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SOCIETE - Les aborigènes ou les invisibles de l'Australie

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 11 avril 2016, mis à jour le 11 avril 2016

Le récent débat qui a divisé les universitaires pour savoir si l'Australie avait été « découverte » ou « envahie » a remué des questions plus profondes sur la place des aborigènes et leur reconnaissance sociale et culturelle dans le pays. A l'inverse de la population maori en Nouvelle Zélande, les aborigènes restent des habitants de seconde zone en Australie.

C'est après la une choc du Daily Telegraph, que le débat sur "l'invasion" ou la "découverte" de l'Australie avait été lancé : « L'université de Nouvelle-Galles-du-sud réécrit l'histoire en disant que Cook a 'envahi' l'Australie. ». Une attaque qui n'avait pourtant pas lieu d'être pour de nombreux professeurs et historiens reconnaissant le manque d'enseignement sur le peuple aborigène :

« On ne peut pas nier notre histoire. C'est une histoire qui n'a jamais été entièrement enseignée, dans notre pays. Quand je suis allée à l'école, j'ai appris qui étaient les rois et reines d'Angleterre bien avant d'apprendre des choses à propos de mon peuple. Donc je pense que c'est bien d'avoir ce débat maintenant et de mettre en avant la véritable histoire de notre pays. Ça montre tout le chemin que l'on a encore à faire en terme d'éducation et de réconciliation, et ce débat doit avoir lieu. » avait confié l'historienne Jackie Huggins à Radio Australia

En parallèle, la fête nationale australienne du 26 janvier témoigne également de ce manque d'éducation et de réconciliation envers les aborigènes. Pour les uns, The Australia Day est un jour de fête qui célèbre l'arrivée de la première flotte britannique en 1788. Pour les autres, c'est un jour de deuil, rebaptisé The Invasion Day, qui marque le début des massacres commis envers les aborigènes. En effet, colonisée sans traité ni consentement des aborigènes, l'Australie semble nourrir cette injustice de départ qui n'a fait que croitre avec le temps.

Tirer les enseignements de la Nouvelle-Zélande ?

Mélinda Morris, journaliste australienne du site en ligne Newmatilda notait dans un billet la différence frappante entre les Maoris et les Aborigènes 

"Récemment en Nouvelle Zélande pour un voyage , j'ai été tout de suite impressionnée par la large culture et la connaissance des cultures indigènes des néo-zélandais et en même temps honte de réaliser que l'Australie était loin  derrière [...] A l'aéroport on est directement accueilli par un "Kia Ora", le bonjour Maori qui est entré dans le langage courant du pays. En allumant la télé de mon hôtel, j'ai vu des acteurs maoris, des présentateurs maoris, des émissions en maori. J'ai vraiment pris conscience à quel point les aborigènes sont passés sous silence dans mon pays."

La culture Maori est en effet réellement entrée dans la culture dominante de la Nouvelle-Zélande comme le témoigne la célèbre danse du haka, portée à l'international par les All Blacks. Au niveau de la reconnaissance sociale, le traité de Waitongi garantit depuis 1840 l'égalité des droits entre Maoris et britanniques.  

"Je ne dis pas que la Nouvelle Zélande est un modèle absolu pour les relations entre indigènes et non indigènes. Les inégalités persistent et il y a beaucoup de racisme. Mais le Maori est lui visible, il est présent dans la société néo-zélandaise. Ce pays nous rappelle constamment qu'il partage une terre entre indigènes et non indigènes"  a t-elle ajouté.

En 2008, le gouvernement australien avait lancé le projet ambitieux « Combler le fossé » ayant pour but d'améliorer les conditions de vie des aborigènes au niveau de l'éducation, de la culture et de la santé. Mais l'écart ne se referme pas et se creuse et le nouveau gouvernement de Turnbull fait la politique de l'autruche. L'espérance de vie des Aborigènes est aujourd'hui inférieure de dix ans à celle des Australiens, tandis que le taux de mortalité des enfants aborigènes est deux fois plus élevé que dans le reste de la population. Ils ont plus de chance de développer des maladies mentales et de se faire incarcérer. Ils sont très peu présents dans les médias, dans la politique et dans le secteur privé. Les dialectes aborigènes, pas du tout étudiés en classe sont voués à disparaître.

Un traité moderne, qui ne remettrait pas en question l'intégrité de l'État-nation australien, donnerait aux peuples indigènes la place qu'ils n'ont jamais eue, ouvrirait peut-être la voie à une plus grande unité et permettrait de s'attaquer à des problèmes sociaux et économiques urgents.

Maëlys Vésir lepetitjournal.com/Sydney mardi 12 avril 2016

Le Petit Journal Sydney
Publié le 11 avril 2016, mis à jour le 11 avril 2016

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