

Mercredi dernier, le Ministre de l'Immigration australien Peter Dutton a déclaré que les autorités australiennes avaient intercepté plus tôt dans le mois un bateau dans la Timor Sea transportant des demandeurs d'asile vietnamiens.
A deux semaines des élections, cet évènement semble réveiller les désaccords politiques sur l'immigration australienne.
Plus tôt ce mois-ci, la Navy australienne ainsi que les gardes côtes ont intercepté un bateau de migrant au Nord de l'Australie. Ce bateau transportait 21 hommes, femmes et enfants vietnamiens souhaitant demander l'asile à l'Australie. Ces derniers ont été escortés par les autorités australiennes sur le territoire australien puis renvoyés au Vietnam par avion.
Le Premier Ministre Michael Turnbull a déclaré : « les passagers de ce bateau avaient réclamé la protection de l'Australie. Après avoir examiné leur situation, il s'est avéré qu'ils n'étaient pas éligibles au statut de demandeurs d'asile. Ils ont donc été rapatriés au Vietnam ».
Il s'agit du troisième bateau de migrants vietnamiens intercepté depuis ces 14 derniers mois et à l'aube des élections, le Gouvernement Fédéral accuse les passeurs d'intensifier leurs activités dans le but de déstabiliser les hommes politiques.
Car si l'immigration a toujours été au coeur de la campagne, cet évènement apparait comme l'occasion idéale pour remettre le sujet sur le tapis !
D'une part, nous avons la Coalition de Turnbull qui mène une politique migratoire intransigeante dans la lignée de son prédécesseur Tony Abbott. En Septembre 2013, l'ancien Premier Ministre avait mis en place l'Operation Sovereign Borders. A cet effet, les demandeurs d'asile qui tentent de rejoindre l'Australie par la mer sont interceptés et renvoyés dans leur pays d'origine ou dans des pays tiers ou bien envoyés en camps de réfugiés sur une des îles éloignées du Pacifique.
Depuis les mesures prises par Canberra, le Gouvernement Fédéral estime avoir empêcher l'arrivée de 28 bateaux transportant 734 personnes et éviter de nombreuses noyades tragiques.
Face à ces chiffres, Michael Turnbull tient à rappeler à sa population que la crise actuelle des migrants ne concerne pas exclusivement l'Europe. Le Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies vient d'estimer à 65 millions le nombre de demandeurs d'asile dans le monde. « Ce sont autant de personnes susceptibles de vouloir venir dans notre pays » a réagi Michael Turnbull.
Et pour continuer dans cet élan de campagne de la terreur, la Coalition conservatrice a profité de cet évènement pour dénoncer la politique migratoire des Travaillistes. Car si les conservateurs et les Labor s'accordent sur le traitement des Boat People arrivant en Australie, leur avis divergent quant à celui des migrants en situation irrégulière présents sur le territoire australien. En effet, le Labor Party envisage d'accorder l'asile voire la nationalité australienne au 30 000 boat people arrivés sur le territoire australien sous le gouvernement Rudd / Gillard (autrement dit quand le Labor Party était au pouvoir).
Turnbull accuse donc les Travaillistes de faire en sorte que les migrants illégaux puissent rester de façon permanente sur le territoire australien. Ce à quoi Shorten répond : « il ne s'agit d'accepter tout le monde et n'importe qui mais d'accorder l'asile aux demandeurs légitimes au lieu de les renvoyer chez eux ou de les enfermer dans des camps ».
Et ces propos en disent long : l'Opposition s'appuie sur la rapport du Haut Commissariat pour les Réfugiés qui accuse l'Australie de ne pas respecter la loi internationale en se contentant de renvoyer chez eux les migrants sans examiner leur dossier.
Le Gouvernement s'est donc défendu en précisant : « Nous ne renvoyons les migrants dans leurs pays que lorsque celui-ci est suffisamment sûr pour eux, autrement nous sollicitons l'accueil de pays voisins. Lorsque la vie ou la liberté de ces migrants sont en danger, nous ne les rapatrions pas, nous les hébergeons dans des camps pour réfugiés en attendant de pouvoir traiter leur dossier ».
Alors qu'un psychologue exerçant dans ces camps de réfugiés vient d'être renvoyé pour avoir dénoncer les mauvais traitements infligés à ces migrants en attente, la politique migratoire de la Coalition demeure inflexible.
Qu'elle soit réélue ou que le Labor Party remporte les élections, si de tels abus persistent, les Nations Unies pourraient bien se mêler de la politique migratoire australienne.
En attendant, les autorités australiennes ont incarcérées plus de 8 passeurs sur le sol australien depuis Décembre 2015 et les conditions de vie dans les îles - camps du Pacifique ne semblent pas s'améliorer.
MC Potet, lepetitjournal.com/Sydney, Vendredi 24 Juin 2016







