Édition internationale

CAROLINE BOUQUET - Artiste voyageuse à Sydney

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 décembre 2012

Caroline Bouquet est expatriée depuis de longues années. Elle est arrivée à Sydney il y a un an et demi. Au fil de ses déambulations dans la ville, elle s'est mise à peindre sur des cartes jusqu'à en faire un véritable parcours de découverte. Découverte d'une ville lointaine, exploration de la notion de déracinement mais aussi découverte d'elle-même et à quel point on peut perdre le nord quand on vit "down under", la tête à l'envers. Rencontre avec une artiste voyageuse

Image Caroline Bouquet?

LePetitJournal.com/Sydney - Quel est votre parcours ?
Caroline Bouquet - J'ai fait des études de droit et de science politique, puis une carrière bancaire mais j'ai toujours eu envie de peindre. Lorsque nous sommes partis vivre en Egypte, j'y ai fait des rencontres de femmes artistes et je me suis lancée, j'ai fait des expos avec ce groupe de filles et je me suis découvert une passion. Et cette passion, je ne la conçois que dans le partage, il faut vivre sa passion surtout si on est loin.

Puis nous sommes partis vivre à Hong Kong, et j'ai recommencé un peu à travailler dans la finance et d'autres choses à côté mais tout en continuant ma passion pour la peinture. Là, à nouveau, j'ai fait un rencontre avec un groupe d'artistes "Artists Abroad", qui est un groupe de femmes artistes. Là encore, elles m'ont beaucoup motivé, appris et poussé à continuer à vivre ma passion.

Après 8 ans passés à Hong Kong, la famille rentre en France et là se pose la question de savoir si je me remets dans le monde du travail ou si je vais au bout de ma passion et ça, cela passait forcément par les Beaux-Arts. J'ai décidé de faire les Beaux-Arts. Je passe le concours, je suis prise et là commence une expérience difficile. J'ai souffert, c'est dur car on vous demande de sortir vos tripes, il faut aller plus loin, il faut s'exposer et c'est toujours difficile de s'exposer. On se cache toujours derrière quelque chose et là on vous juge sur votre faculté à sortir de vous-même. C'était angoissant mais je suis allée au bout.

Et des Beaux-Arts, nous sommes repartis à l'étranger, à Sydney il y a un an et demi.

A Sydney, la même question s'est elle posée sur ce que vous alliez faire ?
Non là le choix est clair, c'est la peinture. J'ai 50 ans et à un moment donné, je vais me retourner et me demander ce que j'ai fait de ma vie. Cela peut être super d'avoir enrichi un patron, une banque, mais ce n'est pas là que je voudrais me réaliser. J'ai créé le Café des Artistes avec l'association Sydney Accueil pour encourager d'autres femmes à venir parler de leurs passions et à partager des choses. Car en tant que "femme d'expatrié", il faut bien que vous construisiez votre vie ailleurs et votre discours peut passer par autre chose que vos enfants ou l'école. Ces femmes ont souvent des tas de passions à partager et cela passe par la peinture, un journal, de la poésie?Souvent d'ailleurs, on se rend compte que ces femmes sont talentueuses, elles ont simplement mis cela de côté dans leur vie. Et moi je voudrais encourager ces parcours comme je l'ai été moi-même par d'autres femmes.

Comment vous est venue l'idée de peindre sur des cartes ?
Lorsque je suis arrivée à Sydney, ce qui m'a frappé c'est que, évidemment c'est loin et l'on matérialise la distance, on explore la notion de distance. D'un point de vue personnel, ma famille était éclatée pour la première fois, mes trois filles sont restées en France et j'ai été touchée par la perte de repère d'un point de vue familial d'abord et d'un point de vue géographique; je me suis sentie perdue. Même si nous avions déjà vécu à l'étranger,  il y avait ici le soleil qui se levait sur la mer et se couchait sur la terre, le nord qui devenait le sud, tous vos repères changent, je me suis trouvée perdue dans l'espace (et dans le temps avec le décalage horaire). Du coup, on me donnait des cartes tout le temps, des cartes que je ne savais pas comment lire, c'est fondamental cette histoire de soleil. J'ai utilisé ces cartes pour essayer de m'imprégner des lieux et j'ai peint dessus..naturellement. D'où le thème "Mapping Sydney" . J'étais constamment à la recherche de lignes, de points d'ancrage..il y a les phares,  les lignes de vagues. Cela aide à s'ancrer, à se concentrer sur le lieu et sur soi-même..à se dire "je suis d'ici" ok c'est loin mais c'est bien aussi. Et pourtant l'Ailleurs je connaissais puisque nous avons vécu dans le Pacifique sud, nous nous y sommes mariés et à une époque ou il n'y avait pas les moyens de communication d'aujourd'hui, donc on pouvait se sentir beaucoup plus isolé.

Avez-vous fini par trouver votre point d'ancrage après un an et demi à parcourir la ville ?
Je suis toujours déracinée, cela reste "Ailleurs", cela reste loin. En plus tout est un peu pareil, la vie est très facile et agréable certes, mais on est "Ailleurs".

Mais Hong Kong aussi c'était "Ailleurs"...
A Hong Kong, on est transporté en Asie, on est obligé de s'adapter, c'est un vrai challenge d'entrer dans un univers dans lequel on est une petite fourmi parmi des millions d'autres..ne serait-ce que trouver du boulot à Hong Kong, conduire à Hong Kong c'est un vrai challenge et j'y ai gravi les étapes, j'ai adoré m'y ancrer. Ici à Sydney, c'est beau, c'est propre, c'est lisse? c'est pour cela que j'ai commencé à dessiner sur les aborigènes avec un thème qui était "My Country, My Body" car ce sens du lieu, de la cartographie et du territoire, je trouve cela passionnant. Le corps, le lieu ça fait partie de mon discours?

Vous faites des carnets de voyages...
Oui j'en ai déjà fait un sur Hong Kong qui a été publié aux éditions MCCM. (?Hong Kong Five Senses?  2007). Et mon objectif est d'en publier un autre sur l'Australie bien sur. S'il y avait un véritable marché en France, ici en Australie c'est plus difficile, le marché est plus petit. Mais j'aimerais bien voir le projet aboutir.
Flore Gregorini (www.lepetitjournal.com/sydney) mardi 27 novembre 2012



Exposition de Caroline Bouquet - Mapping Sydney

QUAND: Jusqu'au 10 décembre de 10h à 19h

OU: ?Customs House, Level 1?31 Alfred Street, Circular Quay

Entrée gratuite

www.sydneycustomshouse.com.au

Prochain Café des Artistes

QUAND: Vendredi 7 décembre à 10h

OU: Custom House, Level 1?31 Alfred Street, Circular Quay

Contactez Caroline

quetbou.family@gmail.com


Le Petit Journal Sydney
Publié le 26 novembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012
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