Découverte à Buenos Aires alors qu'elle fouillait dans les poubelles pour faire vivre sa famille, Daniela Cott est aujourd'hui un top model en vogue. Malgré le succès, on ne s'affranchit pas si facilement de son passé, surtout quand on est une ancienne "cartonera"
Daniela Cott lors du concours de l'agence Elite Model Look (photo Elite Model Look)
Elle faisait partie de ceux que personne ne voulait voir, les cartoneros, parias de la société argentine. Elle pose aujourd'hui sous les projecteurs, droite et fière de ses origines.
Daniela Cott, 16 ans, a gagné en 2007 le concours de l'agence Elite Model Look pour l'Argentine. Depuis, tous les photographes se l'arrachent ainsi que les agences de pub.
Il faut dire que la jeune fille a de sérieux arguments : de grands yeux verts, un visage tout en finesse et un corps de liane, qu'elle doit à son adolescence miséreuse et non pas à l'anorexie.
Véritable cendrillon moderne, Daniela inspire les plus grands réalisateurs comme Pedro Almodovar qui souhaite adapter sa vie au cinéma. Son histoire ressemble à un conte de fée. Comme toutes les histoires de Disney, le début est catastrophique. La crise économique en Argentine au début des années 2000 a plongé sa famille dans la misère. Daniela ainsi que ses neufs frères et s?urs a été contrainte de fouiller les poubelles et autre décharges à la recherche de matériaux à revendre. La jeune fille gagnait alors 5 euros pas jour.
Découverte par une styliste alors qu'elle cherchait du plastique dans une poubelle, Daniela est engagée par l'agence Elite en Argentine. Après avoir remporté un concours national, la cenicienta (cendrillon en espagnol) est devenue le nouveau visage de l'Argentine.
Des mains de mendiantes sur un corps de princesse
Mais son passé l'a rattrapée. Plusieurs magazines ont refusé de publier sa photo en apprenant qu'elle avait été une cartonera. Hormis ce triste incident, la carrière de Daniela est en marche, loin des montagnes de déchets qui autrefois constituaient son paysage.
Seules ses mains portaient les stigmates des premières années de sa vie d'ado. Verrues, cicatrices, ecchymoses, tâches brunes : à force d'être plongées dans les poubelles, ses mains n'étaient pas dignes d'être exposées en première page des magazines. Mais avec un traitement dermatologique, Daniela s'est défait de ce dernier obstacle pour embrasser une carrière de mannequin prometteuse.
Extirpée des bas-fonds, la jeune fille garde la tête froide. Plus effrayée que grisée par le succès, la top model vit toujours avec sa famille dans les bidonvilles et fréquente toujours la même école. Elle redoute même le jour où son métier la contraindra à partir. Elle économise d'ailleurs ses cachets pour offrir à sa famille une vraie maison et trois repas par jour.
A 16 ans, celle que l'on présente un peu hâtivement comme la nouvelle Eva Peron, surnommée "la madonne des sans-chemises", souhaite devenir en tout cas la voix des exclus. Modestement, elle a demandé au gouvernement argentin de fournir des gants aux cartoneros. Pour qu'eux n'aient jamais honte de leurs mains.
Adeline BOURG. (www.lepetitjournal.com) jeudi 28 août 2008

