

Élever veaux, vaches, cochons depuis son ordinateur, tel est le principe de FarmVille, un jeu gratuit permettant d'incarner un fermier virtuel. Enquête sur ces cyber-fermes qui comptent des millions d'adeptes sur Facebook
Avec 74 millions de joueurs, FarmVille est devenu le jeu le plus populaire sur Facebook (photo capture d'écran FarmVille)
Savez-vous planter des choux à la mode Facebook ? Sur le célèbre réseau social, c'est la nouvelle tendance du moment. Grâce à des applications gratuites comme MyFarm, FarmTown, ou FarmVille, chacun peut désormais créer sa ferme virtuelle sur la toile.
En quelques clics sur FarmVille, par exemple, vous devenez propriétaire d'un petit lopin de terre. Muni d'un modeste pécule et de vos premiers outils, une pelle et un râteau, à vous de débuter votre culture en achetant et semant vos graines, puis en récoltant et revendant vos produits.
Pas de quoi casser trois pattes à un canard direz-vous. Sauf que la gestion d'une telle ferme implique aussi des responsabilités.
Pensez à récolter vos fraises !
À l'inverse des traditionnels jeux vidéo où l'action s'interrompt dès que l'on presse le bouton "off", la vie dans votre ferme virtuelle se poursuit même une fois l'ordinateur éteint. Si vous venez de semer vos fraises, il vous faudra revenir quatre heures plus tard pour la récolte, au risque de retrouver vos plants fanés ou ravagés par les taupes?
Le Courrier International rapporte ainsi le témoignage d'un joueur de 40 ans, transcripteur médical de son métier, qui a pris pour habitude de régler son réveil à 1h30 du matin pour récolter ses myrtilles virtuelles? En plus de ses récoltes, tout bon fermier doit aussi accomplir diverses obligations sociales comme offrir de cadeaux à ses voisins ou les aider à fertiliser leurs terres. Autant de tâches à renouveler continuellement qui obligent le joueur à se connecter fréquemment, amplifiant les effets de dépendance.
Une poule aux ?ufs d'or
Une fois adepte du jeu, difficile aussi de résister à l'envie d'épater ses voisins ?vos contacts Facebook- en bâtissant la plus belle ferme. Cette compétition entre joueurs peut alors mener à une autre dérive, financière cette fois. Car pour développer plus rapidement sa ferme avec hangars, bétails, et tracteurs, ou pour épater la galerie avec éléphants, fontaines et montgolfières, il est possible de gonfler sa cagnotte virtuelle avec de l'argent bien réel.
Grâce à cette version payante, FarmVille est devenu la poule aux ?ufs d'or de son concepteur Zynga. Le groupe spécialisé dans les jeux en ligne devait engranger 200 millions de dollars fin 2009 selon le site Slate, dont plus du tiers provenant de FarmVille, alors que le jeu n'existe que depuis huit mois.
Mais à trop tirer profit de la dépendance des joueurs, les concepteurs du jeu pourraient s'attirer les foudres des internautes. Sur Facebook, plusieurs groupes se sont déjà formés pour lutter contre l'aspect mercantile du jeu, comme "Not playing FarmVille", qui rassemble plus de deux millions de membres. Des résistants bien décidés à ne pas jouer les vaches à lait !
Frédéric GUITTON. (www.lepetitjournal.com) vendredi 19 février 2010
En savoir plus
Le Courrier International - J'ai ma ferme sur Facebook !
Slate ? Cultiver son jardin virtuel
L'Expansion - Comment Zynga change les règles du jeu
Le Nouvel Obs ? Les jeux sur les sites sociaux, nouveau casse-tête des patrons

