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NO MORE CUTTING - Des vulves de papier pour contrer le ciseau

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 9 février 2017, mis à jour le 10 février 2017

 

Alors que les Mutilations Génitales Féminines (M.G.F.) sont reconnues par les Nations Unies comme étant une violation des Droits Humains, 200 millions de femmes et de petites filles en vie à ce jour ont subi cet acte de violence pour des raisons dites culturelles, traditionnelles ou religieuses. Depuis 2014, 70 millions de petites filles ont été excisées et trois millions continuent de l'être chaque année.

Les M.G.F., contrairement à l'idée répandue, sont une problématique mondiale. Il ne s'agit pas d'une pratique isolée mais bien d'un système internationalement propagé et imposé à des enfants mineurs sans leur consentement. Cette « coutume » est également présente en Europe, aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Inde, en Indonésie et en Russie. En Europe, 500.000 femmes et petites filles ont été victimes de l'excision et 180.000 le sont toujours chaque année. En France, leur nombre s'élève aujourd'hui à 60.000 et en Belgique à 13.000. Quant au Royaume-Uni, il compte 180.000 survivantes.

Au sein des 60.000 femmes mutilées vivant actuellement en France, 11% de leurs filles ont été excisées et 30% sont encore à risque. Les mutilations génitales féminines consistent en l'ablation du clitoris et/ou l'ablation des lèvres. L'infibulation, le cas le plus grave, implique également le rétrécissement de l'orifice vaginal par la suture de ses parois extérieures. Elles provoquent des douleurs, des saignements importants et des problèmes de santé tels que des kystes, des infections, l'infertilité, des complications à l'accouchement ou des risques plus élevés de décès chez le nouveau-né.

Les expériences douloureuses de ces femmes et petites filles ont décidé l'artiste britannique Mandy Smith à lancer son dernier projet « No more Cutting » en partenariat avec Oksana Valentelis, la société de production Random Studio et la photographe Kyla Elaine. Utilisant des photographies de réelles vulves féminines envoyées anonymement par des femmes de plus de 18 ans désireuses de participer au projet, Mandy Smith crée 81 répliques en papier de parties génitales féminines. « Le projet a pu exister grâce à la confiance et à la volonté d'union de toutes ces femmes qui ont envoyé les photographies » souligne l'artiste.

Les vulves de papier sont vendues afin de récolter des fonds pour l'association « Equality Now », une organisation qui a pour objectif de supprimer la pratique des M.G.F. en une génération. « Quand j'ai commencé le projet j'ai contacté « Equality Now » qui travaille auprès des survivantes et se bat pour enrayer cette pratique car je voulais vérifier que les choix posés dans « No more Cutting » et l'angle adopté ne semblait pas trop offensif pour les personnes travaillant de près et ayant vécu des mutilations génitales. Le sujet est si délicat et je tenais à ce que le projet soit la célébration de l'union universelle de femmes se battant pour cette cause. 

L'artiste a eu l'idée de cette initiative l'été dernier après la lecture d'une série d'articles au sujet des M.G.F. dans The Gardian Newspaper. « Je ne voulais pas passer une année de plus en lisant sur ce sujet sans agir pour aider à contrer cette maltraitance » explique-t-elle. N'ayant pas eu elle-même à survivre à l'excision et en tant qu'individu britannique, elle chercha un moyen d'action accessible qui exploite ses compétences et soit valorisable au sein de sa culture d'appartenance. « La question des mutilations génitales féminines est compliquée et il m'a semblé difficile de trouver le ton juste tout en trouvant un levier d'action. L'idée m'est venue lorsque je fabriquais des roses en papier pour un autre projet. J'ai réalisé qu'il pourrait être possible de capturer la beauté, la fragilité et l'aspect unique du sexe féminin. » Après quelques mois de réflexions, d'échanges et de construction d'une stratégie, Mandy Smith a la profonde conviction que le papier « est le matériau le plus approprié pour réellement saisir la singularité de chaque forme tout en soulignant douloureusement l'idée de mutiler une zone si délicate du corps féminin. »

La collection comprend actuellement cent-onze créations. Celles-ci sont visualisables et en vente sur le site en ligne. Des expositions publiques de la collection tournent en Europe. « J'espère que cela suscitera de nombreuses discussions, prises de consciences, échanges d'information, de prévention. Je voudrais faire tourner cette exposition dans d'autres villes, agrandir la collection et soulever des fonds caritatifs dédiés à mettre un terme aux mutilations génitales féminines. » L'Organisation des Nations Unies, l'Organisation Mondiale de la Santé, les institutions et associations partenaires ainsi que toutes les volontés individuelles engagées ont pour objectif d'enrayer mondialement les M.G.F. d'ici 2030.

Virginie Houet (www.lepetitjournal.com)  jeudi 9 février 2017

Informations : http://nomorecutting.com/
www.equalitynow.org/fr 

Sources : OMS, ONU, UNICEF, GAMS France, GAMS Belgique

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Publié le 9 février 2017, mis à jour le 10 février 2017

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