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Bientôt un test sanguin contre le suicide

bloodtest un test sanguin contre le suicide Australie Pr Gilles Guilleminbloodtest un test sanguin contre le suicide Australie Pr Gilles Guillemin
Écrit par Lepetitjournal Sydney
Publié le 12 mars 2013, mis à jour le 21 janvier 2019

Et s'il devenait possible à partir d'une simple goutte de sang de découvrir si une personne est suicidaire ou non ? Une équipe de chercheurs australiens, composée d'un scientifique français, le professeur Gilles Guillemin, est sur le point de développer un test sanguin qui permettrait de déterminer si une personne a des tendances suicidaires en mesurant le taux d'acide quinoléique dans le corps.

 

Le risque suicidaire mieux évalué 

Tout est parti de la découverte en janvier dernier par des chercheurs suédois d'une corrélation entre tendance suicidaire et inflammation du cerveau, à l'origine de la production excessive d'acide quinoléique. Or cette molécule n'est pas complètement inconnue des scientifiques : en effet, elle est répertoriée comme étant une  molécule neurotoxique impliquée dans des processus dégénératifs du cerveau tels que la maladie d'Alzheimer.

En s'intéressant à cet acide quinoléique, une équipe de chercheurs australiens composée d'un scientifique français, le professeur Gilles Guillemin, a remarqué que les personnes dépressives et suicidaires avaient des taux significativement plus élevés que la moyenne. D'après les conclusions de leur étude, les personnes suicidaires montrent ainsi des niveaux doublement plus élevés de cette substance, l'acide quinoléique, dans leurs organismes que celles qui ne le sont pas.

De là à imaginer pouvoir en tirer un test sanguin, il n'y a donc qu'un pas : les chercheurs de l'Université Macquarie à Sydney se donnent ainsi 12 mois pour développer un test permettant de connaître le niveau de concentration dans le sang de cet acide quinoléique et ce, sous 48 heures.

 "Nous connaissons maintenant le mécanisme et la molécule impliquée, donc nous devons trouver un moyen simple de le tester", a expliqué le Pr Gilles Guillemin, qui dirige le projet. Le test pourrait alors servir d'outil diagnostic pour les médecins qui veulent évaluer l'état mental d'une personne dépressive.

 

Une prédiction néanmoins difficile à faire

Plus le niveau détecté d'acide quinoléique serait élevé et plus la personne serait susceptible de mettre fin à ses jours. En pratique, il faut sans doute nuancer car le passage à l'acte dépend de nombreux autres facteurs, comme les aléas de la vie quotidienne, une mauvaise nouvelle, un événement stressant ou autre? Mais le test aurait au moins le mérite de savoir qui est à haut risque. Comme le soulignent les spécialistes, le test sanguin ne suffira pas à établir un diagnostic mais plutôt à compléter des soupçons ou des observations déjà réalisées. Ce test pourrait permettre également de travailler sur la dépression et d'autres désordres mentaux afin d'en savoir plus sur les mécanismes chimiques impliqués et notamment sur le rôle de l'acide quinoléique.

Enfin, un autre objectif ultime de ces recherches serait d'être capable de stopper la production d'acide quinoléique en utilisant des inhibiteurs d'enzymes qui bloqueraient sa production. 

5,5% des 15-85 ans ont déjà fait une tentative de suicide en France, l'un des taux les plus élevés d'Europe. En Australie, le suicide est la cause de mortalité numéro 1 chez les 15-44 ans selon le bureau national de statistiques. Ces recherches pourraient donc contribuer à diminuer le taux de suicide dans nos sociétés.

 

Le Petit Journal Sydney
Publié le 12 mars 2013, mis à jour le 21 janvier 2019

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