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PRISONS - Le NSW fournira 7 000 lits supplémentaires dans les prisons

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 17 juin 2016, mis à jour le 17 juin 2016

 

 

Le Gouvernement du NSW vient d'annoncer la mise en place d'un plan de restructuration des infrastructures carcérales se traduisant par l'installation de 7 000 lits supplémentaires et la réouverture de certaines prisons pour la modique somme de $3,8 milliards sur 4 ans.

 

Alors que le NSW atteint le nombre le plus élevé de détenus de son histoire avec plus de 12 000 personnes incarcérées, les Services de Correction se retrouvent face à une saturation des prisons. 

Ces derniers ont même dû installer des matelas sur le sol des cellules afin de pouvoir accueillir tous les détenus. 

 

De ce fait, le Ministre des Services Correctionnels du NSW, David Elliott, a annoncé le financement de 7 000 lits supplémentaires d'ici 2020 grâce à un budget de $3,8 milliards. 

En effet, les estimations élèvent à 18 000 le nombre de détenus en 2020. A  cet effet, 2 800 lits supplémentaires devraient être installés dans les prisons de l'Etat cette année et la nouvelle prison de Gratton disposera de 1 700 lits. En plus de cela, la Prison de Cessnock recevra 620 lits supplémentaires, celle du South Coast Correction Centre près de Nowra en recevra 160 et les anciennes prisons de Berrima et de Wollongong seront réouvertes et disposeront de 135 lits supplémentaires d'ici 2021. 

Les prisons actuelles seront également agrandies afin d'élargir leurs capacités d'accueil à 4 200 lits supplémentaires d'ici 2021. 

 

Cette décision n'est pas sans contestation et soulève de multiples questions.

Notamment les questions suivantes : pourquoi il y a-t-il autant de détenus dans le NSW ? Et comment en est-on arrivé là ? 

En  2 ans, l'Etat a vu ses rangs de détenus grossir de 17% menant ainsi à la saturation des prisons. Pour autant, le nombre de crimes graves est en baisse. Mais c'est sans compter sur le système judiciaire et pénal du NSW. Bien qu'il serait un peu extrême de parler d'un Etat policier, si on regarde la loi, peu d'alternatives à la prison existent en cas d'infraction ou de délit. En effet, la criminalisation des délits et des infractions dans le NSW est un phénomène que nul ne peut ignorer. 

 

Lana Sandas, Directrice Général du Women in Prisons Advocacy Network explique qu'il n'existe pas d'option alternative à la prison : « la plupart des femmes se retrouvent en prison pour des affaires de drogue ou à cause de troubles mentaux. Les envoyer en prison n'est pas la solution, pourtant il s'agit de la seule issue prévue par le système juridique du NSW ». Lana Sandas développe en expliquant que des facilités de redressement, de prise en charge psychiatrique ou de désintoxication sont autant d'alternatives qui seraient bénéfiques pour les détenus et permettraient de désengorger les prisons. 

 

Par ailleurs, depuis les lois de Janvier, il est extrêmement difficile d'être libéré sous caution et d'autant plus compliqué d'obtenir une libération ou une remise de peine.

Cela veut dire qu'en plus d'accueillir des détenus qui n'ont pas forcément leur place en cellule, les prisons les accumulent. 

 

Bien loin de nous l'idée de libérer des criminels simplement pour faire de la place dans les prisons. Mais il faut avouer que certaines infractions sont bien sévèrement jugées, fautes d'alternatives à l'incarcération. 

 

La plupart des membres du Gouvernement et de l'Opposition déplore ces dépenses. 

Le Directeur Général de la Law Society of NSW, Michell Tisball, s'oppose fermement à ce financement en précisant que les $3,8 milliards n'aideront pas à diminuer la criminalité ni à réduire le nombre de détenus. 

D'après lui : « le problème n'est pas de sanctionner plus ou d'élargir les prisons mais d'empêcher les crimes d'être commis afin de soulager le système judiciaire ». 

Pour cela, la Law Society suggère au gouvernement de concentrer ses efforts sur l'éducation, sur la prise en charge médicale et sur les services sociaux afin de prévenir le développement de la délinquance et de la criminalité. Le but étant de s'attaquer à la cause des crimes, à leurs sources afin de les prévenir, au lieu d'agrandir les prisons.

En d'autres termes, le Gouvernement ferait mieux de prévenir plutôt que de guérir?

 

Et l'Opposition est du même avis que la Law Society of NSW. Celle-ci a même déclaré qu'en allouant de telles sommes pour les prisons, le Gouvernement reconnait lui même son erreur commise sur ces 4 dernières années en décidant de fermer 4 prisons de l'Etat.

L'Opposition souligne également que si le budget pour des lits supplémentaires s'élève à $3,8 milliards, les dépenses seront bien plus importantes. En effet, avec autant de détenus supplémentaires, le Gouvernement devra embaucher de nouveaux gardiens de prisons et plus de personnel carcéral, sans compter les dépenses supplémentaires générer pour l'alimentation est l'hygiène de ces nouveaux détenus.

Le porte parole de l'Opposition a donc conclu que : « le Gouvernement ferait mieux de financer l'éducation, les services sociaux et les services de santé pour réduire le nombre de détenus plutôt que d'augmenter le budget de la police et des prisons ». 

 

De son côte, David Elliott a précise que le Gouvernement aimerait ne pas avoir à dépenser autant pour agrandir les capacités des prisons mais il s'agit d'une urgence et donc d'une dépense devenue nécessaire et obligatoire. 

Il a aussi ajouté que : « le Gouvernement ne se réjouit pas de dépenser cet argent qu'il préférerait reverser aux écoles ou aux hôpitaux car il s'agit de l'argent des impôts de citoyens du NSW ». 

 

Pragmatisme ou négligence, ces dépenses seront incluses dans le budget mardi prochain. 

 

 

MC Potet, lepetitjournal.com/Sydney, Vendredi 17 Juin 2016 

 

Le Petit Journal Sydney
Publié le 17 juin 2016, mis à jour le 17 juin 2016

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