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EKIN AGENCY ARTS – De la dramathérapie pour parler de l’homosexualité

Écrit par Lepetitjournal Toronto
Publié le 28 juin 2016, mis à jour le 6 janvier 2018

La pièce d'Adrienne Medjo, Migration : D'une rive à une autre en quête d'identité présentée par l'Agence Ekin à l'Alliance Française a eu beaucoup de succès vendredi dernier. L'histoire dénonçait les problématiques culturelles et d'identités des immigrants africains de la communauté gai.

"Je n'ai rien inventé. J'ai dédramatisé mais ce n'est pas un mythe", explique Adrienne Medjo, la metteuse en scène. Sa pièce Migration : D'une rive à une autre en quête d'identité commence avec humour et légèreté pour petit à petit toucher le fond du problème : comment les immigrants africains de la communauté LGBTQ (lesbienne, gai, bisexuel, transgenre, queer) vivent au quotidien leur sexualité.

Parfait (Christian Tchoumi) et Jolie (Lalie Vilar) se heurtent aux traditions où "tu suis le choix du groupe". Forcé à se marier avec une jeune inconnue parce que cela arrange la famille, Parfait annonce malgré lui son homosexualité. Il doit affronter l'incompréhension de son meilleur ami, la haine de ses voisins, le rejet de son père. Sa tante Cécile va même jusqu'à l'envoyer chez un marabout pour le guérir de ses "symptômes".

Le Canada, une délivrance ?

Le jeune homme finira par « aller chez le Blanc », au Canada, pour fuir les on-dit et les persécutions. Si l'homosexualité y est décriminalisée depuis 1969 et que le pays est un des leaders en ce qui concerne les acceptations sociales et l'égalité juridique, les mentalités sont-elles vraiment différentes qu'en Afrique ?

"Elles restent les mêmes" selon Clémence Ndione (le marabout dans la pièce). La jeune femme a beau avoir quitté son pays, elle se sent toujours persécutée par les discriminations. Elle avoue devoir toujours se cacher dans sa communauté.

Clémence Ndione en rigole en disant : "Je suis noire, je suis lesbienne? Je suis dans la merde !" Puis, elle reprend son sérieux en soulignant que les demandes d'asile canadiennes sont plus longues pour les femmes que pour les hommes. Et qu'en plus, elles doivent prouver leur orientation sexuelle "alors [qu'elles doivent] se cacher en Afrique".

Des témoignages plus qu'une pièce de théâtre

Trente heures de dramathérapie ont été nécessaires pour monter la pièce. Adrienne Medjo raconte qu'il a fallu "beaucoup de discussions, de débats, de prises de tête. On s'est beaucoup tapé dessus et puis on s'est aimé à la fin !" Les acteurs amateurs ont partagé leur histoire commune.

Pour Clarisse Youtchou, qui joue la mère de Parfait, "ce n'était pas une interprétation, c'était [leur] vie". Cela a été "une véritable torture" mais aujourd'hui, bien que le sujet soit toujours tabou, "ça commence à aller mieux".

D'ailleurs, elle ne pensait pas se retrouver à jouer devant une centaine de personnes pour en parler. Et c'est sans doute parce que son vécu et celui des autres acteurs a primé sur le jeu que leur message a été si poignant.

Kim Chaze (www.lepetitjournal.com/toronto) mardi 28 juin 2016

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Publié le 28 juin 2016, mis à jour le 6 janvier 2018

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