur matériel de chasse. À partir de ce moment-là, les Inuits se retrouvent sans rien.

Dans les années 1980, la plupart de la communauté est contrainte de quitter le territoire. L'alcool et la drogue entrent dans les petits villages. Le chômage, la pauvreté et la colère font monter en flèche le taux de suicide au Nunavut. À cette période, il y est dix fois plus élevé que dans le reste du pays. Aujourd'hui encore, c'est l'État où on en enregistre le plus.

Remonter la pente

C'est seulement en juillet 2015, après de multiples manifestations et pétitions du peuple Inuit que l'Union européenne approuve officiellement la demande du Nunavut d'être exemptée de l'interdiction d'exportation. Depuis, le prix des peaux a été augmenté de 25% au Canada : selon la taille et la qualité, elles peuvent rapporter entre 34 à 75$ aux chasseurs.

Le gouvernement canadien a décidé d'investir 5,7 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir le développement de systèmes permettant de certifier les produits qui découlent d'activités de chasse traditionnelle ; fournir des conseils commerciaux et offrir des formations aux collectivités autochtones afin de les aider à développer des pratiques commerciales efficaces.

L'IFAW (International fund for animal welfare) a reconnu récemment qu'elle ne s'opposait pas "à ce que les autochtones tuent des phoques pour s'alimenter, se vêtir et pour d'autres usages [ni] à ce que les collectivités autochtones distribuent et vendent localement des produits tirés de phoques tués dans le cadre d'une chasse de subsistance. " Mais l'association ne s'est jamais excusée du préjudice causé envers les Inuits.

Le ministère de l'Environnement du Nunavut souligne qu'à l'heure actuelle "la plus grave menace qui plane sur la ressource provient non pas des chasseurs, mais bien des changements climatiques et des répercussions possibles liées au développement – facteurs qui pourraient modifier l'état des glaces et rendre précaire la mise bas."

Kim Chaze (www.lepetitjournal.com/toronto) mercredi 11 mai 2016

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Publié le 12 mai 2016, mis à jour le 12 mai 2016

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