

Selon le magazine Forbes, Gina Rinehart est en phase de devenir la personne la plus riche du monde. La fortune de Gina Rinehart est estimée aujourd'hui à 20 milliards de dollars, ce qui en fait la personne déjà la plus riche d'Australie, et même d'Asie pacifique. Mais toutes les projections concourent à évaluer sa fortune potentielle à bientôt 100 milliards de dollars ce qui en ferait alors la personne la plus riche au monde devant le mexicain Carlos Slim et Bill Gates

Fille unique du magnat minier Lang Hancock, Georgina a hérité de l'empire de son père qui avait découvert en 1952 le plus grand gisement de minerai de fer au monde dans la région du Pilbara en Australie Occidentale. A l'époque, l'entreprise familiale était criblée de dettes. Elle est aujourd'hui florissante, notamment grâce à la hausse du cours des matières premières. La “dame de fer” australienne est pourtant loin d'être une héroïne de roman à l'eau de rose, son créneau s'apparente plutôt au personnage de JR Ewing de la série américaine “Dallas”. Pas étonnant que sa vie défraye la chronique ici en Australie comme les épisodes de la célèbre série. Alors nouvelle icône de la richesse comme était Christina Onassis dans les années 70 ou anti-modèle pour les défenseurs d'un monde meilleur ?
Batailles judiciaires (in)dignes d'un feuilleton télévisé
La vie de Gina Rinehart est sous les feux des projecteurs depuis longtemps. La bataille juridique qui l'opposa d'abord à la dernière femme de son père sur les circonstances de sa mort a fait les beaux jours de la presse à scandale dans les années 90. Rumeurs décadentes, témoins achetés, tout était réuni pour bien commencer la saga.
Dans le dernier épisode en date, Gina craignant pour sa sécurité et celle de sa famille avait tenté d'imposer à la justice australienne de rendre “secrets” les détails de son procès en cours contre ses propres enfants. La cour suprême de la Nouvelle Galles du sud a opposé un refus catégorique à sa demande. Trois des quatre enfants de Rina ont en effet entamé une procédure judiciaire contre leur mère pour supprimer son nom du trust gérant 25% de la fortune familiale. Le motif : mauvaise conduite notoire et pingrerie !
Femme la plus polluante du monde ?
Non contente d'avoir à laver son linge sale en public, Gina Rinehart s'est mise à la politique et a contesté publiquement toute reforme environnementale en Australie. Elle a été notamment l'ardent défenseur de l'exploration de nouvelle mines par la méthode de l'explosion nucléaire et elle s'est attristée que le gouvernement ne l'ait jamais autorisée.
Gina a également fait connaitre publiquement une liste de mesures pour “une meilleure Australie”; parmi elles, l'abolition de toutes les taxes minières, l'assouplissement des règlementations environnementales et l'autorisation d'importation de main d'oeuvre asiatique bon marché pour l'exploitation des mines. On croit rêver...
En 2010, elle remonte au créneau, au point cette fois de peser sur la politique australienne. Elle prend la tête du lobby minier australien pour se débarrasser de Kevin Rudd, l'ancien chef de gouvernement fédéral, coupable de vouloir imposer une taxe minière dont elle et ses amis ne veulent pas. Elle fera de même en 2011, mais Julia Gillard, forte de l'expérience passée, réussira à passer outre le lobby minier.
Gina Rinehart rejoint Andrew Forrest et d'autres magnats miniers pour fonder un groupe de pression très important, l'ANDEV ("Australians for Northern Development & Economic Vision") qui est aujourd'hui le porte-parole du lobby climato-sceptique et le bailleur de fond des études les plus controversées sur le sujet.
Intérêts dans les médias
Rinehart a également beaucoup d'appétit pour l'industrie médiatique. En 2011, elle prend une participation de 10% dans Ten Network Holdings qui opère la chaine de télévision TEN. Elle acquiert ensuite une participation substantielle dans Fairfax media l'un des deux grands groupes de presse australiens dont elle est aujourd'hui le plus gros actionnaire avec 12%. Fairfax est éditeur de journaux comme le Sydney Morning Herald et The Age. Fairfax a toujours été moins marqué à droite que son concurrent, News Limited, propriété du sulfureux Rupert Murdoch, souvent opposé au gouvernement. Le rachat des actions du groupe par Gina Rinehart risque de déséquilibrer encore davantage une presse déjà largement encadrée. Le gouvernement Australien a d'ailleurs réagi très récemment à cette situation (voir notre article)
En investissant dans le groupe de presse Fairfax, Gina Rinehart suit ainsi à la lettre les conseils du Britannique Christopher Monckton, ancien journaliste, leader du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (ultraconservateur et anti-européen), et tête de file du courant climatosceptique anglo-saxon. En juillet dernier, lors d'un colloque à Perth, celui-ci encourageait "les grandes fortunes à investir dans les médias pour faire passer leurs idées, en créant, s'il le faut, une nouvelle chaîne de télé en Australie".
Alors femme la plus riche du monde, certes, mais qu'est ce qui pourra alors sauver Gina Rinehart du titre de femme la plus infréquentable du monde ?
Flore Gregorini (www.lepetitjournal.com/sydney) mercredi 14 mars 2012









