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DOSSIER ECOLOGIE 2ème partie : L'Australie gère-t-elle bien ses déchets ?

Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 6 juin 2017, mis à jour le 6 juillet 2017

Entre 1996 et 2015, la production de déchets en Australie a connu une augmentation de 170%, soit plus de deux fois et demi sa production de détritus en 1996, quand sa population connaissait une augmentation de 28%... En 2016, la population australienne atteignait les 24 millions de personnes. Celle-ci produisait chaque année environ 50 millions de tonnes de déchets, soit environ 2 tonnes par personne par an. Pour contrecarrer cette production, l'Australie s'est dotée d'un système de recyclage plus rapide, recyclant 58% de ses déchets en 2015. Cependant, la politique australienne de recyclage et de réutilisation des déchets est-elle vraiment efficace ?

Avec 647 kg par personne par an, l'Australie se placait en 2013 quatrième dans le classement des plus grands producteurs de déchets, derrière le Danemark (751 kg), les Etats-Unis (725 kg) et la Suisse (712 kg) mais devant l'Allemagne (614 kg), l'Irlande (587 kg) et la France (530 kg). Pourtant, l'Australie ne se situe pas parmi les plus mauvais élèves en matière de recyclage. Sur 647 kg de détritus produits par chaque habitant en une année, 265 kg étaient recyclés ou recompostés, soit 41% de la production totale de déchets par les ménages australiens en un an.

Seulement, les déchets domestiques ne figurent pas parmi les seuls détritus rejetés chaque année en Australie, bien au contraire. En 2009-2010 par exemple, la quantité de déchets produits par l'industrie de la construction générait le plus de déchets, avec 16,5 millions de tonnes, soit 31% du total de l'ensemble des détritus générés à l'époque. A cette période, sur les 53,7 millions de déchets produits, 24,9 millions de tonnes ont été enfouies ou incinérés quand 25,2 millions de tonnes ont été recyclées ou récupérées. Le reste (3,7 millions de tonnes) était exporté dans d'autres pays, afin d'être réutilisé - la moitié de ces déchets étant des composants métalliques.

Globalement, encore à l'heure actuelle, la part de recyclage des déchets en Australie (environ 58% en 2015) dépasse de peu la part d'enfouissement de ces derniers, la réutilisation du reste de ces détritus par d'autres pays arrivant loin derrière. A titre de comparaison, l'Autriche représentait en 2016 le pays le plus performant en terme de recyclage, avec une part évaluée à 63%. L'Australie n'est donc pas très loin derrière (loin devant le Royaume-Uni et ltalie, respectivement 9e et 10e meilleurs "recycleurs" du monde en 2016), mais pourrait faire encore mieux.

En effet, au contraire de l'Europe occidentale, près de la moitié des déchets australiens ne sont ni incinérés ni réutilisés pour produire de l'énergie, mais partent directement à la décharge (24,9 millions de tonnes de déchets enfouis en 2009-2010 sur un total de 53,7 millions). En Australie, les énergies générées par la l'utilisation des déchets ne dépassait pas 0,9% du total d'énergie produite en Australie, alors que la moyenne mondiale atteignait 2,4%. Autre preuve que le système australien n'est pas non plus parfait et encore largement perfectible, environ un tiers des poubelles d'enfouissement contiennent des matières recyclables ou des déchets verts. 

Par ailleurs, 10% du matériel placé dans les bacs de recyclage ne devrait pas être placé dans ces lieux dédiés à des déchets tout autres : c'est le cas des sacs plastiques, des textiles, du polystyrène et des déchets verts, entre autres. En prime, un rapport datant de cette année révèle que 48% des Australiens estiment ne pas savoir exactement ce qui peut ou ne peut pas être recyclé, notamment parce que les règles et les pratiques diffèrent selon les administrations locales... Autre preuve que le système australien est assez complexe à comprendre, les règles changent selon que l'on soit chez soi ou sur son lieu de travail...

Concrètement, l'Australie se fixe pour objectif de recycler entre 60 et 90% de ses déchets d'ici 2020. Si l'objectif de 60% semble être à la portée de l'Australie, le deuxième objectif, en revanche, paraît déjà plus difficile d'accès. Il lui faudra essentiellement ralentir sur sa propension à enfouir les déchets qu'elle produit et mettre en place d'ici 2020 une véritable politique concernant la conversion des déchets en énergie, à l'image des pays d'Europe occidentale.

Crédit photo : Flickr.com

Adrien Lévêque, lepetitjournal.com/sydney, mardi 6 juin 2017 

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Quid des déchets nucléaires ?

Si l'Australie ne produit ni arme, ni électricité nucléaire, elle génère quelques déchets faiblement radioactifs issus de l'industrie radiopharmaceutique - à titre de comparaison, elle en produit 40 mètres cubes chaque année quand la France en génère 25.000 par an - et l'Etat australien serait prêt à réceptionner les déchets radioactifs d'autres pays et les stocker dans son propre sol. Sur le plan géologique, le territoire apparaît propice au développement d'un tel projet. C'est en tout cas ce que défend Jay Weatherill, le Premier ministre de l'Australie Méridionale. Celui-ci souhaite faire de son Etat un acteur mondial du stockage de déchets nucléaires et propose de stocker ce type de détritus dans un même lieu, comme le font la France et l'Angleterre.

Malgré l'avis défavorable des citoyens consultés au moment de faire sa proposition à la mi-2016, 42 Australiens influents ont adressé aux parlementaire de l'Etat une lettre pour que le gouvernement se lance dans ce projet. Pour ses partisans, doter l'Australie Méridionale d'un site de stockage de déchets pour des pays étrangers pourrait rapporter au minimum cinq milliards de dollars australiens par an à l'Etat, soit le tiers de ses revenus actuels. Pour l'instant, le site de Barndioota, en Australie Méridionale, a été retenu par le gouvernement australien comme lieu possible d'accueil d'un futur centre de stockage de déchets radioactifs de faible à moyenne activité.

Le référendum sur la question, proposé par Jay Weatherill, ne devrait pas être organisé avant 2018. La région de Barndioota recevrait 2 millions de dollars de subvention si les citoyens de l'Etat devait valider le projet. Si le projet apparait controversé aux yeux de certains riverains dans la région, le ministre de l'Ecologie et de l'Energie Josh Frydenberg préfère penser que la centralisation de la gestion des déchets radioactifs en Australie permettra d'assurer la sécurité des Australiens, puisqu'à l'heure actuelle, ces derniers sont traités par des entreprises privées dans des sites présents à la fois en zone rurale et en zone urbaine.

Crédit photo : Wikipedia.org www.lepetitjournal.com/sydney

Le Petit Journal Sydney
Publié le 6 juin 2017, mis à jour le 6 juillet 2017

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