Le premier ministre australien, Anthony Albanese, et son gouvernement avaient annoncé en 2022 vouloir proposer un référendum donnant aux Aborigènes “une voix” au Parlement. Ce lundi 19 juin 2023, le Sénat australien y a donné son feu vert.


Le traitement social et politique des Aborigènes fait débat au sein de la société australienne depuis bien longtemps. Alors qu’un projet de reconnaissance d’une “voix des Premières Nations” au sein de la constitution australienne a échoué en 2017, la polémique est aujourd’hui relancée avec l’annonce d’un nouveau référendum. Entre soulagement et réconciliation d’un côté et sentiments d’hypocrisie de l’autre, l’annonce fait débat sur l’île-continent. Décryptage.
Un référendum accepté par le Sénat
Cette annonce de référendum ne sort pas de nulle part: après l’échec du sommet d’Uluru en 2017 et la non prise en compte de la voix des Aborigènes au sein de la constitution australienne, le premier ministre avait annoncé en 2022, la naissance d’un nouveau projet nommé “Une voix”. Cette nouvelle proposition, soumise au référendum, permettrait si elle est acceptée, de donner du poids aux Aborigènes et aux insulaires du détroit de Torrès au sujet des décisions prises à propos de leurs communautés.
Alors que le Sénat a accepté la mise en place du référendum, ce lundi 19 juin, Anthony Albanese se réjouit. “Maintenant, le peuple australien aura la possibilité de dire oui à la réconciliation et oui à la reconnaissance constitutionnelle des peuples des Premières nations» a-t-il déclaré.
Le 23 janvier 2023, l’Australie a connu un tournant dans son histoire postcoloniale avec des manifestations aborigènes massives dans plusieurs grandes villes. Les premières nations veulent une reconnaissance établie de leurs communautés de la part de la constitution. Chose non négociable avant la mise en place du projet “Une voix”, d’après eux.
Un projet qui divise la communauté aborigène
Une voix dans le processus décisionnel au Parlement donc. Ou plutôt l’instauration d’un organe consultatif parlementaire. Le projet ne plaît pas à tout le monde et encore moins à Lidia Thorpe, ancienne député pour le groupe des Verts au parlement australien, elle-même aborigène. Siège de député qu’elle a d’ailleurs quitté en février 2023 à cause des divisions internes dans son parti à ce sujet. Désormais sénatrice indépendante, elle s’est exprimée “Nous méritons mieux qu’un organe consultatif”. Un projet qui ne va pas assez loin, donc, selon la communauté aborigène. Ce lundi 19 juin, elle a ajouté «C’est de cela qu’il s’agit: apaiser la culpabilité des Blancs dans ce pays».
Un projet qui ne satisfait pas non plus l’opposition conservatrice, dont le chef du parti libéral, Peter Dutton. «Cela aura un effet orwellien où tous les Australiens sont égaux, mais où certains Australiens sont plus égaux que d’autres» a-t-il exprimé. Une partie de l'Australie déplore donc une fausse volonté d’égalité et demande plus d’informations quant aux fonctions de cet organe consultatif.
L’annonce du référendum lundi, a plus que jamais relancé le débat au sujet de la place des Aborigènes dans la société australienne. Les sondages, eux, prédisent pour l’instant un vote en faveur de la loi même si l’avancée du débat public fait de plus en plus tendre les opinions vers le “non”.
