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ENVIRONNEMENT - Investissements dans le marché de l’eau en Australie


Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

En dépit des récentes inondations, l'Australie reste le continent le plus sec de la planète et bien que l'eau soit devenue un marché vital en Australie, le programme d'échange des droits sur le prélèvement de l'eau du bassin Murray Darling intéresserait encore peu les investisseurs australiens

Murray Darling River near Mildura, Victoria, Australia, image flikr
Le bassin Murray-Darling
Le bassin Murray-Darling traverse trois états et couvre 14% du territoire de l'Australie, ce qui en fait le plus vaste bassin hydrographique du pays et sa plus importante surface agricole. L'économie du bassin se monte à 9 milliards de dollars par an, et elle emploie 40% des agriculteurs australiens. Son nom provient de ses deux cours d'eau majeurs, le Murray et le Darling. Avec 3.370 km de long, la zone regroupe 42 % des terres arables d'Australie et représente 40 % de la production de nourriture du pays. Le bassin draine l'eau d'environ les trois-quarts de la Nouvelle Galles du Sud et de la moitié du Victoria, d'une portion substantielle du sud du Queesnland ainsi que d'une petite partie de l'est de l'Australie méridionale. À l'origine, les terres du bassin Murray-Darling étaient pour l'essentiel arides et stériles. Elles furent transformées en grenier de l'Australie. Les autorités lancèrent un gigantesque programme de gestion de l'eau, à coup de barrages, de lacs de retenue et de réseaux d'adduction d'eau, afin de pourvoir aux besoins d'irrigation et des habitants.

La loi sur l'eau
En 2007, le gouvernement Howard vote la loi sur l'eau qui autorise le commerce des permis de prélèvement d'eau dans le bassin, en transformant les allocations en eau pour l'agriculture en actions échangeables, afin que tout investisseur puisse détenir et spéculer sur la valeur de l'eau. Mais comment établir un prix juste pour les droits sur l'eau ? Et devons nous traiter une ressource environnementale non renouvelable comme une matière première ? Les droits sur l'eau dans le bassin Murray-Darling Basin sont estimés à 20 milliards de dollars, en faisant l'un des marchés de l'eau les plus importants du monde. Un marché qui a attiré jusqu'à présent plutôt les investisseurs étrangers alléchés par la possibilité rare de détenir des droits à long terme sur une ressource naturelle.

Qui détient l'eau?

En effet, si les propriétaires fonciers, les exploitants agricoles et le gouvernement australien sont encore les plus gros détenteurs de l'eau du bassin, les intérêts étrangers investissent de fortes sommes dans l'acquisition de droits en eau. Des groupes agro-alimentaires ou autres, comme Olam International, Guinness Peat Group et Summit Water Holdings, détiennent aujourd'hui environ 200 millions de dollars de droits sur l'eau dans le bassin Murray-Darling.?Les représentants du conseil de l'irrigation de la nouvelle Galles du sud expriment leurs inquiétudes sur la possible dominance d'un marché par quelques grands groupes mondiaux. Le président du conseil, Andrew Gregson affirme néanmoins défendre l'idée d'un marché libre, mais estime que la clé de la réussite de ce marché réside dans l'établissement d'une vrai droit de propriété sur l'eau. Les associations d'agriculteurs expriment par ailleurs une inquiétude plus profonde de voir une ressource vitale un jour détenue par des joueurs anonymes qui dicteraient leurs lois et menaceraient la sécurité alimentaire du pays.

La position du gouvernement fédéral

Les représentants du conseil fédéral aux investissements étrangers (FIRB) se veulent rassurants et ne voient pas la nécessité de changer les réglementations du marché. ?Que les capitaux proviennent de l'étranger ou d'Australie n'est pas le problème, ce qui est plus important est que le marché fonctionne correctement selon la loi de l'offre et la demande. Si l'eau est sous évaluée, les conséquences peuvent être négatives, comme son usage excessif par exemple. Mais lorsque les prix sont fixés par le marché et que les acteurs de ce marché sont suffisamment nombreux, alors les investisseurs et l'environnement sont ensemble bénéficiaires? affirme Richard Lourey du FIRB.

Ces investissements n'ont toutefois pas empêché l'Australie de connaitre la période de sécheresse la plus désastreuse de son histoire en 2008-2009, et des inondations dévastatrices en 2010. Il reste donc à savoir si les infrastructures mises en place dans le bassin de Murray Darling sont suffisamment efficaces pour réguler les incidents climatiques, faute de quoi, le marché de l'eau australien risque de connaitre de fortes vagues.

Flore Gregorini (www.lepetitjournal.com/sydney.html) Lundi 31 janvier 2011

Le Petit Journal Sydney
Publié le 30 janvier 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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